Le désert et les médecins


10/06/88        


Les problèmes médicinaux n'étaient pas encore si bien cernés. On faisait des saignées au désert mais rien n'y faisait : on ne pouvait le guérir de sa lente maladie. Le médecin du Monde était étendu sous le soleil. Il dormait - il était mort en fait, mais qui aurait osé l'avouer ? Il était Sauveur et sans Sauveur, on ne pouvait être sauvé. C'était ce qu'on savait dans les salles de repos (qui devenaient pour l'occasion des salles de réflexions - de bien minces réflexions). Alors, on disait qu'il dormait certainement, pour ne pas céder à la panique.


Malgré tout un bastion de dissidents s'était créé qui disait sans détour qu'il était mort.


Dans les corridors, on disait qu'ils étaient fous. Les médecins continuaient à s'halluciner à l'aide des drogues de leurs malades.


Et le Médecin-sauveur continuait à dormir.