L'ODEUR DES NEONS

Piécette.

Personnages

Le meurtrier
Une femme
Un h
omme
Une femme
Un gardien



Le meurtrier entr
e dans le grand salon. Le silence règne. On entend, des coulisses ou d'ailleurs ( du public ? ) ces exclamations :

-"C'est un autre! Il n'a plus ce visage.
-
"Plus aujourd'hui. "

Il prend une chaise et s'assoit. Derrière lui, l.e gardien se balance, debout, sans prêter attention au gin qui se renverse. Le meurtrier allume une cigarette qu'il écrase pres qu'aussitit. Il est pour se lever lorsque l'homme vêtu d'un pardessus beige lui demande :

-" Alors, meurtrier, qu'as-tu fait, aujourd'hui?
-" Rien, homme. J'ai tu
é le Christ.

Il se rassoit. L'homme s'en va. L'autre reste.

L' homme

C'est vrai, meurtrier? Tu as tué le Christ?

Le meurtrier

Vrai. Personne ne s'en vanterait, hein? Mais moi, je ne me plains pas: j'ai fait ce que j'avais à faire.

La femme qui fume

Où vas-tu, meurtrier ?

Le meurtrier

Où veux-tu que j'aille ?

La femme qui fume

Je ne sais pas. Tu étais pour partir.

Le meurtrier ( en se tournant vers le gardien )

Demande-lui.

La femme qui fume

Il est ivre

Le gardien

Oh, tu sais ma douce - ce n'est pas men premier verre, mais c'est pas le dernier pour autant.

La femme qui fume

Et il est content.

Le gardien

Ca me console. D'une seconde sur l'autre, ça peut me consoler.

La femme qui boit

Oh, vos gueules ! J'ai les yeux brûlés, et vous n'arrêterez jamais. Pourquoi as-tu fait cela, meurtrier? Pourquoi tu l'as tué? Dis-moi, mon homme.

Le meurtrier

Le supermarché vient d'ouvrir. Les néons restent allumés, de jour qu'une de nuit. La chaleur est telle !

La femme qui fume

Il l'a pris à la gorge - il a serré évanoui. Qu'est-il devenu ?

La femme qui boit

Un démon.

Le gardien

Un elphe.

Le meurtrier

Noyé dans l'air. Et sa peau vive

La femme qui boit

Son reflet dans les néons...

Le meurtrier

Les néons du supermarché, stupidement allumés de jour.

Le gardien

Ils ont euvert un supermarché, à côté.

La femme qui fume

Ouvert, de jour comme de nuit. (Un silence.)

La femme qui boit

Alors, pourquoi tu l'as tué ?

La femme qui fume

Dis-moi, mon homme.

(Le meurtrier se lève. Au même moment, le gardien laisse tomber son verre )

Le meurtrier

Je dois y aller, maintenant. Ils vont bientôt me rattraper.

La femme qui boit

Ne te laisse pas impressionner parcelles de lumière.

Le gardien

Quand j'étais jeune, j'allais chez les bourgeois pour me faire de l'argent. Et je faisais ça, toute la journée.

Le meurtrier

Quoi ?

Le gardien

Je les tuais, toutes ces parcelles. Je les écrasai entre mes doigts.

La femme qui fume

Et ça paie ?

Le meurtrier

Mieux qu'on le dit.

La femme qui fume

Et toi, meurtrier ? Où vas-tu ?

Le meurtrier

Je m'abandonne à la route, ma douce.

La femme qui boit

Et mes yeux ?

Le meurtrier

Je t'en ramènerai.

Le gardien

Avec des lunettes.

La femme qui boit

Quand ?

Le meurtrier

Je n'ai jamais eu d'yeux, moi. Pour veir, je me suis toujours servi de mon odorat. Mais aujourd'hui

La femme qui fume

Cette odeur qui prend à la gorge !

Le gardien

La punition divine !

Le meurtrier

Sans doute. (Il sort.)


La femme qui boit

Vas-y, gardien ! Va tuer la lumière. (Il sort à son tour.)


- Fin -