Monte en lui le chant aigu
Encore indéfini
Dans un cri recueille à perdre haleine tout le silence possible
Condensé des temps anciens
Dans le jaune des blés mûrs pas une seule trace
Le pain est loin
Le pain vacant
Sillons emmêlés
Les bêches s’accordent à dire aux râteaux
L’inanité des feuilles mortes
Ingrates bêches
La terre baille
A l’Ouest que des nouveautés sur les marchés !
Un œuf en forme de cube fait fureur
Bientôt la mayonnaise sans œufs, c’est promis
Déjà sur le marché le testeur de vin qui laisse intact le bouchon
Des dives bouteilles
Soustraction des dédales
Pierre après pierre faire le compte
Ne rien trouver d’anormal
Déficit chronique des années antérieures
Le mot silence figure l’impossible
Le visage, lui, s’imprime dans le réel le plus dur
Le visage d’où émanent les mots impossible, silence,
Et tant d’autres
Ne résume rien, accueille la nuit,le jour indifféremment,
Diffère d’un jour à l’autre
Parfois ressemble à hier
Les yeux parlent plus vite que la bouche la mieux affûtée
Marées hautes, marées basses
Poulpes échouées au petit matin
Os de sèche
Collecte marine qui donne du fil à retordre aux filets les plus fins
Tamis, tamis tamise
Les mains de l’enfant dans le bac à sable
Creusent et rassemblent
Déplacent sans fin le sable fin
L’Espagne et ses châteaux donnent à réfléchir
Heaume de pierre salue l’éclair infernal
N’était le Commandeur,
Les châteaux de sable donneraient facilement le vertige
Patiemment, la main bâtisseuse les gravit
La mer toute proche mugit,
Se prend pour Elvire outragée,
S’ébroue non loin des mains de l’enfant
Un genou planté dans le sable,
Il bâtit
Tout à sa tâche, n’a cure de séduire
Faire bonne figure
Exister un peu, beaucoup, passionnément, à la folie
Décliner les offres alléchantes du néant
Les vertus n’ont plus la cotte
Les vices ne connaissent pas l’inflation
Monnaie de singe à tous les étages
Poudre aux yeux
Châteaux de sable
Il faut choisir
Bâtir seul compte
L’enfant n’a pas des pieds d’argile
Agile-habile, il habite le ciel quelques heures, quelques jours
Puis revient s’asseoir dans le bac à sable
Le travail peut commencer
Ce n’est qu’un jeu d’enfant plein de gravité
Jean-Michel Guyot
27 octobre 2014