Péloponnèse, tu sais
comme nous avons eu des dents de diamant,
ensemble, comme nous nous ressemblions
écartelés, comme nos bras
couraient après des chevaux mécaniques
en tremblant.
Tu sais cela mais ça n’a pas d’importance
dans cet espace qui est un festival de sueurs.
Peu importe, Péloponnèse. Tu sais
que le vide n’habite que ceux qui l’inhabitent.
Et moi j’ai un cancer pour me sauver. Tu sais,
en t’écriant "glou glou",
qu’il y a des lignes droites dans le ciel
qui dessinent des traces perdues à
quarante-trois ans de distance.
Je dois dire que la mort me rend indifférent.
Je peux te débiter mes rires, Péloponnèse,
comme des tronçons de cadavres qui expriment
(enfin il faudrait dire : expliquent)
tout l’amour humain avec des flèches
en forme d’arc. Des corps
en forme de victimes. Un charabia
qui ressemble à un testament. L’amphore
où toute tête est dénouée. Nous sommes des lacets
perdus par le sommeil des pieds incandescents.
Nous sommes l’horizon dont rêve tout écrasement.
Nous vous aimons. Nous vous aimons. Avec
l’arc noir, chérie.
Nous vous aimons. Et nos supplications sont impossibles
à cause des textures du silence. Nous vous entendons.
Mais nous ne tenterons rien. Ni vous perdre.
Nous sommes principalement intéressés à la peinture.