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Article publié le 29 novembre 2014. oOo C’est folie, ce charroi Aubépines en fleur Sureaux chargés de fruits Je traverse la saison sèche La soif aux lèvres * A la pointe sèche Dans le cuir, dans l’écorce encore tendre Dans le sable mouillé Dans tout ce qui s’offre aux signes Partout où des signes affleurent Je fais mon miel * L’automne émeut encore Sa polychromie me plaît L’emporte sur toutes les mélodies jadis aimées Une harmonie fluviale se détend, Ne s’étale pas, ne déborde pas, Borde les contrées proches S’insinue jusque dans le bleu des yeux * Aucun émoi apparent La puissance reste bien visible Mais pour en faire quoi ? Questions d’hommes que la nature ignore Ce mot est pauvre, tellement pauvre Il ne comble pas le vide laissé par les hommes après leur passage Non pas vide de sens, mais vidé de toute substance Les ravages de l’industrie, eux, laissent des traces durables L’eau brûle Et ce pauvre mot nature ne dit rien d’une puissance Qui n’exerce aucun pouvoir Sinon d’attrait, de villégiature Un mot pour touristes qui prennent un bain de sauvagerie Un mot parmi d’autres Alors qu’en lui devrait rayonner toute la puissance du verbe Appuyée sur la puissance élémentaire Sans clin d’œil à la nature dénaturée, La nature nazie, La soi-disant raison du plus fort d’un darwinisme dévoyé Forgé par les voyous de la pensée * Les mots ricochent sur les choses Une chance pour les mots
Si l’automne n’était qu’un mot, Il serait bien pauvre En quelques mots, l’homme déclenche des cataclysmes, certes Ces mots-là, ces mots sales Ne s’adressent qu’aux hommes Ils ne ricochent même pas Ils enfoncent la mort dans le cœur des hommes Des femmes leur emboîtent le pas Peut-on leur en vouloir ? Pourquoi seraient-elles meilleures que les hommes ?
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L’hiver est venu doucement cette année Instable, il est vrai Il va et vient Insinuant comme un déclin annoncé qui ne vient pas
La chute brutale des températures, c’est autre chose, enfin Une franche rupture, une absence de frontières Les flux ne circulent plus, Ruisseaux, étangs et flaques se figent dans les glaces Le fleuve s’ébroue, regimbe, Les rivières résistent inlassablement Pris dans les glaces enfin, Le fleuve coule en profondeur Les rivières s’apaisent La débâcle n’est pas pour bientôt, La victoire du froid est totale
C’est un recommencement absolu Une vacuité nouvelle, Aimée, Ancienne, Une vie à l’œuvre, Un sursaut, Tout cela lié à la blancheur des neiges Noirceur vive des arbres nus En dit l’amitié, la nécessaire présence Avant tout feuillage Avant toute renaissance
L’hiver est une naissance
Moment où le froid s’installe pour de longues semaines A pas lourd alors, le feutre des neiges, Comme si la neige marchait sans jamais se mettre en route, Marchait et marchait à pas feutrés dans le dédain d’hommes et de femmes Par trop attachés à la joliesse des étés trop courts
Qui, hormis nous qui aimons le soleil et ses bienfaits, A la nostalgie de l’hiver Quand la fournaise estivale nous écrase ?
Folie des neiges Les lourds flocons avalent des silences L’épaisse couche de silences poudroie Là-bas en Suède, Je te vois sur le lac gelé, Encapuchonnée, chaudement vêtue Visage concentré sur le trou que tu ménages dans la glace Pour trouver l’eau poissonneuse Bientôt la ligne, bientôt la prise Retour dans le froid intense Jubilation de l’œuvre accomplie Repas et repos Belle et rude journée
L’hiver Tourne dans l’air vivifiant La chaleur du poêle est si bonne Qui se perd dans le froid
Jean-Michel Guyot 26 novembre 2014 |
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