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Bourdon sur les bégonias |
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![]() oOo Que le bourdon au son lugubre est joyeux pensait-il car lui était un tant soit peu joyeux. Disons un petit peu. Allait-il bourdonner lui aussi dans ses rideaux contre sa vitre et bourdonner lugubrement ? Un bourdon dans les bégonias sur le balcon qui tremble sur sa tige fredonne un air lugubrement et semble en joie. Il hésite sur le clavier de l’air et prend son pied lugubrement. C’est ça qu’il pense il prend son pied lugubrement. Il pense donc que le bourdon c’est comme il pense. La pensée bourdonne sur les bégonias des mots dans les rideaux la joie flairant son deuil et son excitation. Le bourdon est plain-chant pense-t-il et sa joie c’est d’écraser ici l’insecte de sa joie. De se piquer au jeu contre les bégonias de sa pensée qui est le balcon sur sa tige et son fredon lugubre et son excitation. Il voit d’ici une prairie et un grand corps offert aux bégaiements des mots de ce corps en bourdon pris dans les plis malins et vicieux des rideaux. Il se cogne contre la vitre de. Contre la vitre. Il se. Contre la vitre. Contre sa pensée.
Musique notée par fainte, avecques faulx bourdon de maleur
Charles d’Orléans (cité par Littré) |
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