L’enfant mort-né, il dessinait
des silhouettes mal-formées
sur une palissade grise
que soutenait le sol sans joie.
Une première silhouette
assez hideuse ressemblait
à un archer des temps passés
tué par ses pairs, au retour
d’une bataille désastreuse
qui serait la fierté absurde
de séries de générations
à l’ère du téléviseur.
Une autre silhouette, nue,
aurait également pu être
un archer déguisé en mort
que personne n’a regretté.
L’enfant mort-né hurlant riait
face à la mort mal déguisée
en des légions de spectateurs
qui attendaient, craintifs, la suite
de la série achevée avant même
d’avoir été rien qu’un peu esquissée
à même la fragile palissade
où le gamin voyait un exutoire
idéal et honni. Pourtant,
il poursuivait sa fresque idiote
avec une autre certitude.
Un archer ignoré de tous,
près d’un rocher, rongeait un os
qui n’avait plus d’appartenance.
Et, mangeant l’os, il regardait
le spectateur qui regrettait
le miracle de la naissance
et les figures rassurantes
que gravent nos aînés, bien morts,
pour nous dicter notre conduite.