Je marche sans marcher, me regardant marcher loin de mes pas
Ombre portée par un regard
Clin des eaux figées
Une branche morte s’avance, rude
Cassante, la langue qui déjoue le fil des jours
Défie l’oubli
*
Ecrire pour se souvenir ?
Mais ce serait trop simple en regard de ce qui s’offre à dire
Ce qui se dérobant s’offre à la venue d’un regard droit
Droiture qui affronte le non-dire
Pour que le dit qui toujours déborde
Aborde les rives inconnues
*
J’ai souvenance d’une après-midi de juillet
Dans le jardin enivré
Le bouquet de fleurs de luzerne offert à ma mère
Si jeune encore
Je n’y voyais pas alors les graines brillantes
J’ai vu la lueur de joie fine dans les yeux de ma mère
J’ai senti mon cœur se gonfler de plaisir à l’idée de cueillir ses simples
Pour elle
Senti dans mon bras tendu la force du don
Jean-Michel Guyot
6 mars 2015