Extrait de [L’oiseau aux oiseaux...]
tu n’es qu’un personnage de roman
à ce titre je te méprise
je te méprise du haut
de mon trône poétique
Mais y a pas à dire, vieil homme
ton vin est le meilleur des vins
celui qui m’aurait manqué
si je ne l’avais bu
à ce titre je t’aime comme un frère
je t’aime comme une bouteille
comme un bouchon qu’on fait sauter
je te préfère au ventre de ma mère
je t’offrirai la cervelle de mon père
et le clitoris d’une de mes sœurs
parce que je t’aime
pêcheur de mort
pêcheur de rien
je t’aime je t’aime je t’aime
je voudrais te le chanter
mais je n’en ai plus les moyens
je t’offrirai un poil du cul du grand Bouddha
si j’en avais un sous la main
mais je dessoûlerai un jour
pour t’en rapporter un
du fond de cette contrée inexplorée
dont j’ai oublié le nom
mais à quoi l’humanité doit quelque chose
quelque chose quoi je n’en sais rien
quelque chose d’important
pour l’esprit ou le corps
peut-être pour les deux
pour les deux ce serait mieux plus complet
ça en augmenterait l’intérêt
je n’aurai pas fait le voyage pour rien
risqué ma tête et mon nombril
parmi les tribus sauvages
les mangeurs d’hommes et d’oiseaux
les amateurs de pendentifs
les broyeurs de cervelles
réducteurs de têtes
coupeurs d’oreilles et de testicules
marcheurs à pied et à cheval
marcheurs sur l’eau
nageurs dans l’eau
taupes dégoûtantes au regard de nymphomane