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 Article publié le 26 avril 2015.

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Il faut à la figure la figure anémiée de l’ange défié
Défi à relever dans le sans cesse de l’ascendance

La parole ascendante s’envole des tréfonds
N’atteint rien qu’elle-même dans le froid intense
N’attend rien que cette atteinte sans fond

Quelques volatiles bruissent dans les airs
En pure perte
Leur riche plumage ne fait pas illusion une seule seconde
Pourtant voilà maintenant quelques siècles qu’ils occupent les cieux

L’arc-en-ciel, c’est autrement plus excitant
Mais il faut faire avec les couleurs que l’on a
Si pâles soient-elles, n’est-ce pas ?
L’ange défié convient à merveille à ce jeu ancien
Jouer à cache-cache dans les brumes insolites
Donne beaucoup de joie

La figure de pierre respire le bonheur
Elle nous ressemble, au malheur près

"

Il se targuait de savoir lire entre les lignes
Elles aussi lui échappaient à leur manière
Dans la franchise des jours sans blé, sans pain, sans rien
Sans rien du tout que ce tout si prometteur
Vrai tour de passe-passe dialectique
Merci, camarade Staline

Qu’une fleur maligne paraisse
Pareille à un arbre à l’essence inconnue, indésirable de ce fait
En plein milieu des labours de sinistre mémoire
Les cadavres servaient d’engrais en ce temps-là

Le peigne du ciel accroche les cheveux de l’aube
Arrache un cri, un seul, à la belle enfarinée
Pierrot Lunaire n’a qu’à bien se tenir, il ne fait pas le poids
Face aux croquemitaines qui abondent dans les campagnes françaises

Quelques gendarmes à vélo battent les campagnes de la France occupée
Nouent des liens savoureux avec les populations locales
La méfiance est de mise, tout le monde se sent coupable
Ne saurait dire au juste de quoi, mais quand même
Il faut faire attention, ne pas se faire remarquer

L’intense modulation monte de la flute
L’air vif ondule
Gonfle, enfle, gagne les blés nombreux
Ventre affamé craint l’eau froide
Aucun faune à l’horizon
Et les bergers de l’être ont depuis longtemps rejoint les rives heureuses
Quelques satyres s’ébrouent dans le bleu

L’or des boues, l’argent des grands de ce monde
Le vil plomb chargé de calcium charrié par les eaux vives captées
Splendeur érotique du bain romain à Bath l’antique
Instrument fécond de pacification romaine

Nous ne baignons pas dans les eaux celtes romanisées
Quelques hardes laissées là attestent que quelque chose de l’ordre du déjà vu
Influence durablement la mise et le fond de l’air ambiant

"

La parole sans fond s’absente dans les cris
La lourde barque se met en branle sous l’effet des bras savants
La lourde barque des écrits sanglants fonce droit sur les crimes sans nom
Emporte dans son minable sillage la mémoire de peuples entiers

Ce n’était qu’un exutoire, une bagatelle, après tout
Rien de grave, je vous assure, Monsieur le Juge
Une belle vilénie assénée à l’opinion qui fait tache encore, tu veux dire,
Ignoble salopard

Massacres planifiés du printemps en divers lieux
Rondement menés sous la houlette zélée des grands gardiens de la race,
Ces éleveurs de moutons bêlants qui crient au loup
La vaste bergerie se perd dans les cris étouffés

Où que j’aille, je ne vois que semailles
La farce continue, toujours aussi féconde en rachats
Le statut de la parole est à réinterroger sans cesse

Magma d’ordures vitrifiées
Hiroshima partout encore

Les lèvres bleues n’en peuvent mais
Il faut mordre dans le fruit amer
Le froid, aussi, est mordant
Vite, vite, apprenons la mort sans peine
En dix leçons, c’est fait
Elle est si facile à maîtriser,
C’est la langue universelle balbutiée partout dans le monde
Véritable sabir des temps anciens et modernes

L’ange sourit, accroché à sa cathédrale calcinée
Un vague air de reproche flotte dans les yeux du public avisé
C’est qu’il ne faut pas toucher aux symboles sacrés
Sous peine de vives blessures d’amour propre
Pourtant, les squelettes de la grande guerre mènent la ronde
On entend dans la plaine le bruit sourd du canon
La victoire est proche
Les baïonnettes rutilent
Quel beau spectacle sans fin !
Les corbeaux s’en délectent

De vive manière parer au plus pressé
Dans le ressac des tourments
Nager à contre-courant donne de la force
La force de s’opposer au pire
Toujours embusqué au détour des allées claires
Flottant dans le vague amour des sourires mielleux
De l’histoire en marche, cette vieille ganache emplumée
Qui crachote et bavoche
En piteux état, la vieille carne
Il se trouve encore quelques imbéciles pour croire aux grands hommes
Il faut les passer au fil de la mémoire
En faire de la bouillie sonore
Et bâtir

Jean-Michel Guyot
20 avril 2015

 

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