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Article publié le 3 mai 2015. oOo Il regarde et se tient sur le seuil. Quel seuil ? Il regarde l’avion du ciel qui passe dans du blanc. Une prairie bourdonne au loin. Ou c’est un lac avec un bruit de rames dans des draps. Une nappe soutient la brume sur la table quand il est entré. Il est entré dans la maison. Quelle maison ? Miroir écrit le fond est le fond sous la main. Il regarde le mur. Quel mur ? Assis se voit sur le mur voit ses pas son chemin qu’il devient. Quel chemin ? Il respire la vue le bruit l’odeur la chambre écarte une fenêtre avec des mots de chair avec la chair des mots écarte l’horizon. Quel horizon ? Regarde au bout des doigts les doigts de tout le monde qui sont ceux du monde. Quel monde ? Il rêve c’est certain c’est la réalité. Quelle réalité ? Il rêve son espace l’angle plus aigu à écarter de force abandonne sa force. Quelle force ? Un fruit tombé de l’arbre cette force nue la surface d’un drap étale sa raison. Quelle cette raison ? De vivre sur ce seuil qui est sa vraie maison le mur de son chemin son dossier d’horizon. Quel seuil ? Pense-il souriant à l’arbre qui le prend sur lui depuis la berge. Il pense à une barque de ce va et vient de lui à l’arbre en face. Il sourit à l’avion du ciel à sa vitesse interminable qui raye ce bleu faisant le pied de grue. Il regarde les longues jambes d’incendie effleurer les parois de sa chambre et déplier de longs précipices charnus marquetés d’éphélides. Il regarde aux genoux cette réalité qui marche tourne et passe entre deux reflets d’arbres comme une montagne. Quelle montagne ? Celle qui loge dans la vague qu’il regarde avec la joie d’un deuil sans tige sans rien que des feuilles. Il se voit en moisson et l’herbe de ses doigts lames de fond et faux. Il regarde bouger l’instant inachevable de ses doigts qui choient au plein de son image qui n’a pas d’image qui n’est qu’un portrait. Quel portrait et de qui ? N’attend nulle réponse n’attend que ce rien. Attend tout est attente comblée de ce rien qui bourdonne de seuils franchis de loin en loin.
Le maitre quitte son bureau et va s’habiller.
Robert Pinget(L’Apocryphe) |
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