Hier, me promenant,
je suis allé à la mairie
pour faire pipi.
Car les pissotières
de la mairie
sont sur mon chemin.
Et qui je rencontre ?
Mais Sal O’Par !
Secouant sa petite main,
il est radieux,
non pas grâce au plaisir
qu’il en tire
mais parce qu’il vient de recevoir
sa médaille.
Il ne l’a pas sur lui
mais si je veux la voir
il m’invite chez lui.
On entre chez lui.
La médaille est dans son écrin
et l’écrin est posé
sur la table de la salle à manger
qui sert de salon.
Pendant que Sal O’Par
prépare le pastis,
je me laisse envouter
par les doux reflets
de la médaille que l’État,
et peut-être même la Nation,
accrochent sur le sein
de ce vieux salopard.
Même son pastis est sous dosé…
Dehors, le soleil brille
comme il n’a jamais brillé.
Je devrais être fier
de connaître un héros
du service rendu
mais je suis fier d’autre chose.
Je ne peux pas être fier
de tout ce qui m’arrive
et surtout de ce que je n’ai pas souhaité.