La poésie est une mort provisoire
L’idée ne m’enchante pas
mais ce matin c’est mon idée
et je la suis comme si je savais
qu’à la fin c’est elle qui meurt
Je n’en suis pas si sûr
Je me trompe si souvent
à propos de la Poésie
Ce qu’elle est
et ce qu’elle n’est pas
Ce qu’elle donne
et ce qu’elle reprend
Petite mort d’un instant
puis le mort se réveille
de son sommeil de plomb
ni chaud ni froid
encore mort mais entier
pas décomposé du tout
sans odeur maléfique
juste un peu froissé
il a manqué d’eau
et la peau a séché
comme une flaque
elle a séché laissant
la poussière faire
ce qu’elle veut
de ses dix doigts
Puis enfin ce qui devait arriver arrive
La Poésie meurt de sa belle mort
et je reviens d’où je suis
par le même chemin
reconnaissant les choses
qui sont toujours à leur place
comme si la Poésie
n’avait pas d’effet sur elles
C’est d’ailleurs ce qui m’inquiète
qu’elle n’ait d’effet que sur moi
même su ça ne dure pas
Il faudra que je me repose la question
si je réussis à mourir encore
ce que la Poésie ne me garantit pas