Foudre, coups d’éclats
Sur l’enclume d’argent des nuages
Qui vomissent la fulgurance
Forge électrique
Le ciel-miroir n’en reflète rien
Exprime, explose, puis retourne à sa masse indolente
Horizon bouché, mais voix grondantes
Cerfs et biches, de bond en bond, rejoignent l’humide des sous-bois
Pas lourds de l’orage dans la grisaille du ciel
Pluie lourde
Accompagne le lent charroi du cœur dans le corps du marcheur raviné
Sueur aux tempes, exaltation refroidie convertie en marche forcée
Volonté forcenée d’aller au bout du bout qui disparaît à chaque halte
A travers les hauts fûts la lumière riante
Un fin sourire sur les lèvres du marcheur salue la quête indéfinie
Qui chemine en lui
*
Pulvérisé le rocher
Broyée la plaine humide
Dolmens et menhirs vivent leurs derniers instants
Les clochers bientôt y passeront eux aussi
Les joncs pavoisent une dernière fois, à bout de souplesse
Une fournaise marine approche
A l’autre bout du monde, une mangrove ne s’en remet pas
Place au sel brûlant, la houle s’affole
Une dernière fois nager comme l’alligator
Dans les hautes branches, un souffle déjà emporte
Noire ou blanche, la marée détruit l’essor
Il nous faut quitter les hauts plateaux d’argent
Rejoindre les montagnes nues puis les cimes enneigées,
Broyer les sentiers, faire disparaître toutes traces de notre passage
Hiverner jusque dans l’été importun
Savourer une pluie froide, plonger les mains dans les neiges
*
Les eaux du lac frémissent, la barque légère fait merveille,
Fond plat pour mieux épouser la surface, ne jamais la fendre
Pas de sillage écumant, la profondeur reste intact,
Mais que l’air vif est pénétrant !
Jean-Michel Guyot
7 août 2015