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D'or et de feu
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 Article publié le 9 novembre 2015.

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De l’or
De l’or fondu
Fondé sur le silence
Mais alors jamais froid, toujours fondant, grondant et brûlant
Sous les langues de feu de ce désir-là
Qui soulève les collines

Ne vouloir emporter avec soi qu’un silence
Un maigre secret, un trésor abyssal
En forme de coin
Et les faire éclater, sans honte, sans remords,
Les ombres qui s’attardent aux roches

Comblées, elles ruissellent,
Pailletées d’or,
Aux ombres mêlées des grands défunts de pierre
Qui leur font de l’ombre
Les mousses en frissonnent d’horreur,
Retiennent ce qu’elles peuvent
De cette pluie d’or fin
Qui en passe inlassablement par le tamis des ombres mauvaises

Le silence est d’or, la parole partout et nulle part
Partout refondue, aliénée en fringants lingots
Qui dorment de leur mort dans les galeries de Genève
Et d’ailleurs
Et partout dans les mondes peuplés d’âmes replètes

Les dents arrachées crient le supplice asphyxiant
Rejettent pour toujours le silence
Exigent haut et fort les vertus agissantes de la parole
Plus haute que l’or

Défi d’orfèvre jeté en pâture au silence
Obstination proliférante
Rejet absolu, radical de toute main mise
Sur le feu des forges

Toute la parole trébuche devant le trône de justice
Annone, balbutie, tintinnabule
L’or massif de sa mise inspire le dégoût le plus profond

Le fer de l’air, qui le portera à incandescence ?

Le juge canaille est heureusement condamné à avaler son poids en or
Les prélats véreux se voient lourdement lestés d’argent,
Puis jetés au fond d’un puits
Le peuple tient parole, il y tient,
Unanime désir d’en finir avec les puissants de ce monde
Qui n’est pas le nôtre
Et pour cela, face à face, dans un dédoublement contagieux,
Régurgiter la parole honnie
Faire jaillir de l’antre féconde la parole d’Ali
Sésame, ouvre-toi !

Non loin, le Rhin agonise
L’anneau magique au doigt de la belle scintille de mille feux
Prisonnier dans sa gangue d’or, le dragon fulmine

La salamandre amie renouvelle le feu des eaux
Jette sur le monde le regard neuf
De la parole pour tous
Elle ne cesse de fondre sous les langues
Comme sucre dans l’eau

Ni le plomb ni l’or ne nous suffisent
Il nous faut la métamorphose
Du dépouillement le plus extrême
A ce prix seulement fleurit la parole
Qui tient lieu

Orfèvres en la matière, quelques vidéastes
S’aventurent dans les mots
Des poètes font du cinéma
Les arts copulent joyeusement
Les correspondances fécondes abondent
C’est le grand chahut, le grand barouf,
Jamais la cohue ni le chaos

Tamisée, la parole ruisselante

D’or et de feu,
La forge agile perdue dans les bois
Samja veille,
Ourdie une prière au chêne puissant
De sa flûte émane une plainte heureuse
Ses cheveux rouges ondulent
Les runes dessinées sur ses bras dansent dans le froid intense

Si femme il y a en ce monde,
C’est elle,
De pierre,
De bois et de chair
Les paillettes d’or dans le brun de ses yeux
Achèvent la métamorphose
La parole jaillit,
Sertie de silences,
A elle confiée dans le souffle de Freyja

Leipzig exulte, entonne l’Hymne à la Joie,
Chanteurs et chanteuses ont tous le sourire aux lèvres
Je marche seul dans Berlin désert
Je suis de tous les temps
Moins un

 

Jean-Michel Guyot
4 novembre 2015

 

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