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Avec l’arc noir de Pascal Leray
Un espace kantien

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 Article publié le 10 juin 2006.

oOo

Où veux-tu t’engager, toi qui as la ressource de nos engagements ? Nous retournons au brinde-zingue, au seuil, où Kant nous y laissait, dans son isolement.

Dans l’espace-temps. Et ce serait d’une amertume sans précédent que je te paverais. Ma peau n’a pas de direction, offrir, mais pour dire vers, que faut-il démonter — à toi d’user les cordes maintenant, les cordes qui nous tiennent.

Comme corps. Dans l’avertissement, dans un paysage furieux. Ce n’était plus le même, plus le même.

Il y a qu’élastiquement, nous avons balancé. Et ce qui était élastique et même, plus que cela, nous l’étions, mais autre chose vivait et qui se rendait difficile, à déplacer —

Une entreprise. Le tout premier conflit s’avère la conséquence seulement directe des bazars consécutifs. Renvois d’ordures. Déjections projections, programmes.

Le difficile est ce qui reste — une mauvaise théorie. Percevoir n’est pas notre première rembarde. Agissant, c’est nous-mêmes que nous agissons. Nous sommes en lutte —

 

« CONTRE L’ESPACE ! »

La dimension rudimentaire est une becquesse.

Que comprenait ta main au moment où tu l’as posée ? Et sur quel — état de table tout d’abord ? Le bois lisse — lissait, lissait encore — les seuils, pour dire comme Celan.

Affectés comme tout ton temps peut-être, les ré- le retour maintenant, le retour. Plaquisme avancé. Noir. Oeil sûr.

Il faudrait y danser, ce qui serait étrange... abusif, on n’y aurait aucun allié, et dans l’aliénation oui, des mutations et dans ces mutations des changements donc oui.

A : Que le temps est clair !

Je marque que la journée avançait. L’espace aidant. L’espace aidant, je rentrai. La journée avançait, et le ciel était clair. Précisément. Le temps, la rue, la journée avançaient. Très calmement, peut-être, pas par seuils, comme eut dit Celan — par vrappes peut-être. Oui des vrappes qui nous clarcissaient.

Clarcir n’est pas étrange. Contre le temps.

Et aboutir à endiguer, l’espace d’abord par plaquettes, des plaquettes bien étranges — le rendement fut, serait extraordinaire. Propos de spécialistes de l’espace, nous comprenons. Nous vous comprenons bien.

Et circuler à même les plaques. Je ne résouds de rien.

Au temps change, rien n’y change. Pas ironiquement. Le tramway bouge dans une zone de dépression circule-t-il pour me faire boire cru ?

Je ne l’aurais jamais pensé. D’abord, et puis le circuit quotidien vous savez, l’aspect même de toutes ces maisons — et un jour je crus les rendre rondes ! drôles... — et le matin, encore, donc : il y a eu, il reste à déplacer.

Nous n’obligeons personne, déplaçant. La veille des structures régnaient. Elles étaient belles. Elles avaient de puissants segments et des angles, des angles puissamment articulés. Pratiques formelles que nous aboutissions sur l’espace digéré. Le temps.

Calme de ta présence maintenant. Il y a eu une relative mobilité, relâchement. Au point où tu as eu su, comme des formes, tout comme des gens. Tu écoutais. La chaise.

Et comme on reste. La porte c’était ce qui claque et la violence de ces murs, non seulement sépare, mais encore encore l’enjeu donné, donné.

 

« LINGUISTIQUE GÉNÉRALE »

Le « t » que tu prononces, ou celui que tu prononçais, hier, où t’emmène-t-il ? Où donc est-ce qu’il t’emmènera ? Tu ne sais pas où tu étais. Alors comment aller ? Marche, tu es comme un imbécile avec tout cela, non seulement en tête mais proche de la lèvre qui, en devient plus lourde, et marche : tout le « t » que tu prononceras, dans des formules voisines, débiles, dans un rapport de forces distributionnelles, dis-tu, et encore bien ancrées à ce qu’il semble, pour que ça fuse de la sorte ? Horreur d’une série de syntagmes, non, que tu as prononcés, où un seul élément était substitué. Quelle horreur ! Oui, horreur de ces formes que tu as « utilisées », et dont tu cherches à dégager l’impact... formules voisines... et dans des rapports de distribution... et encore... Et --- Quelle horreur ! Un seul mot — un syntagme — était signe, était phrase : violence, disais-tu, à rencontrer les gens et pour les soudoyer... marave, disais-tu ? Ecrase donc cela.

Sans doute que la logique de ton énonciation est faite de phrases, plutôt que de phonèmes. Oui et parfois tu cherches tes mots, tu cherches tes phrases et l’on entend alors ta grosse respiration plutôt que ta voix qui était sonore. Or, tu as peut-être eu tout mis sur le sonore (sur le plan du sonore). Le sonore est un drôle ! On ne s’y connait pas... Il tremble de la toute mire de la prunelle, comme on disait. Et ce qui distribue, qu’est-ce que c’est ? Une distribution, qu’est-ce que c’est ? Voyons : tu es dans une situation particulière. Tu creuses des puits au Nigeria, sur un sol instable tu effectue des gestes inutiles ; de retour en Europe tu te jettes contre un mur soit pour le démolir, soit pour te fracasser le crâne. — Ce n’est qu’empiriquement que l’on pourra déterminer les causes régulières de ton suicide. Permettez-moi cette métaphore : la mort est une ponctuation globale, respiration arrêtée -----

Tu es ailleurs, immensément aillleurs et drôlement, tu poses ta main sur quelque chose comme corps, et désormais il y a quelqu’un qui se tourne vers toi, comme si toi-même tu avais eu appelé. Ce qu’on appelle la communication : des yeux se meuvent, des bras font des gestes dont le sens t’échappe, et tout le reste se tient. Tu as dit quelque chose ? Mais alors quelque chose, non, ne t’a pas échappé, t’ensemble, et tu intègres ce phonème qui lui-même t’intègre. — Tu serais alors, comme fut Martinet, le suprasegmental global du phonème que tu fais, et c’est toute phrase que tu articules, tout ton discours même, qui tiendraient là-dedans. C’est en cela que tient la communication que tu as eu eu eue tout à l’heure, là, avec une personne qui, de plus en plus, a eu eu tendance à entrer dans une sémantique spécifique, lourde pour vous de menaces car elle mettait en danger votre, comment dire, transcendance communicationnelle à tous deux ? Ce serait horrible, alors, car il te faudrait surenchérir, il vous faudrait bientôt imposer à tout votre entourage, qui sans cela eût été votre seul recours, une masse globale de signifiance épouvantable, pour la déverser de par le monde ? Comme on sème, comme on égrène ? Travaille, travaille, et l’on comprend, dès lors, que vous vouliez tout insulter la guerre ! souligne votre effort.

Tu es dans un champ de maïs comme maintenant tu comptes des brins, personne ne regarde, tu entends, attentivement un avion passe, droit au-dessus de toi il dessine une ligne dans le ciel.

Tu comptais les brindilles de l’herbe un peu jaune déjà sous toi et tout autour, comme un grand cercle monde, ta réception motrice te l’indique, ta réception motrice mais est-ce qu’elle ne se moque pas de toi ? Tu te souviens du lieu où tu étais resté — le lieu n’importe pas, il y a autre chose que charriait ta réception motrice, là, tout à l’heure, et qui n’y était plus ensuite. Aussi tu mal de crâne, et tu en trembles — pour qui trembles-tu ? Vois le lieu historique où tu devins si singulièrement ton propre spectateur. Tu en es à la quatre-cent vingt-deuxième brindille.

Tu parcours le trajet au signifiant brindille ; ce n’est jamais le même. Alors, parcourant ce débile signifiant tu développes une méthode. Tu nettoieras tous les niveaux de ton trajet — rejetant au niveau supérieur ce qui te semble dépasser, ou tendre vers de hautes sphères : au niveau inférieur, toute la désolation d’un paysage statique, en végétaux, pierres et insectes. Et de la pierre au sable ? Non. — Tu n’iras pas au bout mais tu étais parti de la brindille, comment la trouves-tu ? Tu t’endors sur un sac de brindilles.

Le sommeil t’apportera les rêves que tu ne pouvais pas ne pas attendre. Particulièrement, tu examines cette brindille-ci : elle a produit, dis-tu, la nuit en toi[1], une floppée d’associations, et des choses charmantes, un fleuve de chainons associatifs, qui te tiraient à eux dans tous les sens, en sorte qu’à la fin, tu ne sais plus si tu as eu vu ou entendu ou prononcé cette brindille. Peut-être — ce serait absurde ! — l’as-tu entendue, hein ? Ah ? Hein ? — Ah, ah... Et peut-être, même, que toute cette brindille, ce n’était qu’un paquet ? Comme tout ce rêve, d’ailleurs... Un paquet de paquets. Tu te réveilles dans un igloo, ici la communication est difficile. — Froid est l’hiver, et rude le climat. Tu as alors rêvé peut-être d’un climat équatorial, où la forêt était humide ; et tu as conversé avec les arbres ! les cailloux ! les huttes ! Les habitants ne t’adressaient pas la parole.

Alors tu as eu prononcé un mot. Toute une phrase, dans ce contexte. Tu as donné ta parole, en somme, tu t’es bien engagé en effet ; tu as dit — une « saloperie », détente. La chaîne prosodique que tu as eu exécutée, tu ne sais où elle va, ce qu’elle a exprimé est une blague, n’existe pas ! Le sort fait à la discrétion de l’unité, depuis la réaction fatale de toute ton organisation psychique, à ce mouvement de tes lèvres, serait bien malheureux — en danger, en question ? Serait ! L’hypothétique s’aggrave... Si c’est sa discrétion qui est en cause, c’est qu’il y a — pardonnez la métaphore — hémorragie, et de sacrés emmerdements s’ensuivent. Et par paquets encore, dans une distribution qui devient difficilement gérable. Quand on vient à y penser, on ne peut que se dire que toutes ces valeurs s’entretueront, quand elles auront conscience des inégalités qui les animent, et l’on voit déjà les dégats terribles qui en découleront, de l’ordre de l’humanité, par une concurrence furibonde des systèmes de signifiance, mais ils ne seront que séries, et séries de séries, qui ne finissent pas — croisées ou imbriquées, disloquées et réduites, fusionnées, condensées, empiriquement à travers d’autres séries que peuvent ne jamais entrer en relation mais qui, dans la mesure où leur mise en relation est au principe de tout ton langage, ne peuvent en aucun cas être dites « parallèles ».

Pascal LERAY



[1] Et qui pourrait savoir ? Comment irait-on vérifier ? Pauvre salaud...

 

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