L’impératif est une structure très intéressante quand on y pense. Voilà qui a occupé mes pensées de ce matin, vers cinq heures et demi, six heures. Car il y a deux ordres dans le langage qui sont la représentation et l’action. La représentation occupe le vaste catalogue du lexique et une frange de la deixis. La structure linguistique du langage d’action est somme toute assez réduite, puisqu’elle n’occupe qu’une portion de la deixis : le présent, qu’elle partage avec l’ordre de la représentation ; l’impératif, forme étroitement liée à l’action. Ainsi que toutes les formes phatiques (« bonjour ! au revoir ! »)

Pour le reste, l’action relève de la pragmatique, donc du discours et non de la langue. C’est très asymétrique (l’impératif est, dans la conjugaison, une série défective qui exclut par principe « l’absent du discours »). Et ça fait tout l’intérêt de l’impératif. Le poème, c’est certain, noue une relation cruciale au langage d’action Mais quelle est la phrase la plus caractéristique du langage d’action ? Je la décelais ce matin, vers six heures et quart : « Casse-toi connard ou je te mets une tawar ! »

La rime ne laissera aucun lecteur insensible, j’en suis convaincu.