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Dictionnaire Leray
DOUTE
[E-mail] Article publié le 17 juillet 2016. oOo Le doute apparaîtra sur scène comme un être fantomatique, d’une laideur sans commune mesure, au visage décharné, d’une stature maigre et osseuse. La foule des spectateurs autour de lui se bousculera en riant pour le regarder. Des cris d’horreur aussi, des gens qui se reculeront, beaucoup de femmes, qui crieront à le voir précisément – et parfois, qui s’évanouiront. L’attraction des spectateurs, mêlée de dégoût et aussi de haine, sera le moteur de la valse chaotique qui jamais n’atteindra l’être, pantelant et comme aveugle, ou perdu, qui agit désordonnément, arraché à un autre monde. La danse solitaire du doute, telle une pantomime isolée parmi un ballet de spectateurs, donnera à penser qu’il y a là superposition de deux mondes, ignorants l’un de l’autre, et comme incapables de communiquer. Une ambiguïté persistera pourtant, comme à cause de la peur des spectateurs engagés sur l’estrade, qui paraissent intrigués et amusés mais malaisés, surtout –- ce qui semble se retrouver particulièrement dans leurs rires, très brefs, arides. Tout se passera comme si on devait éviter de toucher le doute, comme si l’on soupçonnait un risque de contagion à son contact ; celui-ci, pourtant, ne sera jamais confirmé. L’ambiguïté se tiendra, entre une ignorance pure et simple et un évitement systématique et maladif, entre les spectateurs tordus et à l’étroit, et le doute intangible, trop présent, flottant autour de chacune des personnes présentes, sur une estrade délabrée et tapissée de poussière noire. |
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