La littérature est le seul domaine de l’art qui ne repose sur un quelconque apprentissage initial.
 En effet, il n’y a pas d’école de la littérature.
 Cette discipline est donc le domaine de l’hyper-subjectivité.
 On ne naît pas écrivain, on le devient.
 Toute une série de strates, traversées par le vécu, constituent la fabrique de l’auteur.
 Dans un premier temps, la langue maternelle est apprise par le petit d’homme, une langue qui s’inscrit dans sa mémoire et lui procure des sensations inhérentes, en partie, à la nature même de la langue. Ainsi, la langue française, de par la complexité de sa grammaire, de par sa longue histoire, de par, également, l’infinie palette de nuances qu’elle propose est une langue plastique, riche, une langue esthétique.
 La subjectivité ou le langage, ensuite, s’affirme dans le logos du jeune homme qui se distingue par sa façon de s’exprimer. Il crée son propre langage, opérant une distinction avec l’acquisition obligatoire et préalable.
 L’écriture est la strate suivante, une strate décisive qui mobilise la totalité de l’étant, synonyme d’une prise de conscience unique, celle d’être capable de créer. D’entrer dans la matrice de la création.
 C’est le temps de l’invervention. De l’aventure et de ses débuts.

 L’écrivain crée de la matière subjective à partir de sa propre langue.

 Sous l’effet conjoint de la discipline, de l’inspiration, de la détermination, de la recherche, sous l’effet du temps, également, apparaît peu à peu ce que l’on appelle le style. Un paragraphe ... deux ou trois lignes suffisent à reconnaître l’auteur. Le vécu fait évoluer le style, élargissant la perspective.
 Les possibilités d’exploration littéraire ressemblent alors à un vaste horizon à conquérir, un horizon qui ne cesse, dans le même temps, de s’agrandir ...