Dénonciateur de rebelles
Féru de la loi du talion
Grand pourfendeur d’enfants de belles
Possesseur de yachts de galions
Dénonciateur de rebelles
Tu es un suppôt de Babeuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf
J’ai la plus chère automobile
Ne suis-je pas l’as du volant
Toutes les garçonnes jubilent
Dans mon bolide étincelant
J’ai la plus chère automobile
Mais je pilote un vieux teuf-teuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf
J’arbore une épaisse tignasse
J’y cache parfois des oiseaux
Ne me parlez pas des pugnaces
Tondeuses des cruels ciseaux
J’arbore une épaisse tignasse
Mais je suis glabre comme un oeuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf
Je ponds mes vers dans un palace
Le papier rit sous ma plume or
Je ne bois pas l’eau des wallaces
Et le froid jamais ne me mord
Je ponds mes vers dans un palace
Mais je suis gueux tel Rutebeuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf
J’ai le bon lit chez une Muse
Qui raffole de mes gros mots
Mes histoires salées l’amusent
Nous jouons comme des marmots
J’ai le bon lit chez une Muse
Mais je dévergonde les neuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf
J’arrose les fleurs de ma mie
Les fleurs qui couvrent son cercueil
Depuis qu’elle s’est endormie
Je lui dédie tous mes recueils
J’arrose les fleurs de ma mie
Mais je suis joyeux comme un veuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf
Je boude les biens de ce monde
Sans dire où me mènent mes pas
Je hais les jeux je hais les rondes
On ne me le pardonne pas
Je boude les biens de ce monde
Mais je cours après mon éteuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf
Quand je me rends dans l’autre monde
J’ai mille malles cent ballots
Pour embarquer sur la calme onde
Je paie cinq ou six matelots
Quand je me rends dans l’autre monde
Je n’emporte qu’un drap d’Elbeuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf
J’ai mon tombeau chez la Camarde
Mais je n’y couche jamais seul
J’y prie j’y rêve j’y flemmarde
Et j’y macule mon linceul
J’ai mon tombeau chez la Camarde
Mais je suis costaud comme un boeuf
Dans les chroniques du Pont-Neuf