ROYAUME DES VERTIGES
Ton corps et le mien, en chute au-dessus du monde :
la nuit saccagée par un cortège d’éclairs.
Les dépouilles du temps qui s’enfuit de sa source
en creusant des abîmes à la dérive, des pertes flottantes.
Le visage défait de cette beauté dont le culte provient des ruines,
le langage égaré lorsqu’on veut entrer en soi-même.
Ton corps et le mien, en leur chute la plus secrète.
Un labyrinthe qui deviendrait un désert et un dieu,
sachant qu’on n’en ressort pas. Notre évasion des ténèbres.
Les déguisements fatals de notre mémoire devant l’infini.
Deux ombres inarrêtables, en chute au-dessus du monde.
Ton corps et le mien : ce qui reste de l’un dans l’autre.
UN VOILE AU HASARD
Il me visite encore, ton voile, dans l’accident de mes nuits.
Je suis toujours là. Mon rôle, dans cet abîme, consiste à te protéger.
Néanmoins, tu me défais mille fois
comme un pétale apprenant à être un automne entier.
Nous avons toujours eu un secret dont le nom
était réécrit en lettres distinctes.
Un nom perdu dans le labyrinthe de son essence.
Peut-être un refrain des voix qui nous guident
à travers d’innombrables salles.
La mer en dedans de la peau.
Le sourire en dehors du regard.
Un spectre que le hasard défend, lui.
La dernière idée que l’éclat de la joie peut s’éteindre un jour.
Ton voile a toujours pris soin de mes déraisons.
Toujours la même cascade adoptant des formes indécodables.
La métaphore entêtée qui nous tarabuste - cette clameur de trucs
de la réalité -, nous la lisons seulement sous l’aspect d’une brève énigme
avec son voltage de ces mystères qui nous atteignent
seulement un instant...
Et tu me recueilles bientôt dans tes bras.