Le temps s’abolit,
Comme dans la caverne de Montesinos.
Le sommeil expliquait-il
Cette sensation de ne plus appartenir
Au monde des vivants ?
Il n’était pas seul,
Mais les autres ne voyageaient pas
Avec lui.
Ils passaient comme des arbres.
Voici le temps du rêve,
Qui n’est temps
Que de passer
Comme toute histoire
Racontée aux autres.
Je suis ce temps !
S’écria Babelin
En arrivant au sommet
D’une montagne
Ou d’un escalier
Conçu pour être gravi
Avant toute chose.
De là-haut il contempla
Sa propre esxistence,
Son enfance et sa fin,
Le travail, la patrie,
La famille passée
Et les biens à venir.
Tout était clair.
C’est une question de semence.
Or, continua-t-il tout haut,
Je n’en suis pas le réceptacle.
La nature a voulu,
Allez donc savoir pourquoi,
Que contrairement aux escargots
Il me soit interdit
De me reproduire moi-même.
Je me limite par nature
A l’usage des miroirs.
Si je continue comme ça
Il ne restera rien de moi
Quand je retournerai,
Comme il est dit,
A la poussière
Avec les étoiles,
Les hypothèses
Et les axiomes.
Il était couché
Sur le banc de pierre.
Sa mère l’observait
De la fenêtre
Derrière les rideaux.
Elle attendait elle aussi.