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Article publié le 7 juin 2017. oOo Voicique le ciel se voile ce soir A tâtons, les doigts cherchent la main amie
La main agrippe les draps frais de la couche fleurie, Odeurs d’herbes fraîchement coupées flottent jusque dans les prés,
Descend lentement le long des échines extasiées, Pointes des pieds électrisés sautillent dans la nuit mal éclairée,
Ardemment dansent et bondissent de chambre en chambre, Donnent aux ciseaux des jambes
Ce tranchant qui cingle l’Indifférence aux yeux de brebis, Restitue aux délices ses poisons, et cet air crâne
Qu’affichent les amants merveilleux Partis en bandes bouillonnantes débusquer le hardi jardinier
Quinaguère eutl’idée insensée de fleurir à foison Murs et cloisons, meubles et balcons,
Et jusqu’aux profondes alcôves à présent couvertes de jasmins Les yeux mangent l’espace, aucun miroir n’y résiste
Ici, on ne se dirige et ne s’aime qu’à l’odeur, tant l’œil est affairé, Tant l’ouïe est sollicitée dans un chaos floral indescriptible,
La Berliner Zimmer si prisée de nos hôtes français est depuis des lustres une épaisse jungle, La cour mitraillée un jardin des délices couverts de roses sauvages toutes épines dehors Eclatante touche de couleurs dans le ciel nuitant D’une époque sombre et ténébreuse qui vouaun culte à la cruauté
La nuit couleur d’ardoise pavoise, arbore les fanions irisés de quelque artiste en résidence L’espace rayonne si fort, les parfums sont tellement entêtants
Dense à en étouffer, une foule de fantômes ne résistent pas au plaisir fou de s’y dissoudre, Laissant toute la place enfin à l’errance sans fond
Ici, c’est jouissance à tous les étages, amis, l’aurore n’y est qu’une question de temps, On ne manque pas de patience, l’ardeur créatrice est de tous les instants
C’est toute l’humanité cloisonnée qui se donne rendez-vous peau à peau Dans l’espace interstitiel de cet organisme vivant
Cris et chuchotements, étreintes à tout rompre et baisers mouillés, Noir, blanc, jaune, rouge, toutes les nuances du monde y pavoisent intensément
Une clameur bleue retentit, fait silence un bref instant, retentit à nouveau, Electrise les corps enamourés qui roulent dans la verdure
Ardeur est ton sésame, éclat multiple, Dans l’enchantement d’une nuit d’été au déchirement vouée
Jean-Michel Guyot |
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