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Entretiens avec deux éditeurs
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 Article publié le 30 juin 2004.

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Rüdiger Fischer interrogé par Rodica Draghincescu

 

Rodica Draghincescu : Rüdiger Fischer, vous habitez Rimbach, dans la Forêt Bavaroise, à 10 km de la frontière tchque, en Allemagne. Vous êtes un cas assez spécial de la littérature contemporaine allemande, et même européenne. Editeur allemand d’auteurs étrangers. Livres bilingues, trilingues. De la poésie. Surtout des traductions du français. A travers quelle histoire avez-vous pris la décision de fonder une maison d’édition pour les poètes, Verlag Im Wald / Éditions En Forêt ?

Rüdiger Fischer : Avant de vous répondre, permettez-moi de vous remercier de me permettre de parler des "livres". Même si je pense qu’il vaudrait mieux les lire que de lire ce qui suit ...
Il y a d’abord eu le plaisir de la traduction et l’envie de partager ce que je découvrais dans l’autre langue. J’ai cherché un éditeur pour ces traductions pendant quelques années, puis j’ai profité de circonstances favorables pour me lancer dans l’édition moi-même, fin 1991.

R.D. : Êtes-vous seulement éditeur ? Ou exercez-vous d’autres métiers ?

R.F. : J’enseigne les langues dans un lycée, pas seulement pour gagner ma vie. "Travail" et "loisir", j’aime bien que ce ne soient pas deux blocs bien distincts.

R.D. : En quoi consiste votre métier d’éditeur ? Travaillez-vous seul dans la rédaction ?

R.F. : Je n’ai pas encore trouvé l’amateur qui veuille se joindre à l’aventure.
Je traduis ce qui me plaît, je fais la mise en page sur l’ordinateur, je porte le tout chez l’imprimeur. Après, le plus difficile : trouver des chemins vers les lecteurs potentiels.

R.D. : Monsieur l’éditeur, un livre de poésie, c’est quoi ? Que signifient pour vous les mots d’un poète ?

R.F. : Un livre de prose, c’est la découverte d’une autre vie, d’une autre façon de voir le monde, et c’est en même temps la beauté de la langue. Avec un livre de poésie, ce second plaisir prend une importance relativement plus grande.
L’art me saisit (frisson, vibration, envie d’immersion) mais il me laisse plus de liberté que "la vie", je peux prendre mes distances, jouer avec mes expériences.
Il faut qu’il y ait du nouveau, quelque chose qui s’écarte de mon vécu mais que ce ne soit pas différent de moi au point de ne plus rien signifier pour moi. Et il faut qu’après je me sente mieux équipé pour la vie. Sinon, pourquoi sacrifier du temps ? (Comment est-il possible de savoir d’avance si ça vaut le coup ? Comme avec les hommes, je pense : impossible d’analyser en détail les milliers d’impressions que je reçois à la première minute, mais je sens quand-même comment je veux réagir.)
Non (seulement) le divertissement, mais la concentration, la clarté ; non le symptôme, mais la profondeur, la racine.
Et tout cela, rien qu’avec quelques mots !
R.D. : Il n’y a pas de langues plus ou moins poétiques les unes par rapport aux autres, dit Serge Pey, un excellent poète (professeur de poétique à l’Université toulousaine "Le Mirail") et performeur. Êtes-vous d’accord avec Serge Pey ?

R.F. : Mais oui ! Il n’y a pas de couleur ni de palette plus belle qu’une autre. Cet instrument sert à créer la beauté (l’effet sur moi) mais celle-ci ne réside pas dans l’instrument. Ce noyau, on peut y pénétrer par une infinité de voies diverses. Par contre, on ne peut pas obtenir n’importe quel effet avec ces instruments divers.

R.D. : Comment choisissez-vous les auteurs ? Comment procédez-vous avec la sélection des manuscrits ?

R.F. : Comme il y a beaucoup de choses qui peuvent m’amener à lire un livre (la couverture, le titre, un article dans une revue, le nom de l’auteur, une ligne lue au hasard), les raisons qui déterminent le choix d’un texte à publier ne sont jamais les mêmes : tel livre a paru parce que l’auteur m’était sympathique, tel autre parce que je trouvais qu’il était vraiment temps qu’un si grand auteur soit connu en Allemagne ... A quelques exceptions près, je publie seulement des auteurs dont j’aie pu faire la connaissance, au moins en correspondant avec eux.

R.D. : Combien de langues étrangères maîtrisez-vous ?

R.F. : J’enseigne le français, l’anglais et l’italien. A diverses phases de ma vie, je parlais plus ou moins bien le grec (moderne), l’espagnol, le russe, mais malheureusement le temps me manque pour cultiver ces langues. Et il y en a tant que j’aimerais apprendre !

R.D. : Votre maison d’édition publie des poètes qui proviennent de tous les pays de L’Europe, mais en majorité des Français. Par faiblesse pour la France littéraire ?

R.F. : A cause de la plus grande familiarité avec la langue française : adolescent, j’ai lu plus de livres français qu’allemands. Chercher à connaître, c’est déjà un peu aimer ...

R.D. : Quels sont vos poètes préférés ? Quel genre de poésie aimez-vous ?

R.F. : Mes poètes préférés ? Je ne vais pas commencer par Shakespeare (tout lu une fois, certaines choses souvent) et Dante (non encore fini de lire) ...
Un nom ? Rilke. Une dixaine ? Char, Hölderlin, Celan, Pavese, Hugo, Auden, Patchen, Achmatova, Ritsos, Kavafis. Mais à quoi bon une telle liste de noms généralement reconnus (dans les pays dont j’arrive à lire les langues), sigles pour des oeuvres dont je continue à m’approcher ?
Sur un mode plus personnel : Pierre Gabriel, Jean Malrieu, Jean Follain (je ne vais pas me mettre à choisir parmi les vivants), en France. En Allemagne : Walter Helmut Fritz, Hilde Domin, Peter Härtling.
Cela peut déjà suffire pour indiquer que j’aime surtout une poésie "accessible", pas seulement faite pour les "experts", les "diplômés". Même si une première lecture n’épuise pas ces textes, elle me donne déjà quelque chose.

R.D. : Qu’est-ce qui influence votre choix d’auteurs ? Les échos dans la presse ? Les textes ? Les recommandations des amis ? La demande du marché ?

R.F. : Influences ? Les échos dans la presse, cela existe à peine, au-delà des textes eux-mêmes, en France, sous forme de notes de lecture dans les revues de poésie ; c’est inexistant en Allemagne. La demande du marché ? Demande-t-il de la poésie ?

R.D. : Comment vendez-vous la poésie en ces temps industriels ? Quelles difficultés, quelles satisfactions rencontrez-vous dans l’aventure des livres ?

R.F. : Comment vendre de la poésie ? Je suis reconnaissant pour tout conseil. Au-delà de ce que doivent essayer tous les petits éditeurs, je fais, partout où on m’invite, des récitals ; j’ai fait des conférences et des stages pour des professeurs ...
Je n’aime pas parler des difficultés, trop faciles à imaginer. Le plus beau, c’est, par exemple, d’entendre après un récital : "Je ne savais pas que la poésie, cela pouvait être ça !"

R.D. : Pourquoi opter de nos jours pour la poésie, "une petite affaire de l’âme", et non pas pour le roman, "une grande affaire des libraires" ? Cela d’après Stanislav Tukin, un metteur en scène rencontré à Stuttgart.

R.F. : Eh bien, justement ! Pourquoi est-ce que je ferais quelque chose que tant d’autres font déjà mieux que je ne pourrais jamais le faire, avec mes moyens (temps, argent) réduits ? J’ai commencé à éditer des livres très tard, sans aucune formation, sans la possibilité et la nécessité d’en faire un emploi à plein temps ; après des périodes de militantisme pacifiste et tiersmondiste, l’énergie venant à manquer pour continuer avec la même intensité, l’édition de la poésie était, pour moi, un moyen d’agir dans le même sens, avec mes forces restreintes. Et avec quelques heures libres par semaine, je me vois mal traduire un roman de 700 pages ...

R.D. : Rüdiger Fischer, vous êtes vous-même un très bon traducteur de l’allemand en français (et à l’envers). De quand date cette passion ?

R.F. : Dès que j’ai fait la connaissance de la poésie (à 22 ans), j’ai eu envie de la traduire (sont nées alors des traductions de Follain etc). Mais la première fois que je n’ai pas traduit seulement pour mon plaisir, c’était dans les années 80 : un éditeur français m’a proposé de traduire Georges L. Godeau.

R.D. : Derrière l’éditeur et le traducteur, y a-t-il un écrivain ? Quel rapport personnel entretenez-vous avec l’écriture ?

R.F. : Je suis de l’espèce apparemment rare des traducteurs (non-professionnels) qui n’écrivent pas. J’aime lire, mais je ne sais pas écrire. Peut-être qu’en trouvant tant de pages qui disaient ce que je sentais, je n’ai pas développé le besoin de le dire moi-même ?

R.D. : En tant qu’éditeur, vous imposez-vous un certain nombre d’heures de travail par jour ?

R.F. : J’essaie de réserver autant de moments libres que possible pour la poésie, après l’enseignement et la famille (qui suffiraient à remplir les journées, mais ne me suffiraient pas). C’est toujours trop peu.

R.D. : Quelles sont vos dernières découvertes en poésie européenne ?

R.F. : J’ai découvert la poésie de Paolo Ruffilli en 1999, trois ans avant de le publier. Peu de vraies découvertes, pour la France, ces dernières années, faute de temps ; surtout de nouveaux développements dans la poésie d’auteurs découverts il y a un certain nombre d’années (Valérie Rouzeau !).
Plusieurs des auteurs belges que je traduis maintenant pour un second volume anthologique, je ne les connaissais pas avant (comme pour le premier volume, j’ai profité des conseils d’un auteur belge, d’un autre cette fois-ci, ce qui se reflète dans le choix) ; je découvre sans cesse des auteurs allemands (la distance géographique doit jouer un rôle, ici), Hans Hunfeld ou Andreas Wieland Freund.
De temps en temps, un nom nouveau pour moi qui s’impose aussitôt : par exemple János Pilinszky. Mais surtout la conscience d’un horizon plutôt étroit, les journées étant si courtes.

R.D. : Quel rapport y a-t-il entre vous et vos auteurs ?

R.F. : Il y a de tout : il y a celui qui, après avoir téléphoné chaque jour pendant des semaines, n’a plus donné signe de vie une fois le livre paru. Il y a les amis que j’ai la chance de rencontrer plus d’une fois, avec qui j’échange des lettres depuis plus d’une décennie. Et beaucoup de variantes entre ces deux extrêmes. J’ai l’impression d’avoir eu beaucoup de chance ! Seulement la distance d’ici à la frontière française est trop grande !

R.D. : Vous sentez-vous un éditeur courageux, libre aujourd’hui ?

R.F. : - Ni courageux ni libre : je n’investis dans les livres que l’argent dont je dispose déjà, et c’est peu.

R.D. : Payez-vous des droits d’auteur ?

R.F. : Quant aux droits d’auteur, je dois me contenter de donner 1o% du tirage (5oo exemplaires en général) à l’auteur. Quand, un jour, je ferai des gains, je les partagerai avec les auteurs ; mais pour quelques-uns, ce jour n’arrivera jamais, pour les autres il semble loin encore...

R.D. : On parle trop souvent d’une Europe unie. Vous êtes à même de dire ce qu’on fait, au niveau de la culture des pays européens, pour réaliser les projets des politiciens, profiter de leurs relations, mettre en pratique leurs discours ? Par exemple, qu’est-ce qui soutient financièrement une action culturelle européenne telle que la vôtre ?

R.F. : Je dirais qu’on ne peut pas parler trop souvent de l’Europe unie, on peut seulement agir trop peu. Mais je ne suis pas compétent pour parler de ce qu’on fait : j’ai reçu une aide pour des livres belges et pour le livre tchèque, mais je ne connais pas d’autres sources où essayer de puiser éventuellement. (Peur des formulaires ?)

R.D. : Comment se déroulent les lancements des auteurs étrangers publiés chez vous ? Des sponsors de la part des fondations, des ministères de la culture ? La presse internationale ? Qui est-ce qui s’y implique ?

R.F. : - Chère Rodica, n’oubliez pas que je suis un mini-éditeur ? Comment "lancer" un livre de poésie, au fin fond de la province ? Heureux d’avoir pu payer l’imprimeur, mais incapable de mettre sur pied une présentation (où ? pour qui ? quand ? avec qui ? comment ?) ? Des soirées de lecture avec les auteurs ont eu lieu, mais de là à parler de "lancement" ...

R.D. : Faut-il respecter la politique de votre pays, ses intérêts, afin que vous puissiez publier et vendre les livres des poètes étrangers ? Quels sont les "pays" refusés par la politique économique et par celle des modes littéraires ? Il m’est arrivé d’avoir une discussion pénible, à ce sujet, avec un petit éditeur autrichien (de Vienne) qui refusait les poètes talentueux des pays de l’Est de l’Europe, à cause des mentalités, à cause du marché, à cause des libraires etc .

R.F. : La politique, l’économie, les modes, voilà bien les moindres de mes soucis ! Je ne dois pas vivre de l’édition, je peux donc tout me permettre (tant que je peux le financer ; je comprends en tout cas ceux qui ne sont pas dans ma situation). Vous savez que le marché n’interdit pas, il rend inoffensif en négligeant ...

R.D. : Les noms des auteurs, la nationalité imposent une hiérarchie littéraire ?

R.F. : Il ne suffit pas qu’un auteur soit célèbre dans son pays pour qu’il le soit aussi dans un autre, surtout quand il s’agit de poésie. Tant de facteurs jouent un rôle ! Je suppose que même la Foire de Francfort, en mettant un pays à l’avant-plan, ne peut pas faire grand-chose contre des handicaps tels que le manque d’exotisme ou d’actualité ou de poids économique ou d’oppression ...

R.D. : De quoi avez-vous encore besoin pour accomplir votre tâche ?

R.F. : Tout banalement, de commandes !

R.D. : Editez-vous des livres en co-édition avec des maisons d’édition étrangères ?

R.F. : Oui, il y a eu deux livres co-édités avec des éditeurs belges et français (et deux co-éditions avec un autre éditeur allemand).

R.D. : Un nouveau programme éditorial ?

R.F. : En ce moment, je me retiens : il faut d’abord s’occuper de ce qui a paru. J’aimerais, bien sûr, que la proximité géographique de la République tchèque ait un effet sur le catalogue ; que je n’en reste pas à un seul livre traduit de l’anglais ; j’aimerais que le site internet se développe pour aboutir à quelque chose comme un pont de plus entre poésie de France et d’Allemagne, .... mais tout cela présuppose qu’on s’intéresse à ce qui a déjà été publié !

R.D. : Bonne chance dans le cheminement vers l’Europe unie !


 

Entretien avec Gérard Truilhé, éditeur bibliophile

La peau et le livre

 

R.D. : Gérard Truilhé, vous êtes éditeur. Petites collections bibliophiles de poésie. En même temps poète, graveur, musicien. Traitez-vous le livre de poésie en objet d’art, en bijou ?

G.T. : Découvrir un poème, un auteur, est une rencontre rare. Pour accueillir et fêter l’événement, j’ai besoin de construire un nid dans lequel le poème se sentira au chaud, protégé ; puis ce nid voyagera de main en main.

R.D. : Votre travail est celui d’un artisan manuel. Vous sentez la magie des mots avec la peau. Combien de temps mettez-vous pour faire un livre ? Sous quelles conditions éditez-vous de la poésie ?

G.T. : Il me faut des mois pour faire un livre, et pourtant les livres que je réalise ne sont pas épais, une quarantaine de pages environ. J’ai besoin de la lenteur pour imprimer. Le temps ne compte pas. Je ne lutte pas contre lui puisqu’il est le complice avec lequel je vis. J’ai besoin de lui pour lire le texte, m’imprégner des mots boire jusqu’à la lie son nectar, baigner dedans comme dans une eau nourricière. Puis je choisis le caractère des lettres, le papier ainsi que son format que je coupe à la main, jamais au massicot ; toujours des papiers à la forme (vélin d’Arches, BFK de Rives, papiers moulins pur chiffon) qui réagissent bien à l’impression typographique. J’ai besoin d’un papier amoureux. Je compose à la main, au plomb mobile et tire les livres sur une platine, une " Victoria ", qui a été construite en Allemagne au début du siècle dernier. Les tirages limités varient entre 50 et 100 exemplaires environ.

R.D. : Comment choisissez-vous les auteurs ?

G.T. : - Les auteurs accueillis aux éditions TRAMES sont toujours des rencontres heureuses qui en fait n’en sont pas, car je crois à la destinée des chemins qui se croisent. Peut-être est-ce la poésie qui nous choisit ? En tout cas elle m’entoure d’amis.

R.D. : Une fois le livre édité, résumez-nous s’il vous plaît, le voyage de ce livre dans le monde. Que faites-vous pour soutenir la vente et l’achat de vos livres ?

G.T. : Le livre achevé d’imprimer est présenté dans des galeries, des salons du livre d’artistes et dans quelques librairies spécialisées. En fait le parcours est semé d’embûches, car les amateurs de ce genre de livres ne sont pas légions. Ils hésitent avant de dépenser une somme relativement importante pour acheter un tel livre. Je pense qu’il y aurait beaucoup à faire pour initier et " éduquer " les gens afin qu’ils découvrent et reconnaissent ces éditions au même titre qu’une peinture. Une chose certaine, ces livres ne seront jamais mis au pilon et ne subiront jamais la pression de marché du livre de consommation qui foisonne, empoisonne et asphyxie le devenir de l’édition. J’espère que les livres que je réalise me survivront ; ils m’empêchent de mourir. Ils sont ma métaphore, mon devenir...

R.D. : Quels sont les peintres qui accompagnent vos livres ?

G.T. : Les livres que je fais sont toujours accompagnés d’une ou de plusieurs oeuvres d’un artiste qui travaille en osmose avec le texte. Ainsi ai-je travaillé avec Dagmar Martens, peintre hollandaise qui vit à Gordes, Marie-Christine Gayffier qui est aussi poète, Claude Malchiodi, Valentin, Bruno Foglia, Claire Pichaud. J’ai aussi réalisé des gravures pour certains livres comme " Le visage intérieur " de Bernard Noël, " Peut-être hier " de Rodica Draghincescu, " Poème " de Gaston Puel etc.

R.D. : TRAMES, une petite maison d’édition, a d’excellentes auteurs de poésie. Il vous est impossible de payer des droits d’auteur. Je suppose que vos poètes offrent à Trames de beaux manuscrits en cadeau, en signe de respect et d’admiration pour votre talent d’éditeur, pour votre renommée grandissante.

G.T. : Les livres que je réalise sont partagés en parts équitables entre l’auteur, l’artiste, ce qui règle le problème des droits d’auteur.

R.D. : Quels sont selon vous en France les plus connus des petits éditeurs ?

G.T. : Il existe en France tout un réseau de " petits éditeurs ". Les plus connus ? Fata Morgana, Jacques Brémond, Les petits classiques du grand pirate, Callodion, La Cerisaie etc. Nous nous croisons parfois lors du salon de livres d’artistes ou bien nous nous lisons dans des revues spécialisées comme Arts et Métiers du Livre. Il existe en France quelques salons consacrés aux livres d’Art.

R.D. : En ce temps de l’industrialisation, de guerres sanglantes, de calamités, de mensonges, du porno, de la violence, quel serait le rôle social de l’éditeur ?

G.T. : Inciter les gens à se connaître, donc à se tolérer, à accepter les différences de cultures, de religions, pour ceux qui en ont. Ce sont ces différences qui devraient engendrer la vie et non la mort. La vie c’est comme un prisme avec des milliers de lueurs ; chaque lueur un battement de coeur, un souffle, une vérité que l’on doit protéger. Les poètes qui m’ont confié leurs mots sont des poètes de la vie, d’une transcendance, mais d’une transcendance qui n’est pas la verticalité.

R.D. : Les prochains livres ?

G.T. : J’ai achevé d’imprimer un livre d’un grand poète espagnol, Antonio Gamoneda, avec des peintures originales de Claire Pichaud ; puis il y aura Franco Loi, un poète italien, le japonais Hisashi Okuyama, Serge Pey, peut-être Yves Bonnefoy, encore Bernard Noël, mon voisin de coeur... J’ai besoin de vivre longtemps...

 

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