Les magistrats sont à l’abri de ces sortes d’a priori. Le jugement est comédie, car l’homme se joue à l’envie, à l’avarice et au bigot comme le dit Unamuno. Ajoutons que la jalousie, pour expliquer l’hypocrisie (mettons que c’est là le défaut qui fait que l’art est vrai ou faux) à l’égoïsme s’associe. Le juge épris d’ataraxie chez l’autre ne fait pas long feu s’il prétend que le malheureux n’est pas fait pour qu’on lui réplique. Au théâtre des républiques la fiction trouve solution dans la logique des passions. Or quelle passion plus bipède que le vol qui nous dépossède parce qu’il enrichit l’auteur ? Acquérir comme l’acheteur, l’héritier ou le signataire, est comme on dit dans les affaires, mais venir dessus ces contrats apposer comme un magistrat, par conviction ou par paresse, les principes de sa noblesse, voilà qui met l’esprit en vrac et ennemi de tout fric-frac même si de ses personnages on tient quelquefois le verbiage pour un art qu’on voudrait avoir et protéger de tout pouvoir. Le vol est à la vigilance ce que l’art est quand on y pense. On peut pardonner au tueur, car il est souvent le meilleur ou bien le pauvre a des excuses que pas un cœur ne lui refuse même si pourtant le cerveau n’apprécie guère le cadeau. Au contraire le vol inspire à l’esprit de joyeux empires qu’on met quelquefois en roman pour en applaudir les moments. Par contre le cœur se révolte tant l’acte paraît désinvolte et pire que l’injure fait que le vol est bien un méfait, sans excuses ni esthétique, et le voleur un hérétique.