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Article publié le 24 septembre 2017. oOo ÉPITHALAME SAPHIQUE SIMPLE
Et puis longtemps après
moi mon rêve ce fut le froid d’avril d’une cerise brune, lustrée et charnue sur un cerisier, peut-être squameux, de col transversal d’avril entre deux cols à palombes
futures
FRAGMENT D’ÉPITHALAME
Et encore mon autre, plus longtemps encore après, ces quelques mots, longuement disputés sur mes lèvres mêmes à l’oubli du réveil :
bonne fête, Sapphô, beaux calendriers hésiodiques, et la paille qui va avec… [1]
FRAGMENT D’ÉPITHALAME
[…] encens, galette d’orge […] esprit clair, gai savoir […] et toi […] porte plus haut la fleur de ton visage ! [2]
FRAGMENT D’ÉPITHALAME
car ce que vous nouez ici sera aussi noué
sur les tièdes genoux d’Aphrodite diaprée l’indivisible à mille soins
et sa chaude caresse d’une main à plus de cinq doigts à travers, peau sur peau,
votre double et noire chevelure de jeunes mariées remontée luisante d’un long pays tiède de ténèbres
ÉPITHALAME SAPHIQUE DOUBLE
I.
Moi, je ne dis pas ‘l’Aurore à doigts de rose’ mais ‘à boucles d’oreille cerise’ quand je passe mes doigts dans les cheveux jais de mon amie, la mordant à la bouche ;
puis ‘à pâles boucles tiges-fleurs cerise’, souvenir du feu paisible de sa hanche, quand je les passe dans ceux, plus clairs, mi-soleil de nuit, de sa demi-sœur, mais sans l’embrasser.
II.
Une, lune, l’autre, demi-lune, l’une et l’autre posées sous le nuage noir de l’horizon, entre monde rêvé et monde du rêveur (un, déjà perdu, l’autre bientôt à perdre)
sans qu’un autre matin ait pu jamais contempler l’autre alphabet, gelé, du firmament.
ÉPITHALAME DE PRINTEMPS
printemps déjà sonore d’un matin de Vénus à l’ombre déjà claire d’un haut pilier, unique
ÉPITHALAME DE PRINTEMPS
[…] ce corps grec de mariée […] encore une enfant, ravie à sa mère […] [3] […] point déjà femme, pourtant déjà ta femme […]
et (animé, un peu attardé, animé) cette danse d’épousailles, fumée d’encens femelle sur l’ombre claire de son âme, [4]
action de grâce voilée à la Déesse [voi]lée [5] […]
ÉPITHALAME D’ÉTÉ
… l’air frais, tiède et noir de la nuit à travers la fenêtre ouverte sur ma peau nue, à ton flanc, clair et nu ; et son odeur de congés de moissons, dès demain.
ÉPITHALAME D’AUTOMNE
septembre voyageur... octobre des villas... l’espérance et la nue... et sur ta peau tiède, froide, chaude mes tièdes lèvres (lisses)...
*
(et cette treille vineuse de marbre qui ne cache pas d’autre hanche que nous)
(ici rien que nous, et nous deux, et nous)
*
- parfum, danse, musique, parfum hors du temps à quoi l’hermétisme précieux de ta profession qui te fait plus vieille (j’y songe soudain) que tes sœurs prestigieusement te condamne en te retranchant de leur âge
*
(ris en silence danse danse ton silen- ce)
*
(danse, danse en solo, offre ta solitude, penche ta tête sur ton épaule abstraite et fluide statue, que je me sente ta propre image et plus belle et plus nue)
*
tant j’aime ces seins, mûrs, de brune grave quand tu danses et y fais tenir à l’arrêt ce sabre courbe aussi sûrement que tu le fais sur ta tête immobile et figée, et lointaine et absente sous son foulard rituel quand tout le reste, profane, de ton corps autour d’elle pivote et ondule jusqu’au bout pâle de tes doigts avec largesse souplement
tel cet arbrisseau indique dont on ne sent la gomme et la nuance, en voyage, que de très loin ou tel encore ce parfum sec que l’on discerne avec retard après ton rapide passage
[1] Variante, moins convaincante : brumes, fêtes, Sapphô, et la paille qui va avec… [2] L’auteur s’adresse à l’évidence ici à la (jeune) mariée. Le texte est incertain. Certains lisent cependant, avec une invocation à la Terre : Et toi (par la Terre !), porte plus haut la fleur de ton visage ! [3] On peut rattacher ce vers dodelinant au fragment Bergk 53, lui-même incertain : "ravie rêveuse à la rêverie de sa mère". [4] Vers très mutilé ; certains lisent, en tirant "ombre" (le seul mot, ici, d’à peu près décelable) en un sens figuré, quasi précieux, mais ici peu cohérent : et l’encens de tes caresses sur la querelle de son âme. [5] Si tel est bien le texte originel, l’allusion nous échappe. Il ne peut s’agir d’Athéna, dont le voile, ourdi et offert tous les quatre ans par les plus nobles Athéniennes, était célèbre, mais dont on ne saisirait pas très bien le rôle dans un décor d’épousailles. L’Égyptienne Isis, qui n’est pas absente de certain vers (d’ailleurs suspect) de Sapphô, serait inattendue (même si certaine source [Papyrus d’Oxyrinchos 1800] mentionne un voyage du frère aîné de la poétesse, Charaxos, en Égypte), à moins évidemment d’admettre une interpolation (peut-être très ultérieure). |
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