Interloquée, l’horloge se retourneface au mur de chaux vive et se met à hurler. Son mécanisme impeccable tremble d’aise, la pendule se tord, le bois de chêne semble se fendiller en de si nombreux endroits, comme si le temps, vermoulu tout à coup, hésitait entre une infinie sécheresse et cette état vibratoire extatique que je constate, moi, le mur. 

*

L’hiver a le ventre mou cet hiver. 
Pluie et grisaille, temps de pluie, Winter… 
L’indolence de cet hiver m’exaspère. 
Il n’est pas jusqu’au bois mort dans les bois qui ne devienne spongieux et friable. Plus rien ne craque sous mes pas. 
La laitance malsaine du ciel. Tempête d’hiver ne chasse rien. 

*

J’ai bu le sang de l’ivresse. 
Un vin rouge se morfondait dans la cave exiguë. 
Je l’en ai extirpée, l’ai mise en pleine lumière sur la table dressée pour l’occasion. 
Le vin millénaire a saigné. 

*

Ses mains, je les regardais fréquemment. 
Aussi empruntées que le reste de sa personne, fort jolie par ailleurs. 
Il émanait d’elle une impression de seconde main. 
Je n’entreprendrais jamais de l’en délivrer. 
Dix ans déjà que j’en suis débarrassé. 

Jean-Michel Guyot
22 janvier 2018