|
Navigation | ||
![]() oOo Viens-tu à Mytilène cet été ? J’aimerais tant te voir, en vrai, enfin une seconde. Je ne vais pas te répéter ce que je t’ai dit, cent trente-six fois, au long de cette longue nuit de pluie sur Lesbos, souviens-t’en, quand il tombait tout autour de nous la mer et les poissons, sur ce poète précieux qui dépêcha poème sur poème à sa dame pendant quatorze ans sans presque la voir, avant de l’épouser ; ou sur ce barde toujours à pleurer sur son nostalgique baudrier à ciselures d’étain, entre de nostalgiques coloquintes, au temps de Saturne, sans voir davantage la femme qu’il ne cesse de chercher à travers l’errance du désert, la trace sainte des campements enfuis, risquant cent fois de se faire égorger derrière la nuit enflammée des tentes qu’il tente d’approcher, en balayant de sa cape sur le sable toute preuve de ses pas. Combien d’années que je ne t’ai vue être ma femme ? Calcule, et donne une réponse. Te voir ne serait-ce qu’une heure sur un petit col de Chio ou de... Baiser (depuis Lesbos) sur ta grise migraine : donne-la-moi, tant j’aime en souffrir aussi pour t’en délier un peu.
Dis-moi comment tu as su ma date d’anniversaire et que je viens d’avoir une fraction de siècle ; depuis tout à l’heure. |
![]() |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |