Et le jour où il a fini
De creuser,
On se dit
Qu’il a trouvé
Ce qu’il cherchait.
On a une envie folle
De reboucher les trous
En sa compagnie.
On revient plus souvent,
On s’arrête devant la grille,
On l’interroge du regard,
Mais le poète demeure
Muet comme une carpe.
Comme la carpe en rut
Il a reflété le soleil
Dans un saut parabolique.
Pas si fou, Babelin !
Il n’a plus besoin de travailler
Pour ne pas s’ennuyer.
S’il continue sur cette voie,
Il aura des enfants.
On le voit
Devant
Le maire et le curé.
Mais quelle femme
Sait ce qu’elle sait ?
Quelle enfant déjà mûre
Quitte l’arbre pour vivre
Son existence de fruit ?
On regarde autour de soi.
On observe ses propres enfants.
Babelin n’a-t-il pas aimé un chien ?
Un chien d’homme ou de chien.
Un amour de passage.
Une folie pour rien.
Mais tout est bien qui finit bien,
Même si ce n’est pas fini.
Une femme est en route,
Dans un ventre ou à l’école.
Qui sait qui est la femme ?
Elle arrive de loin,
Matrice des philosophies
De l’existence et de la mort.
On la voit arriver
Même si son visage
N’a pas de nom.
Elle portera celui de Babelin.
En attendant il ne creuse plus.
Il ne revient
Dans son jardin
Que pour s’asseoir
Sur le vieux banc de pierre.
Il lève les yeux dans les arbres,
Interroge du regard
Les oiseaux des branches.
Il n’écrit pas encore.
Il faut un enfant pour ça.
Et pour que l’enfant soit,
La femme est nécessaire.
Nous connaissons l’histoire
Comme si nous l’avions inventée.
Nous sommes les poètes
De l’existence du poète.