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Voici du temps
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 Article publié le 8 mars 2007.

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Voici du temps
Nacer KHELOUZ
Espace d’auteurs : Side effects

Il y a longtemps.

Il y a longtemps de cela.

Il y eut des étés,

Des hivers,

De mortelles chutes,

Des fuites écourtées

Des gens,

Des pauvres types,

Des curieux

Puis des vautours.

 

Il y a des sourires moqueurs.

Le tien, peut-être est-il de pierre ?

Cette irrésistible envie de plaire,

De se plaire par les autres,

Histoire de plaire.

 

Je te rencontrai

Quelque jour de mai

Tu t’assieds et...

Tu versas des larmes

Comme d’autres des rires.

 

J’ignorai une fois

Ton air boudeur

Et ton regard en supplique.

Au milieu pour nous départager : 

NOTRE-DAME

Te regarde.

Ses ouailles aux prières

En bandoulière.

 

Ces touristes maudits

En baskets

Ils t’enlevèrent tes peaux

Plongèrent vers celle que tu caches.

 

Tu fus pourtant légère ;

Telle une danse de fête foraine  

Toi qui eus juste un soupçon

De pudeur

Toi qui laissas tes genoux

Effleurer mes sens.

 

Je te regardai

À la dérobée

À mon tour

D’y voir

M’aveugler aux généreux rayons

D’un soleil impatient.

 

Les remparts,

Ni les foules avachies

N’eurent raison

De son obstination à t’atteindre.

 Toi.

Tu souriais toujours,

Sans raison,

Avec désir.

 

Faire l’amour à cette clarté

Qui te déshabille ;

Accrocher un baiser

À ta langue humectée déjà,

De moi, de mes renoncements 

Au son de l’Orgue du monde.

 

Il passe du pays par ici

Et toi et ton murmure

Pour faire taire leur argent,

Leurs langues ;

Étrangler leur Babel

Tout te revient.

Tu viens de si loin 

 

Je voulus t’aimer

Quelque matin

Sous la rosée grelottant

Du métro la rame liminaire.

Ses nuiteux

Du temps ont inversé le cours.

Je croisai leur fatigue bâtarde,

Fatigue libre

L’arrogance de Lafcadio

Sans passeport

Qui refuse de porter des noms

D’état civil

Moi cheminant vers ton

Empreinte digitale

Plaintif ; doux état.

À train d’Enfer

 

Je t’effleurai la lèvre

Dressée tel un affront !

Des frissons

Des courbes de ton corps

J’en fis un aveu.

Moi je voulus t’aimer

Dans la douleur

Des accouchements 

 

Tes peaux anciennes

Brûlées au feu de juillet.

Je jurerais que ce fut

Bien mai quelle importance ?

Puisqu’on a su un jour.

On finit par tout décevoir.

 

Mais quel était le sujet ?

 

Tout autour le mirage solaire

À s’étrangler :

Assassiner l’oisiveté

De mes jours ; même de mon alcool

 

Ça reprend

Inlassablement

 « D’où viens-tu ?

Qui es-tu ? 

Que fais-tu ? »

Des mots.

Des postures.

Des civilités.

 Des tirs à vue.

 

 

 

Il y a ceux

Qui ne sont jamais partis

Pour se racheter.

Du touriste

Drame il y eut Toujours il y a 

Par catalogues Entiers

Celui-là te démasque

Celui-ci te pourfend ;

Palimpseste...

Des saignées le long de mon fleuve

En contrebas,

Presque bleuies par l’attente

Des soins à venir.

Diable guéris-moi de toi !

Se guérir de tes plaies faites

De mai

Et de si

Je possédais ton âme

À moi seul aux soins dépourvu

Qui ne viennent jamais

Je l’accrochai à mon paletot

Assez tôt.

 

Je fis se prolonger ma bosse

Hideuse Merveilleux Hugo

Au Danjon s’absout le Crime

D’aimer,

..._

Jusqu’à ta pitié

 

 

 

 

Voici qu’une brise nous traverse ;

De part on part

De nos lignes territoriales.

Je demeure silencieux.

Tu écoutes mon silence,

Contre lui te dresses-tu

Par esprit

De contradiction.

Voici donc du temps !

 

J’ouvris mes paupières

Et j’eus mes vingt ans d’un coup

 

Ma langue affamée

Ses syllabes raréfiées

Qui se glissaient sous

Ton sein

Maternel

Mon amie, mon infamie

Ton fleuve d’encre et de lait

Blanc comme ma-neige

Tourbillonnant

Un jour que je m’en fus

Te regarder par l’interstice

De ma vie close,

Je m’exhalai de tes senteurs

Celles des magasins

Grands boulevards

Elles ont eu peine à effacer

Sur ta peau

Le goût de ton odeur d’origine

Du Monde

Qu’on n’achète pas encore

 

 

Cette ville qui faillit

Tromper ton insouciance !

 

Ta chevelure qui s’ouvrit

Sur mes monologues intérieurs ;

Enlacement fait

De toute langue

Puis la mienne

Qui les enveloppa

De sa forêt de songes

Je fumai tes sillons

Un à un.

À la nausée

Du drogué

 

Alors je me souvins

De toi

Avant de t’avoir

Jamais connue.

Nos corps

L’un contre l’autre

Portant la Mémoire

De ce temps-là ;

Émois de tes berbérismes

Volés à la grand-mère finissante

 

 

Amants Éperdus. 

Te cueillir telle une tawizi de village

Mêler tes sons aux gorges

Noueuses de Saïd et d’Amar

Nos accès de soleil

Celui-là qui assèche nos mots

Pourtant,

Je dus t’attendre

Jusqu’au cri du coq

Puis, je fis semblant

De t’attendre.

 

Comme toujours

On attend...

Vient toujours

L’aurore.

Pittsburgh, Février 2007, jour et nuit.................Nacer Khelouz

 

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