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Génèse des séries
I - GÉNÈSE DES SÉRIES - Une genèse d’Avec l’arc noir - Chantiers 4 et 6

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 Article publié le 22 juillet 2018.

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Avec l’arc noir trouve son point d’origine dans Le récit ruisselant.

Je n’ai pas retrouvé la note qui, contemporaine du poème liquéfié, engage la perspective d’un poème adossé au tableau de Kandinsky. Je m’interroge même sur son existence. Mais l’automatisation extrême du dire qui avait gagné une emprise exorbitante, comme en témoigne le cahier Des ligaments d’été, mettait en danger la possibilité d’une écriture même. Le raz-de-marée issu d’une série d’excitations des forces inconscientes portait en lui sa propre extinction, son propre épuisement.

Oh une pauvre voix vitreuse

ruisselante avec poussière, narration

comme un amour une défécation

à la rencontre des parois

Jugulation du sang : mais la voix qui ondule n’a pas d’air, pas de sang : c’est le vagin ultime, ou une dernière escalade —

Et un curieux espace : des choix de couleurs, de vergers — d’arbres, pour éviter de se parler.

Dans mon esprit troublé d’alors, ce livre qui n’existait pas et qui était comme l’échelle de corde qu’on tend, du haut d’un hélicoptère, à un homme perdu en haute mer et sur le point de se noyer, était synonyme de structuration. Et la structuration serait obligatoirement sérielle dans son principe.

Il a fallu du temps pourtant pour rassembler les composantes de ce qui n’était pas exactement un projet. Dans l’intervalle, il y a eu Rien. Puis, une logique procédurière qui s’est attachée à explorer divers plans. Du sérialisme au minimalisme, se posait alors la question de la répétition et de la non-répétition. Certaines séquences relèvent d’une poésie itérative, à divers titres car le carcan de la répétition est très étagé, on peut en nuancer l’emprise de mille et une façons.

Il y a des plateaux. Dans beaucoup de cas, on séquence le syntagme, ce qui donne le sentiment immédiat d’une logique répétitive. Mais on peut également séquencer la fonction narrative elle-même comme quand on décrit pendant plusieurs dizaines de pages l’ouverture d’une poignée de porte. C’est très « nouveau roman », bien sûr mais ici, il s’agit d’une procédure parmi d’autres.

La voix également est sujette à sérialisation et pour ce faire, la seule technique qui m’ait paru valable, c’est le ready made aidé, l’objet trouvé, une expérience qui relie des univers très différents dans les développements récents de la littérature. Un texte de loi, un rituel, un témoignage sont des objets complets que le poème est fort bien susceptible de s’approprier.

Le recueil intitulé Avec l’arc noir n’est né qu’avec une série de poèmes qui forment un cycle complet, aux accents épiques, Archevêché qui à l’origine s’est appelé « Jazz 1 » car il y avait un « Jazz 2 » et surtout un « Antijazz » que je n’ai pas conservé. Il y a eu un autre cahier en revanche, « Archure - archerie », qui n’a pas été intégré au livre d’emblée. Les cahiers qui forment l’épicentre d’Avec l’arc noir sont écrits sous le régime de l’improvisation - et l’essai effectif de structuration qui a eu lieu n’existe plus ! On peut le regretter mais ce n’est pas très grave.

La composition - inverse symétrique de l’improvisation - était défectueuse. La fixation de blocs de texte en un point donné d’un recueil composé, si elle repose principalement sur des velléités démonstratives, n’a aucune chance d’entraîner la lecture dans le flux attendu. Au mieux, on doit espérer qu’elle soit quasi insensible tant on se sera perdu dans l’aveugle spéculation relative à l’éclairage réciproque que portent des poèmes ou fragments les uns sur les autres.

La force de l’improvisation est toute autre puisqu’elle pose les éléments dans un segment de temps qui est lui-même une loi, la plus imprescriptible peut-être. Ici il ne revient plus à l’auteur de justifier du choix effectué dans la sélection et la combinaison des textes et bribes de texte. L’expérience est d’une certaine façon un principe suffisant et, de l’expérience principalement, le temps.

Sans doute fallait-il encore faire intervenir une autre dimension. Ou, du moins, un autre plan de procédure. Avec l’arc noir est une archive. C’est ainsi qu’a pu être composé le volume qui porte ce titre dans le catalogue du Chasseur abstrait. Désormais, on documente l’arc noir. C’était suggéré, d’ailleurs, dans quelques-unes des pages de l’arc et des séquelles qui ont suivi. Dès lors qu’on propose un poème destiné à faire 800, puis 8 000 pages, ce n’est pas « l’architecture du livre » qui importe - mais son archive.

 

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