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Sériatim 2 (Patrick Cintas)

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 Article publié le 14 février 2019.

oOo

 

Aujourd’hui

Ce soir

Dans la minute

Il n’y a pas d’autre chemin

Caminante pas d’autre raison…

Vous êtes utiles et je ne le suis pas.

Même si la poésie devrait servir à quelque chose.

Il y a travail et travail

Et le poète qui n’amuse pas

Ne trouve pas de quoi survivre.

 

Il faut servir la messe.

Apporter des fleurs, des vierges à épouser

Avant qu’elles ne le soient plus.

Flatter le dos des vieilles

Et épousseter leurs vieillards.

Le viol de l’enfance n’est plus à la mode.

 

Quelle ode ! Quelle canzone !

Les copies d’écrans

Ne remplaceront jamais

Les coupures de journaux.

Mais qui sait qui vivra heureux

Parmi ces enfants de la conservation de l’espèce

Désignée pour faire le bonheur des autres

Candidats à l’éternité… ?

 

Mare nostrum qui n’a plus de secrets

Pour les voyageurs venus d’ailleurs…

Ode, ode à celui qui comme Ulysse

N’a traversé que sa propre ville

Jusqu’au cœur de sa femme !

 

Je sais que la poésie n’est pas partout

Que tout la rend possible.

Est-ce là la pierre de touche ?

Passant devant les points névralgiques

Qui secouent vertement le pouvoir,

Je sais que tout cela peut servir la poésie

Mais que ce n’en est pas, heureusement !

 

Ah ! si nous étions transparents !

Mais la totale opacité de notre propos

Rend le chien dubitatif,

À l’orée de l’Enfer déjà partagé

En parts inégales, liberticides

Et policièrement haineuses.

 

Quelle ode (quelle distance)

Entre l’idéal triomphal

Et le rêve piétiné !

C’est écrit sur tous ces visages.

Rides de la crispation constante.

Qui détient les clés du bonheur

Ou à défaut de la joie ?

Une joie passagère mais réelle !

Le produit de consommation

Considéré comme une relique

De ce qui s’est perdu en chemin.

 

Depuis quelque temps…

Je mâchai cette nouvelle nourriture terrestre.

Je cheminai aussi, avec mon chien.

Je collectionnais les os des martyrs de la Nation.

Je trouvais un refrain

Et je le perdais aussitôt.

Item, je donne ma charrue

Aux mains qui me façonnent.

Et mes ouvriers de papier,

Personnages sonores,

Je les donne à entendre

Sous ma voix. Any else

But you. Ramasse le fric

Et tire-toi au Paradis

Avec leur billet de retour.

 

Donner aux uns pour qu’ils redonnent

Et prendre aux autres le nécessaire

Produit de cette imagination.

C’est aussi vieux que le Monde.

Plus vieux métier. Il suffit d’ouvrir l’œil

En passant sur le chemin de ronde.

 

J’appelle mon chien par mon nom.

Il ne chevauche rien et me suit.

Il ne retournera pas en Enfer.

Nous avons d’autres chats à fouetter.

 

Bien sûr il y a les paysages, les ciels,

Leurs arcs après les pluies, le vent

Qui chante dans les arbres

Ou les fait chanter selon qu’on écoute

Ou qu’on en écrit l’ancienneté rurale.

 

Il y a toutes les raisons de ressentir

À quel point le bonheur est possible

Si on accepte de le mesurer ensemble.

 

Le Monde et les mots qu’il faut

Pour en sortir vivant au lieu

De mourir devant une vitrine.

 

Quelle ode ! Interminable saison

De floraisons et d’animaux imaginaires.

Rends-moi ma femme ! Celle que j’aime

Et qui m’aime ! Oh ! quel qu’en soit

Le prix ! Je donnerai tout ce que je possède

En échange de cette possibilité

De ne plus dialoguer avec le citoyen

Consommateur et électeur !

 

Quelle ode ce moment d’écriture !

Ah ! si je pouvais avoir tout lu !

Au moins pour gagner le cœur

Du voyageur qui quitte son pays

Pour toujours. Anything. Sinon

Le temps lui-même n’a plus de sens.

 

« Qu’est-ce que je fous ici ?

En compagnie de ces débiteurs patentés.

Agitant le concept de vie sociale.

Avec des claquements de drapeau

Caressant la joue du soldat inconnu

Soudain dressé sur ses os et joyeux ! »

 

Je ne suis pas ce que vous croyez !

Je me mets à table par habitude,

Par fatigue, sans faim ni soif.

Je ne vous reconnais même pas.

J’ai toujours vécu au pied des arcs.

J’ai le croquis facile et même vrai.

Ah ! si j’avais voulu devenir chanteur !

Si quelqu’un s’était occupé de moi…

Mais j’ai suivi mon chien

Après l’avoir débauché

(comme vous savez)

Et les choses ont suivi le cours

D’une Histoire qui se fait sans moi.

Quelle illusion si j’avais voulu !

Et à quel prix mes aïeux !

 

Vous n’aurez pas l’arcane et le bas d’laine !

Agitez le vin dans le verre pour voir !

Seuls les monuments ont des érections

D’onanistes. Moi je courais la femme

Dans les poils odorants des vitrines

Ô galeries ! Pôles des convergences.

Je suis tellement facile à déchiffrer !

 

Décorum des passions partagées.

Catafalque de Victor Hugo jouxtant

Le corbillard des pauvres, mais pauvres !

Ne meurt pas qui veut. Élevez l’honneur

À la hauteur de la sincérité si vous pouvez !

 

La majorité sacralisée au nom de quoi ?

Religion, sépulture et épousailles, en rond.

Sans ça nous ne sommes plus nous-mêmes.

Mais qui sommes-nous si nous cessons de l’être ?

Vulgaires acheteurs de bricoles

Qu’un désir de branleurs met en vitrine

À l’heure des rites annuels du commerce.

 

Je passais par là avec mon chien.

Je suis le charmeur de mon chien.

J’ai perdu la clé du bonheur

Mais je vis de poésie et d’eau fraîche.

J’emmerde le citoyen qui se sent

Responsable (peu ou prou)

Des lendemains promis à sa descendance.

Se fiche-t-il de celle des autres, ses frères ?

 

Vous n’avez pas le bison séminole.

Ce que vous possédez n’a pas de prix.

C’est en meute que vous agissez.

Une dose d’idéologie politique

Ne vous ferait pas de mal…

 

Quand ce n’est pas la religion

Qui pourrit l’existence

Que vous attribuez aux autres,

C’est la propriété que vous leur contestez.

Gens de peu de malheur ! Soyez

Au lieu d’exister même sans chien

Pour recevoir les charmes de la parole.

 

L’homme de trop vous salue toujours

Du haut de son pont jeté

Entre le vrai et le faux.

 

Chemineau que le poète hèle encore.

Le chien a de plus en plus l’air

D’une créature mythologique.

La disparition se signale toujours.

Et au hasard de l’Histoire

Comme Jiggs devant la vitrine

Voyant qu’on le regarde

Se retourne peut-être menaçant

L’homme prononce quelques mots

Anything qui servent de poésie

À ce moment purement électoral.

(Un autre moment transporte le corps

D’une victime de quelque accident

Qui va changer le cours de son existence)

« Errant qui n’erres plus, dit-il

Sans quitter des yeux l’objet de son désir

À ce moment encore insatisfait

Selon les critères de l’offre et de la demande,

Joins-toi à nous car nous sommes dans le vrai. »

Paroles qui tombent dans l’oreille d’un sourd.

 

En effet, il suffit de s’arrêter un instant,

Juste le temps de parfaire l’idée qu’on se fait,

Pour être aussitôt traité de sédentaire.

Le chien n’a pas l’air d’un bison séminole.

Il l’eût que ça n’eût rien changé à l’instant.

Puis l’instant devient moment

Et le moment fricote avec le temps

Pendant ce temps, « hypocrite lecteur ».

Le corbeau ne sait pas d’autre mot.

Impossible de changer le corbeau

Ni le mot ni le récit parallèle.

Je suis pourtant facile à déchiffrer.

Si vous me cherchez… passant devant

(heureusement à pied ou en vélo)

Et franchissant le fossé qui ouvre la voie

Des champs avec le chien toujours aussi

Charmé d’entendre de si justes propos.

Ne qualifiez pas d’absurde

Ce qui est en réalité plus complexe.

 

À quel point je suis différent de vous.

Étranger à vos réquisitions sommaires.

Je n’ai jamais éprouvé le plaisir

De toucher la cible à cette distance.

J’aurais fait un mauvais flic, papa.

Mon cerveau ne contient pas dans un casque.

J’ai réussi à ne pas devenir con, papy.

Pas au point d’aller pisser ou me branler

Sur la tombe du pauvre type

Que personne ne connaît aussi bien que moi.

Vois comme la poésie est une ballade

À défaut d’être le voyage promis.

 

Sans image ni son, sans ce décorum

Qui enchante mais ne charme pas

(n’est-ce pas ô mon chien d’enfer ?)

L’idée n’en est pas une ni ses sœurs.

 

Bien sûr il y a le paysage, les ciels

Et les vents qui sentent la voilure.

La broussaille prend un sens

Et l’ombre ne s’y définit pas.

Quelle que soit la beauté de l’instant

Et du lieu qu’il propose à l’esprit,

L’arc se fond au noir ou au blanc

Selon les circonstances de l’instinct.

Un jour prochain ô vagabond

Tu seras moins facile à déchiffrer

Et tu le sais. D’ailleurs si tu ne le savais pas,

Tu ne sortirais pas dans le mauvais temps.

Toi qui aimes le feu de ta cheminée…

 

Ce que tu fais ici, parmi eux, importe peu

Au regard que tu portes sur ta propre attente.

Tu n’attends rien mais on attend

Ou du moins es-tu en mesure de le croire,

De croire à cette possibilité d’erreur

Qui ne serait pas une erreur d’appréciation

Mais de curiosité, si j’en crois mon expérience.

 

Un jour prochain je saurai qui tu es

Si tu n’es plus l’objet de ma curiosité.

 

Oui ce fut par curiosité

Et non plus par désir

Que le passé a disparu.

 

Cette mémoire n’existe plus.

Pas plus que ce que je désire.

Ah ! c’est beaucoup moins facile

Que tes prétentions possessives !

 

Nous sommes faits

Pour ne pas nous comprendre.

Je le sais, mais tu ne le sais pas.

Tu n’es que le spectacle de mon risque.

Et je ne suis pas loin de te haïr.

 

Mais je ne chuterai pas aussi bas !

S’il m’arrive de me prendre les pieds

Sur le seuil de ta maison rêvée,

Ce n’est pas pour frapper à ta porte

Ni essayer ma clé dans ta serrure…

Je passais et je me suis arrêté

Plus par myopie que par curiosité.

Je ne te hais pas à ce point !

… si jamais je t’ai haï, ce dont je doute.

 

Bien sûr le paysage, les ciels, les arcs,

Le système des couleurs et des formes,

Ce vent qui arrive de Nantucket

Ou de n’importe quelle autre aventure

Hors du commun… toutes ces beautés

Que rien ne cache, ces pages d’horizon.

 

Je ne t’invite pas à partager mes points de fuite.

Je suis le vent et je ne donne rien

Qui ne soit pas purement parodique.

Tu n’auras pas l’arcane et le bas de ma laine.

Rien sur mes hivers d’angoisse

Ni rien de mes étés.

J’emporterai le printemps avec moi

Et tu ne sauras rien de mon terrible automne.

J’ai perdu à jamais mon double et la raison.

Il n’y a pas de place autour de ma maison,

Rien de si théâtral pour que tu t’en étonnes.

 

Fantôme de vent… ou lémure du vent.

Qui n’a pas sa fenêtre pour se passer de la rime ?

À cet instant je souhaiterai mourir

Sans douleur ni passion,

À peine dans l’angoisse.

Voyons s’il ferait froid dehors.

 

Il n’y a rien de plus poétique que l’absence.

« Surtout que celle-là est définitive. »

 

Finirez-vous par vous entendre ?

Quelle importance si je ne vous écoute pas ?

Et si je vous entends, où est la poésie ?

Mauvaise question car elle n’est pas localisable.

Elle est ce qu’elle est ou ce que je ne veux pas.

« Ce qui revient au même. »

Encore un article dans le journal,

Histoire de revenir sur les lieux

Sans la télévision ni surtout

Ses commentaires contradictoires.

Je ne supporte pas qu’on se contredise !

Mais c’est toujours anything alors…

Il doit y avoir un peu de vrai là-dessous.

Journal quand tu me tiens !

Arrachez n’importe quelle écaille.

Elle est la poésie même,

Mais à quelles conditions

Qui échappent au désir

De se contenter

De la gamme de prix

Qui définit le gogo socialement ?

 

Tu es la définition de ta définition.

À la hauteur des yeux de tes enfants

Le sucre qui les tuera un jour ou l’autre.

Les moyens de transport

Tuent plus que les guerres.

 

[...suite]

 

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