C’est à partir de presque rien que se déclenche la narration.
En effet, il y a toujours quelque chose, initialement. Une aspérité, une attraction, un intérêt ...
Une problématique ...
Puis, lorsque le flux narratif se projette, lorsque la meute des éléments syntaxiques - substantifs, verbes, adverbes, pronoms relatifs ... - et leurs architectures - avec ou sans proposition ... - se met en mouvement, tout prend forme.
Le réel prend forme.
Ainsi apparaît la démesure de ce qui est profondément humain, ainsi apparaît la longue description flaubertienne du chapeau de Charles Bovary, le déroulement d’une averse qui traverse tout le développement de la narration à l’intérieur d’une même nouvelle se dénommant " Délavé " , la description précise et lente d’un loup comme issu de nulle part et provenant d’une fresque particulière ...
A partir de presque rien, donc, la narration amplifie ce qui existait au préalable pour lui donner une dimension unique, singulière, une dimension pouvant devenir monumentale.
De par l’intervention narrative, ce qui était simplement humain devient surhumain.