En ces temps de disette mal comprise, les mots languissent.

Chemises longues fleuries et pardessus déchirés feront l’affaire.

Poèmes en guenilles, et dégingandée, abordent-absorbent des horizons inaccessibles mais clairement cessibles, en friches depuis longtemps dans les pages des magazines de mode à la mode.

Depuis que rhétorique recyclée rime avec poésie, les bons mots pullulent. On communique tous azimuts des petits riens, des fleurs de Narcisse, des étangs noirâtres, et les danses tribales ne s’arrêtent jamais, battent leur plein dans le vide des cœurs. La planète, ainsi, fourmille de messages qui ne s’adressent qu’à eux-mêmes.

Fond de teint et bonne manière, sourire de rigueur et propos doucereux masquent les luttes de pouvoir au sein de la grande ruche. La reine dort d’un long sommeil alpin, il ne faut pas la déranger. Le grand vizir aquilin veille au grain. S’affairent dans les plaines humides la valetaille taillable et corvéable à merci. Elle en redemande, mange du Sisyphe congelé à chaque repas.

Au loin, dans les montagnes alentour, résonnent de puissants échos venus des tréfonds obscurs. L’instinct de vie a la vie dure, l’intuition de sourcier bat son plein dans les clairières empoivrées, le feeling, le feeling, voilà la promesse de temps nouveaux, depuis que musiques et chansons sont de la partie, après avoir traversé l’Atlantique.

Chemins bleus traversent les plaines humides. Sillonnent les cœurs épris de liberté renouvelée.

Jean-Michel Guyot

3 mars 2019