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Sériatim 12 (Patrick Cintas) |
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![]() oOo Quelle ode ! Quelle unité ! Quelle chose ! Ce type riait tout seul assis à la table Voisine de la nôtre remplissant les pages De son carnet de ce qui était peut-être Une refonte totale de l’écriture / Ou bien ce n’était rien de tout ça Et nous rêvions en observant le défilé De ceux qui veulent être payés À la hauteur de leurs rêves d’enfants.
Vous ne voyagerez plus longtemps dans cette bagnole. Exégèse tout le long du chemin, interprétant le nain Qui dort en lui, comme la muse du mauvais poète. Ne cherchez pas à paraître moderne alors que vous Êtes les nouveaux rhétoriqueurs luttant contre les excès Que dis-je : les outrecuidances de ceux qui sont venus D’une autre planète pour montrer comment on monte Les chevaux par temps de corrida / sol y sombra À tous les étages / cette sensation d’être déjà venu Et les chants qui accompagnent l’ingurgitation. Les flics n’aiment pas qu’on leur rappelle L’échec scolaire qui les a placés où ils se trouvent En ce moment de votre propre insuccès : bagnole Bonne pour la ferraille et encore : je crois pas Qu’ils soient intéressés par la rouille / lointaine Origine de ces écrits pourtant à peine pondus ! Vous n’aurez pas la race et la romaine ! / copla Où ce type / qui n’a jamais prétendu être le premier Des hommes occupés à se reconnaitre dans un miroir / Emploie ses filles à ravauder ses propre filets / espoir De bonnes épousailles / perspective d’une réalité Aux antipodes de la poésie : n’écrivez jamais Que vous n’êtes pas venus : le ciel en témoigne Et : « je ne mens jamais » Gloire à vos épodes !
Les préoccupations du fils à papa comme de sa fille : Spectacle du bonheur à tous prix / les revendications Salariales sur le devant de la scène avant même la nuit. Cette nuit qu’il faut traverser chaque jour / « l’œuvre Des étrangers à notre système. » « Je me paierais De votre tête si j’en connaissais le prix ! » « Éclairez Ma lanterne ô minus habens de l’état civil ! » Théâtre De ceux qui ne sont pas venus pour déconner.
La modernité crevée comme bête À peine sortie de la terre nourricière. Et ces rhétoriqueurs en bandes organisées Autour des systèmes rémunérateurs / Non il n’y a pas de poésie Sans poème mais le poème Existe aussi bien sans elle / Populants et savants / Comme un animal blessé couché Sur le côté pour tenter de stopper L’hémorragie rougissant comme feu. Cette hésitation devant la difficulté Que la moindre illisibilité Pourrait opposer à l’attente Du plus grand nombre Le poète veut toujours dire quelque chose Que les autres sont censés comprendre. Il s’approche d’eux au lieu de les inviter À participer à son expérience du vide. Crachant toute la substance Qui lui sert de fluide binaire. Un type ou une autre Qui écrit dans un carnet Sur la côte où les vacances Sont le principe d’existence Provisoire mais bien réelle Ce type ou cette autre A aussitôt l’air d’un poète Personnage à ajouter illico À la compagnie des étrangers Qui illustre notre comédie Les soirs de grande douleur.
Cette envie que j’ai eue De continuer l’article Par autre chose Que le bavardage Copié sur les infos Circulaires du temps.
La poésie ininterrompue suppose une loi des séries. Or ici l’interruption est le principe du langage osé.
Quelquefois le cadavre revient en vainqueur. Lui qui n’a jamais rien gagné que sa mort.
Quelle passion pour les feux d’artifice ! Un flic consultait sa main noircie.
Je gagne peu mais je gagne. Je dis ça comme ça, mec.
Possible rendez-vous Avec la mort ici…
« je n’ai jamais été (pas allé) plus loin que le quai où mon père embarquait pour se perdre une fois de plus sans espoir de revenir »
« les idées ça pullulait comme des parasites et on attendait le soir pour ouvrir le toit à la Lune et à ses enfants »
« la pluie n’entrait pas dans la maison de mes pères alors que la toiture laissait passer le jour »
« avez-vous essayé de refermer la plaie comme font les chasseurs ? »
« le poème est partout c’est peut-être ça qu’on appelle dieu cette sensation qu’on en saura plus si ça dure plus longtemps que prévu »
« comment fonctionne l’esprit ? quand on saura ça on saura tout »
« on se fera bouffer avant d’y arriver le mieux est de ne pas s’en aller »
Escaladant les rochers Comme si c’étaient Des chevaux de manège. Le ciel tournoyant au-dessus Et les étoiles se multipliant Chaque fois que le disjoncteur sautait.
« Et si tout ça n’avait aucun sens ? Je pose la question parce que des fois J’ai l’impression que je me dois Plus aux hommes qu’à Dieu… »
« Dites ce que ça ne dit pas Quand on se tait soi-même. »
« Une belle tranche de cette viande Cuite sur les deux côtés avec Un verre de votre vin de famille… C’est comme ça qu’on l’appelle, n’est-ce pas ? »
Et si tout ça n’avait aucun sens… ? Charme momentané d’une évidence révélée Par l’agencement des mots. Une pluie de « poésies » Sortie des salles polyvalentes Et des cours de récréation. Quelque part un pauvre type Ne supporte plus sa solitude Et songe à la mort avec ironie. Seringues des cages d’escalier. L’ascenseur est en panne kaput Le bras d’un camé qui aime les vieux Et s’imagine les respecter. Nous traversons ainsi nos demeures Et nos lieux. Celui qui a perdu un ami Dans un combat à l’issue incertaine N’acceptera jamais qu’on ironise Sur le sort des victimes de la guerre. Descendant cet escalier monumental Le vieil homme se dit qu’il va falloir Le remonter / avec le poids des courses ! Mais le camé offre son bras squelettique Et voilà que commence le voyage incertain. 7 étages de ciment souillé par les passages « Au lieu de ça j’ai eu cette idée sommaire De sauter par la fenêtre comme si je savais Voler avec les pigeons qu’on ne peut Même pas manger pour éviter les déséquilibres Nutritionnels. !! Mais enfin, jeune homme ! Vous ne m’écoutez pas ? — Tu me rases, L’ancien ! » Ils écrivent des romans pour nous Divertir de ce qu’on sait déjà pour l’avoir Vécu et avoir même à le revivre tant que Durera cette existence de hasard sans les dés. Sur le trottoir une vieille attendait qu’on Lui offre un bras pour l’aider à traverser Alors je me suis proposé et j’ai eu envie d’elle.
Des tas d’histoires de ce genre Sur la table aux tréteaux aussi Peu théâtraux que possible.
Vous ne reviendrez pas sur les plages normandes, Mes beaux alexandrins. Et déjà cherchant la rime qui permet les voyages.
Quelle drôle d’idée Que de vouloir mettre en vers Le jour le plus long De Cornelius Ryan ! Il s’en est fallu d’un cheveu Que j’y parvienne, Médor !
Là-haut un pauvre type songeait À mettre fin à ses tristes jours, Ses longues nuits sans rêves, Cette succession d’échecs. Seriatim des banlieues de l’esprit.
Aujourd’hui ils veulent imposer L’idée d’une société ville/campagne Oubliant l’interstice des banlieues Et les rivages aux réels horizons.
L’idée d’une poésie chaos/unité. Et dans l’interstice ce pauvre type Qui se sent seul avec sa propre mort Comme si cette compagnie le préservait D’une tout autre définition de la solitude.
Soit tu veux mourir parce que tu es jeune. Soit c’est la vieillesse qui te conseille. Et dans l’interstice, tu passes ton temps À te demander si ça vaut encore le coup De revivre ce qui vient d’être vécu, seul !
Ils s’amènent avec les décors. On va pouvoir jouer avec eux. Les écrivains qui savent écrire Et ceux qui ne le savent pas.
Dehors ces entrées dans les gouffres du spectacle Organisé par les enfants des propriétaires. Cirques et théâtres, tournées et projections. Voire meetings politiques et défilés à la mode, Genre contestation on veut plus de pognon Pour nous élever à la hauteur de votre bonheur /
Ces gosses qui trottinent sous les cierges en Espagne. Formant la boule utile autrefois à l’éclairage Des intérieurs. Rideaux voletant aux portes. Il n’y avait pas de carreaux aux fenêtres. No son todos pescadores
Comme si le monde était enfin entré en moi Et que je n’avais plus qu’à en parler Pour passer pour un poète.
« Je ne suis ni plus ni moins un homme. » Mesurant l’importance des fêtes populaires Et la nécessité de la rigueur scientifique.
« De temps en temps ça me prend Et je me sers des mots de la chanson Comme si j’étais en train de séduire La femme que j’aperçois encore Dans les rues de mes rêves… »
Quel plaisir peut-on prendre À rechercher l’unité De ce grand bordel ? — Mais oh monsieur Ce n’est pas une question D’unité ni de cohérence ! Vous pensez ! Nous avons Dépassé ce stade primaire De l’évolution cognitive ! Ce que nous recherchons…
Pauvre type à l’étage songeant au suicide. Chaque fois qu’il se met à écrire il renonce À ce non-voyage au centre de la Terre Et de ses habitants / voyant l’animal / Par exemple un chat / tenter de lui inspirer Une histoire qui ait valeur de fable / Afin de figurer parmi les grands fabulistes De l’Histoire / qui en est au fond la seule Chronique / l’animal au poil si doux !
Je dis pauvre type comme je dirais pauvre fille. Avec sous la main tous les ingrédients de la fuite. L’argent qu’il faut gagner pour ça aussi ! Toujours l’argent ! Quoique vous en fassiez !
« Travailler ou voler, on n’a pas le choix des armes. » Se poser la question de savoir si ce type (cette fille) Travaille ou vole pour payer le temps à la hauteur Du plaisir recherché. Vous n’écrivez pas pour écrire. « L’art doit servir à quelque chose. » Misère du sens !
Mot à mot des passions exprimées à l’écran. Seriatim des discours conçus non pas pour convaincre Mais pour éveiller. Cette seule titillation du sens. Mais lequel parmi tous ces sens ? Soyez fidèles.
Baudelaire inventant sa propre histoire Pour attirer le chaland.
Hasard ou calcul des textes qui parlent de nous En fonction de ce que nous croyons être. Ce type (cette fille) feuilletant les données Du suicide dans les pages d’un bouquin Consacré à la torture exercée en temps de guerre.
Inventez-vous une histoire Plutôt que de chercher un concept. Parcourez les sentiers du récit Au lieu de thésauriser dans l’idée.
On vend toujours mieux l’attraction Que l’attente /
Choisissez votre camp : Le jeu (avec ou sans les autres) Ou la mort (maintenant ou plus tard)
No son todos pescadores / Qui suis-je ? Qui me veut ?
Au bras du seul camé de l’immeuble Il remontait dans ses appartements Avec l’idée d’inviter cette « aimable personne » À partager le repas de midi avec lui. Mais comment le lui dire Sans lui donner à penser Autre chose que ce que ça dit… ?
Renouez avec l’errance Parce que de toute façon Elle finit par faire le tour des choses. Voilà ce que je voulais vous dire.
Du volumen au codex et maintenant le browser. Qu’est-ce qui m’empêche de lire selon le rotulus ? Et pourquoi j’ai tant de mal à ouvrir ce bouquin ? Alors que mon esprit exprime sa joie Chaque fois que mes yeux se posent Sur mon écran / Écrivez pour l’écran Et continuez de lire comme ça vous chante !
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