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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 18 (Patrick Cintas)

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 Article publié le 16 juin 2019.

oOo

Vous faire parler de force

Mais sans vous torturer

Comme on fait à l’école.

Quelle est cette force ?

On dirait que je l’ai

Sur le bout de la langue

/ Sur le bout de ma queue /

Ne pas agir si seul enfin —

 

« Quand j’aurais plus la dalle

Ni ce besoin de me faire aimer :

Vous n’existerez plus pour moi

Et j’aurais des dents en or ! »

 

Je vis : je vis ce type monter au ciel

Et exprimer sa joie en déféquant

Sur le public qui n’était pas venu

Pour lui / les pages tombaient

Du ciel en tournoyant automne.

Vous n’pouvez pas savoir quel

Bonheur ç’a été pour moi de

Signer l’éclairage de ce spectacle !

 

Une seule phrase comme la malle de l’aubergiste

Que Cervantès a rêvé pour nous en plein cœur

De son personnage / j’en trépigne chaque matin !

 

Qui vous voulez être :

Un poète de salle polyvalente

(pour ne pas dire de bibliothèque)

Ou un chercheur qui ne trouve rien ?

Faut savoir écrire pour trouver.

C’est pas donné à tout le monde.

Vérifiez que le type (ou la fille)

Qui écrit sous votre nez

A quelque chose sous la plume

Et autre chose que de bons sentiments

Ou des idées qui ne servent à rien.

 

« À part adhérer à un ensemble d’idées

Qui forme la claire mission du groupe,

Que voulez-vous que je fasse

Si je veux vivre sans me soucier

De savoir qui a raison et qui a tort ? »

 

Ce type qui s’accrochait à la vie

Parce que son existence avait été

Exceptionnellement remplie de

Toutes les joies qu’on peut imaginer,

Ce type s’appelait Salvador Dalí.

 

Un tour d’horizon des hôpitaux / villes en soi /

Maîtrise des statistiques et contrôle de soi /

Ces apparitions télévisuelles enchantent le

Poète qui en devient la sténodactylo appliquée

/ Ne sommes-nous pas tous de petits employés ?

Salariés ou indépendants / a cuenta ajena o propia /

Parallélisme des hôpitaux et des sources d’emplois

Dans un formidable écran de fumée statistique /

Nous qui ne savons que ce que nous savons / nous

Incapables d’aller plus loin que le bout de la rue

/ Au passage des vitrines dites de première nécessité

À intervalle (selon quel écart ?) les rêves à satisfaire

Sous peine de connaître des problèmes dits mentaux

Ou en tous cas de sérieux problèmes relationnels /

Ces corps passant devant la salle d’attente / morts

Remplaçables comme n’importe quelle autre chose

Dont la fonction est déterminée précisément par

L’organisme : qui suis-je si je ne possède que ma maison ?

Qui suis-je si je ne sais pas ce que l’étranger pense

De moi / les migrations ajoutent du sens à ce genre

De réflexion : ces gens qui s’accrochent à leur mode

D’existence / qui suis-je si je me souhaite une mort

En poème ? Le type qui résumait l’énorme étude

Statistique avait tellement l’air sûr de lui / le député

Clignant d’un œil en direction de son ennemi /

« Nous ne cesserons pas de nous cannibaliser : »

Puis le soir avec ses loups chargés de la sécurité

Des biens sous prétexte de veiller à la tranquillité

/ faute de bonheur / des personnes en état de

Voyager / « tout a été dit mon bon monsieur »

Et je disais que je ne souhaitais pas autre chose :

Que tout fut dit depuis longtemps et que seul

Le langage est encore un terrain de découverte

Ou mieux dit : la source des inventions nécessaires

À la préparation des agonies en général / Pénélope

Ou Eurydice : quel est le pendant masculin de

Cette question ? « vous ne trouverez rien de plus »

 

Enfin il sortit et se perdit dans la foule

Qui rentrait chez soi ou se préparait

(individuellement) à dépenser son

Argent et son temps en plaisirs

Formatés (eux aussi) depuis longtemps.

 

Dans sa poche l’outil statistique prélevé

Lors d’un piratage / la question maintenant

Est de savoir s’il a laissé des traces : un séjour

En prison le rendrait fou / il y pense en

S’engouffrant comme le vent dans l’ouverture

Qui n’est pas encore sa porte mais y ressemble :

 

Bercez-moi d’illusion

Dans le berceau familial !

J’ai retrouvé le testament

De papa et maman :

La même écriture :

Bizarre, non ?

Eux qui ne se sont jamais

Mis d’accord sur mon sort…

Bercez-moi d’illusion

Dans le caveau familial !

 

Il descendit dans les entrailles de la terre.

Boyaux illuminés aux affiches grotesques.

Un tremblement constant affectait ces murs.

Sous ses pieds la poussière semblait métallique.

« je ne suis pas celle que vous croyez ! »

Moi non plus dit-il je ne suis pas celle : mais

J’ai voulu l’être quand j’était petit enfant

Du couple travaillant et jouissant d’une existence

À la hauteur de la politique la mieux partagée.

« on fait de ces rencontres quand on ne s’y

attend pas ! » moi non plus je ne m’attendais

Pas à : suivant la trace des autres : voisins de

Palier / « je ne savais pas que vous habitiez

ici ! » moi aussi je m’étonne : chaque jour je

M’étonne et je ne reviens pas « je ne suis pas

Comme vous : je ne : »

 

« Faut que je constitue un capital ! »

 

Dot des filles balaises

Qu’on ne baise

Qu’à crédit

 

J’ai dix / que dis-je : vingt pavés

Dans les interstices de ma vie

Privée : suivez le chemin tracé

Par la trace de mon ombre :

C’est le drap qui m’a excité !

Cette soie et ce chou, ah madame !

 

Comme j’étais petit

Quand j’étais petit !

 

Les pieds noircis du promeneur des villes,

En sandalettes se promenant sur les grands

Boulevard où le Capital reprend ce qu’il a

Donné : l’enfant voulait monter en croupe

Derrière la Jeanne de la légende du feu

Sacré : comme je suis venu grand

Quand je serai grand !

 

Les vers du poème

N’étaient que les asticots

Des mouches à merde.

En ce temps…

 

On s’y tient quand le vent emporte ses feuilles.

Accroupis devant le pot en attendant son tour.

Vous n’aurez rien qui ressemble à la vie :

Besogneux de l’illusion comique / des fous

Jaspinent eux aussi : mais ils n’attendent rien.

Ils ne sont pas venus pour ça : c’est le vent

Qui leur a arraché les cheveux : sortez si

Vous voulez le savoir : cheveux au vent dehors !

 

« Ô maison où je suis né !

 

Je n’ai pas la force de vous en parler :

Pas aujourd’hui par temps de loups.

J’ai tout perdu en ne gagnant rien.

 

Lumière des fentes du volet la nuit.

De loin on pouvait croire à une sorte

D’amour : le vent emportait les feuilles.

 

N’avez-vous jamais rêvé de posséder

Vous aussi une maison avec ses vents

Qui viennent de tous les coins du monde ?

 

Les jours sont si longs que la nuit est profonde.

Enfoncement comme dans le métro :

Chemin des habitudes avant les vacances.

 

Un enfant est toujours seul : cruauté des

Parents qui n’y pensent pas : le psychopathe

Exerce son prépuce dans les fourrures.

 

Avez-vous connu l’émerveillement causé

Par celle qui ressemble à vos sœurs mais

Dont il est possible de rêver tout nu et chaud ?

 

Cette vie qui devient tellement féérique.

Demandez et vous recevrez à la hauteur

De votre travail / et de votre appartenance.

 

Joues certaines des buissons où se cache

La première tentative de possession et

Les mots qui accompagnèrent le retour

 

À la maison / cette maison que vous rêvez

De posséder : tout le monde a droit à un lieu

/ comme tout le monde a droit à un personnage.

 

Misère des transports en commun : feuilletant

Les bouquins de l’attente / la vitre se couvrant

De la poussière industrielle : métaux finement

 

Dispersés au rythme des parcours imposés.

« Vous souvenez-vous d’avoir mis les pieds

Sur les tapis de nos bureaux ? » Dot à crédit

 

Des dondons de l’héritage familial : érections

Sur demande dans les boutiques du numérique.

« Rappelez-vous que nous habitons au septième. »

 

Je n’ai pas la force de vous en parler :

Je coupe à travers les jardins des palais,

Enfourchant des statues habitées par

 

Les oiseaux / je trouverais le temps long

Si j’avais attendu avec eux / mais je suis

Seul maintenant / et l’eau de la baignoire

 

Est tiède et tranquille / plage des coquillages

Après une inoubliable tempête que nous vécûmes

Derrière les vitres d’un hôtel : « je retourne au

 

Travail / si tu n’y vois pas d’inconvénients / »

Qu’est-ce que j’ai pu écrire comme poèmes en

Attendant que la nuit s’achève : l’endroit respirait

 

La vie : et j’aimais la vie à ce point : moi le héros

D’un roman qui ne vit jamais le jour / ballets des

Grooms dans le couloir : tu sortais d’une chambre

 

Et ce n’était pas la tienne : nous eûmes encore

Des vacances de rêve / puis la vie devint moins

Accessible : et nous avons fini sur le trottoir. »

 

Qui parle ? Question posée depuis sa saison en enfer.

Qui est qui ? Suis-je le seul personnage ?

« J’adore me réveiller le matin ! »

J’ai noté cette parole plus d’une fois.

On s’habitue à tout, dit la sagesse pop.

« Ce ne sera pas la moindre de mes inventions. »

Des mouettes perchées au vent.

Les nœuds métalliques rouillés

Sortant du béton en miettes.

« Je n’aime pas qu’on me mente. »

Ces poèmes qui n’en sont pas.

Les gens simplifient ou s’égarent.

En finir avec la poésie.

« On n’aime que ceux qu’on aime. »

Que voulais-tu dire par là ?

Puis j’ai compris que l’hiver

Est la saison des infortunés.

 

Gratouillant du bout de sa plume d’encre

Les pages d’un carnet qu’elle exhibait

Moins que ses jambes toutefois.

 

Vous connaîtrez la poétesse aux accents tragiques

Qui sait toutefois se donner pour alimenter sa légende.

 

Parlez-moi de ce roman.

Vous avez la dent dure,

Paraît-il / dit-on / mais

Contre quelle sorte de

Chair ?

 

Nous n’avons que le désir de vivre

Et s’il n’est pas à vendre

C’est que nous ne savons pas comment

Le vendre.

 

Nous ne gagnons de l’argent

Qu’en satisfaisant les désirs.

Le besoin aussi, avouons-le.

 

Servez sans vous poser la question

De savoir qui vous ne servez pas.

 

Ici, on ouvre le toit par endroit : ainsi

L’été nous baigne de ses lumières /

Et vous savez comme elles sont belles !

Sinon la chambre est plongée dans le noir

Et nous nous servons de la cire des processions

Pour alimenter nos bougeoirs.

 

Pas difficile de déchiffrer si

On se laisse porter par les crêtes.

Je n’ai rien dit du creux de la vague :

Cet exercice n’est pas une sinécure.

Et je mesure mes mots quand je dis ça !

 

Vous voici cherchant la poésie

Où elle se trouve / d’après

Ce qu’on sait de cette nuit des temps.

 

Vous n’avez jamais procédé autrement

/ me semble-t-il /

Nous nous connaissons depuis si longtemps

/ vous et moi /

 

Dallage des sols percé de petits jardins de fleurs

Toutes plus colorées que les murs où se distingue

La broderie des tableaux / en vente malgré

Le sentiment qu’éprouve le propriétaire des lieux

À l’égard de ces « créations uniques »

 

Dehors les gens se chamaillent à propos du prix

Ou de la morale / jamais question d’autre chose mais :

Remontant avec elles vers le soir je compris

De quoi ce type avait voulu me parler.

Connaît-on jamais assez le prix d’une seule

« Observation pertinente » ?

 

Ainsi le poème ne comparait pas

/ comparaît pas.

 

Boire à la source même de la joie.

Comme caresser un nouveau projet.

Dessous les organes frémissent déjà.

On sent comme ça s’organise : jet

Comme sorti par le petit trou de la seringue

/ qui vaut le grand de la lorgnette.

À la place des animaux mythiques :

Des noms bien connus depuis l’enfance.

La bibliothèque

Qui s’anime de fleurs.

« Nous sommes tellement pourris

Par cette abondance de références ! »

Pages de racines

Qui cherchent l’eau

Et le minéral / la soif.

 

L’énorme différence

Entre un voyage au centre

Et quitter la surface.

 


[...suite]

 

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