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Musiques de Patrick Cintas
Sérénade - musique de Patrick CINTAS - Collection Triana "dire le texte"
[E-mail] Article publié le 11 octobre 2007. oOo
Marta CYWINSKA dit Sérénade en français sur une musique de Patrick CINTAS. La version polonaise est en préparation. Certain jour d´été, un homme apparut sur la route, venant du Sud, de Grenade ou de Málaga. Il allait nu dans une couverture et ne demandait rien à personne. Pour moi, c´était un adepte de Gautama [2] Nous le croisâmes même sur l´autoroute. Il coucha une nuit dans un ancien magasin près de chez nous, sur la plage. Il continua sa route vers Almería et nous le croisâmes encore près d´El Ejido. Quelques jours plus tard, nous eûmes de ses nouvelles par la télévision. La caméra nous le montra assis sur le trottoir, enveloppé dans sa couverture, les pieds noirs de crasse et la tignasse poussiéreuse. Le fait pouvait paraître banal et il n´aurait pas attiré les journalistes si le voisinage (un concept très important, la vecindad, en Espagne) ne les avait informés de la priorité des circonstances. Les femmes, toutes voisines, témoignaient : cet homme était peut-être le Christ, voilà ce qu´elles avaient à dire au monde. Elles le nourrissaient sous l´oeil attendri d´une police moins placide en d´autres temps, et plus d´un responsable politique s´inquiéta de ne pas déranger ces esprits en proie à des compléments de croyance peut-être hérétiques. Pendant quelques jours, il ne fut question que de ce Christ. Et il disparut comme il était venu. Que croyez-vous qu´il arriva ensuite ? Et bien, non seulement cet élan populaire ne donna pas lieu à une nouvelle religion, car il se situait au coeur même d´une doctrine déjà établie, mais encore les discussions tournèrent court et il ne fut bientôt plus question du Christ ni surtout de la possibilité de le voir apparaître aussi facilement que cela arrive à sa sainte mère. On sent là des influences supérieures. Je me suis donc emparé de l´anecdote et j´ai imaginé qu´un homme simplement descendu de la montagne du río Grande se retrouvait presque nu parmi les hommes et les femmes de son temps. Les femmes, douloureuses et presque infinies, sont sur le point de soutenir la thèse du retour du fils de Dieu parmi les hommes de son espèce. Et les hommes, non moins tragiques mais narquois, jouent tout simplement du couteau. |
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