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Le récit ruisselant (Pascal Leray)
11- Au bord de la falaise
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Après-midi de pluie, et pourtant dénué de pluie, à écouter les chants d’un immense opéra. Quelqu’un égrène sa musique mais ce n’est pas un acteur, c’est quelqu’un qui se fend. On l’acclame. Il oublie d’être ici, on le voit, c’est l’instant qu’il expose, un instant de douleur et de pluie. Mais la terre se morcelle avec lui...
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- Au reflet de mes voiles toutes tissées d’arachnée, j’achèterai parfois des chemins pour m’y croire élégant, débusqué, d’un hasard aux saignées belliqueuses. - Avec ton lieu, ses recoins sombres, suprême vendeur, je fournirai en confortables cimes la durée de tes travaux. - Sédiments : trop précieux plomb pour me sauvegarder- ! Je ne suis qu’un entremetteur Tout juste destiné -
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- Cela — qui tient de l’air, de l’eau et ne s’écoule pas, qui ajoute à l’espace, à l’espace intérieur aussi, mais qui ne se renifle pas, qui est une respiration - avortée - - Mais qui se développe aussi, un langage ou un mot impuissant à saisir son tracas, une orpheline vérité. - De loin, qui paraît une plaine. De haut une forêt. - Qui semble un animal, rien. - Qui ne vit pas, pourtant, n’a qu’un souffle et un chant déchirant, avec la ferveur d’une romance, d’un motet - M’enchante, et me traverse -
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- C’était aux premiers jours d’avril, un lourd nuage m’avait rendu ----nerveux. J’écoutais ses révolutions, je les retranscrivais. Je les lisais à voix haute mais nul ne voulait m’écouter. On voyait mes lèvres et on voyait qu’elles étaient rouges et de leur ----incarnat, on déduisait ma nullité. - Ce qui ne sortait pas de ma si haute voix, n’était son agressivité, Son tremblement, sa nudité (son implacable mutité mais je résonnerais toujours ainsi), n’était — qu’une lente bouffée Dans une fumerie d’opium.
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- La nuit lorsque s’en vient ouvrant trop grisement ses bras la rumeur accablante et froide franchement du cinéma - où tu te dévêtis offrant, à des spectateurs à-demi ensommeillés la clarté de ta chair son mépris pour la vie, - ton effroyable sein du soir les abusant à leur montrer, sans rien en dévoiler, l’abreuvoir desséché des larmes qu’ils ne trempent pas - Car ce sont tes couleurs, en premier lieu qui émerveillent dans ce fantasque cinoche inanimé au centre de la ville.
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- Cinq minutes pour quitter cette sombre paroi, et il faut y songer. Les deux en un, je me ramasse, fruit de poule et d’obsolète. Nourri un jour à la vieillerie de la bascule, au lendemain d’un placard plein. Nous avions la sorcellerie. Le lendemain. Et j’imagine tout ce lait évanescent souffler Le quai aux cohues des nuages.
- - Tu as ---d’un côté -------le symbole --------------------------------et de l’autre ----------------------------- qui se veut ----------------------------------ta main - -----------------------amiable - ------tu n’as rien -----------(c’est sa voix ----------------------sans écho ---------------------------------------------antérieur ------------------------------------ tu n’as pas à choisir –
- - Dans la foison de l’ombre où tu t’inscris, mon ombre, je te vois glisser en silence- jusqu’à des eaux sentimentales. - Tes lentes rêveries pour lesquelles la chambre où je me réunis parfois est trop étroite et une larme y coule encore parfois. - Attendu le sommeil viendra voir se révéler ta fixité et ses déplacements. - Alors tu es entrée, je t’ai mal reconnue les briques de la demeure où nous dévorons en tête à tête semblent pouvoir à notre commune faim de sédiments.
- - Dans un palace aux chambres vides, vastes, vides, dévastées, sans un verrou de vérité qui se dévoile dans le vestibule qui ne mène à nulle de ces chambres. - Palace comme un jardin génital où je me vois -----gueule de verre vivifiée -----par la promesse d’une vitre -----qui me mire sans me recevoir. - Et je dévale ce parquet trop vert d’herbes vrillées, déshabillées qui dévorent mes pieds. - Quant au palais de mes esprits, c’est solitaire et sans un bruit mais je m’ennuie, à raviver l’absence de vraie vie du voisinage que je suis.
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- -----Dans une pièce --------------- il resta écroué -----de sorte que les murs ------------------ s’irritent, puis - ---------- le supplient de partir - -------- mais à la porte ----- qui fondait -------------- nul pleur ne résonna -----ni des murs --------------qui se tordaient -------------------- idiotement ----------------------- de rire -
- - De la mort, de la mort et de l’orage car ce sont des cadavres, ce ciel gris. Ces feuillages qui tombent dans un caveau tout de pluie. - Mais le vent - assombrit les visages. Convives rencontrant la pierre surannée du cimetière où ils naquirent d’ultérieurs hivers en lesquels croit chacun de nous ---qui clame procréer. - Car la témérité du mauvais temps remplit nos morgues d’inutiles hôpitaux. On croirait voir sous le glacis quelques soleils Et c’est la pluie des giboulées qui se rabat. - Sur les corps debout, prêts à s’endormir, Des amants sédentaires voués à ce mur d’hiver, la mort, le mauvais songe. - Croyez, très-chers, L’inutile risée de ma nativité.
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- Des voix, dont le ténu remerciement Aggrave l’inquiétude, esquisse Un corridor de gel Dehors ---------- était son corps. - Fenêtre, pour qui l’on a tout amenuisé - fictive nuit où pas une âme ne s’est rencontrée sans le fantasme qui lui paraissait contraire. - Cherche en l’ombre au mur des mains que tu hébètes. Le chemin étroit qui devenait, d’un rêve sans issue, ta propre silhouette. - Pauvres voix, percluses par le volet que ne dévêtent pas les premiers plis du jour.
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- -----D’une échelle -------- qui se -----tord, -------- Désarroi du -----manège : -------- Arrêté dans ----------- l’élan —
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- Dans un jardin de l’Éden double à l’ombre, avec une bizarre égalité, insaisissable et répandue. - Un jardin entrouvert. A peine si on le devine devant soi, pour que les marches de ce qui n’est pas un escalier (leur progression est trop instable) ne se dérobent pas. - Deux personnes occupées aux mêmes fleurs sur un même parterre repassent comme si elles se croisaient. Leurs ombres inversées s’extournent. Aucune des deux ne comprendra.
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- -----------------------En raison des orages -----------------------des ruisseaux soudains - -----------------------------------------Le train et --------------------------------------------------le chemin ------------------------------------------------ qui ----------------------------------------- se volaient -----------------------------------------de leur temps - -----------------------ne se connurent ------------------------ pas —---------------- - ------------------mais-------------------------- -------------la terre ---------s’ouvrit--- -
- En tout cas, je risque de mal respirer ces temps prochains, risque aussi de n’être plus moi-même. A trop me dépecer d’une administration de qualités que j’ai connues pour le meilleur pour le meilleur de moi-même pour le meilleur de moi-même que je ne suis plus, mais plus du tout. Que j’ai connues pour être le plus qualitativement moi-même que je tranche et je distille le
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- Encore un temps et nous et je ne me rassurais pas irions. Nous coudrions des veilles sur des mouchoirs frottés contre nos cuisses. A la verdeur du soir au calme étang irions. Ce n’était pas la nuit pourtant ni le vacarme, ni l’espace ni le lampadaire.
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- Espace, chante-toi, deviens un arbre de murmures. D’une croisée, tes chemins combustibles, ----je m’y suis admis. - Et calme cette valse - Sur le pas de l’érosion ---de la promesse d’un violent dimanche - Amour, de l’inconstante insurrection --où je te trouve, ne te trouve pas ---c’est l’ombre maintenue, par-- ----dessus ton épaule, c’est mon sang. - Fragile, chemin maigre et vaste, épaisse brume - --un charnier où tu danses. - Mais tu ne mêlerais aux villageois que de tes rythmes réversibles - Avec toi, chair de ma fenêtre je voudrais la conscience d’un rêve. - -
- Et pour ce qui concerne ta tête de licorne mal lunée, désespérante : qui rit à travers l’air - je vois le peu solide, le peu flexible. - ...et la licorne boit... elle buvait toute l’eau... - Et pour ce qui concerne l’environnement de la licorne on l’imaginait seule, à travers l’air. Elle flottait désespérément mais je tiens à revoir son bocal noir. Je tiens à reposer la main sur cette patte de lave. J’espère écouter toute la vie de l’Atlantique dans cette condition.
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- Hier ou avant-hier, je ne sais plus, on entendit un bruit, dehors - un bruit réfractaire à mon ouïe qui me criait (qu’il est ici) et je dressai la main--- bruissant, feignant localement de saisir ce débris revenant...----------------sauvagerie... -----indécision et nulle... spectaculaire... - Il revenait ! - Pour séduire l’ombre un mur de plâtre, c’est ce qui convient et du talent, certain, à la folie. Ce ne peut être ma propre ombre grandie derrière. Elle a déjà fonction. Elle applaudit le paroxysme des ébats - et le bruit revenu revenait à mon ouïe. -
- Il faudra bien que le monde autour de moi se calme. Et qu’enfin il comprenne que son entreprise est vaine, vouée au vent des sables. - Je le lui répète, bien sûr, mais il n’entend pas. Il ne connaît qu’une injonction d’allure dramatique mais qui ne s’entend pas elle-même, qui se méprend dès lors (j’en suis certain) et qui nous joue cependant... - Si une explication théologique se dessine, j’entrerai en guerre. Sinon, je voudrais m’en moquer éperdument et rester immobile, en attendant que tout cela se passe.
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- Ta demeure est en feu ! Tu ne la commets point Si tu te remémorais par toi-même Tu saurais, au fond : tu ne vois rien - Mais Il te faut - et ce sont tes yeux qui le disent La flaque froide du printemps - Et tu la brûlerais A l’électricité, rassure-moi Tu ne ferais que l’échauder - Au fond, les eaux sont tout ce que tu peux A toi, leur façade inutile !
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- Il s’agissait En quelque sorte De rester debout, rectiligne --------------- une récitation --------------- pour nous en divertir - ----- Chorales — -------Les voix -----glapissaient de leurs âmes --serpentaient autour d’un récital plus grave ------------Une plus haute note ---------pendue à la gorge - Afin peut-être qu’elle se fende --------------afin de voir, sous le---- parvis de son jardin d’étreintes -le germe ----de sa floraison crueuse -
- J’aimais — un doute volcanique et il m’attendrissait - j’étais le compagnon de ses ambiguïtés. Les sages routes ne menaient pas où nous irions enfin, dans l’autre temps. - Mais j’ai plongé la tête, vomi deux ou trois -----cratères - j’ai récité un éloge. Une première fois, j’étais tombé : ici, peu d’évidences, je me trouverais. - Le face-à-face avec les flammes ne s’est pas produit. J’étais chez moi, enfin. Je regardais la sonnerie sans mesure ---- de mes volets clos. - - La cité qui s’esquisse, sa main cérébrale Ses vitres Si pures de gouttes Depuis longtemps tombées Si l’on parle à la pierre Innocente, invertie On se fonde - en soi-même - ici même Où l’on se situe peu - - On ne répond jamais à la cité On ne sert ni à soi ni aux calmes parois Qui se glissent "en ventre" Aux verticales clartés On ne répond jamais Parfois si - mais sans le verbe abrupt Perméable du temps Qui a vu se construire D’inutiles parois S’il n’avait un jour fallu les enfouir - -
- Je voudrais revenir à la pénombre et à l’incantation d’un seuil qui est le mien car il me voit, me répondra et je voudrais auparavant le détromper. - Aussi, je bâtis sur le vide d’un dimanche une prière analytique. - Il est facile d’inscrire la moindre ombre sur le vierge espace d’une page. Cette facilité qui me fait presque perdre mon temps. - Alors que tant de jeunes filles tournent vos multiples têtes, couloirs du métro ! Il faut que j’en sois là, décevant d’un espoir, en une prostration qui rappelle un fauteuil.
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- J’étais l’amant d’un acte frivole et grotesque, un acte de croyant, de renégat, une luxure, un acte sans sa pièce. - Ce sont mes passions calmes, teintées d’érotisme à la lueur du jour, de mon déclin, qui remontaient, leurs tourbillons, connaissez-vous ? Les éructations du sommeil.
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- Je m’arrache à moi-même, à l’idiome du songe et me dénue de nuit et ainsi de tout ce qui est tiède. - En moi j’énumère les profondes, inutiles craintes Je les soumets à un jugement irraisonné---------------------------------------------------------------------------------------- - Car je ne me suis jamais blessé Car je connais mon incapacité à découdre mes chairs Je me refuse à pardonner le sort, moi-même Pensant - - Alors ? Je feins de m’éveiller dans la douleur le plus souvent désespérée, incantatoire. Qu’il ne me reste rien ! Je veux écarteler le songe dès son aube. Accroître son empire sur ma dépression. - Et il n’est jamais tôt à cette fin Rien n’est jamais de trop.----------------------------------------------------------- -
- J’imaginais hier Mais non : c’est aujourd’hui que j’imagine Bruits et volets clos comme en attente... - Car ce qui peut surgir Comme une main entière est une flamme Irréversible comme un jour - Et comme inextinguible je regrette Un fruit que ma naissance a pris de court Une heure passée hier, ce jour
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- La foule s’engouffra dans un wagon infime et n’en revint -----jamais Ç’avait été une heure, de partir et de revenir A présent, c’était à la fois plus solide et inexact Et chaque voyageur tenait son mot Comme un enfant — sur sa poitrine Et souriait (pour alléger l’effort) Mais quelle schizophrénie aurait pu soutenir Leur multitude de sourires ?
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- La geôle, tout d’abord, existe. Ensuite, tu écris ; et le mot, bien après, apparaît. Ton regard a la forme d’un œuf - ainsi également du mot... chacun, vous vous représentez l’imperfection et votre séduction ne mène pas à quelque chose. - Mais comment écris-tu ? Tes mains, tu as conscience qu’elles n’y sont pour rien. Ceci, qui ne fait que te traverser, parfois, tu en es le ferment - et c’est pourquoi tu es muet. C’est aussi ce qui rend à l’écriture sa véracité. - Tu n’entends pas des voix, en fin de compte. A l’heure du souper, tu convaincs de sordides fiançailles les informations. - Et pourquoi cette robe ? Ressemblante aux lèvres que tu cherches à ravaler.
- - La protection de la maison n’est pas une vaine ironie Que je veuille en élucider ou non Le seuil, simplement secoué de vent Il me suffit, à la fenêtre, au sol, d’alterner un regard - Qu’il sécrète une certitude dont je n’ai que faire On ne peut renoncer à rien sans cet échange Il me divise en applaudissements équivalents A une gloire (que je sois ou non sorti ne change ---rien) Avoir imaginé, ici, la perte de mon âme --- - Or, je me plains - n’ayant ni raison d’être - et ---pourtant souvenirs Par milliers - comprenant divers mois - dont chaque ---nudité Semble une absence de raison - ni commémoration à ---orchestrer - j’observe Feignant parfois de ne jamais y céder L’intimité de mon démembrement, sa multiplication - Peut-être quelque intrus, ou un invité oublié --en de trop grandes chambres
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- La vérité était était était était était était était était était était ----alors au petit jour nous avons inventé l’éclair le petit jour l’éclair nous séparèrent - le temps qui se découd autant au fil des heures des jours des ----mois des années que des éternités accumulées investit la chambre de l’œil et l’œil enfle et ton enfant a de grands yeux mais ils sont plats et ils sont-- ----douloureux - Le pain quotidien nous tombe des lèvres
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- La vérité était était était était était était était était Alors dans les navires qu’évoquaient d’étranges havres Clos Sur des fenêtres / plaies - C’est un éclair frustrant qui nous rendit à l’évidence ô petit jour du monde - ô ---qui nous sépara
- Le temps se décousait au fil des mots Qui nous heurtaient de leurs échos de caméra --insoupçonnées - Joviale et comme contiguë à soi, sa parenté à ---part entière d’eux aussi scindée Ou une muse bienveillante creusant le pain quotidien ---qui nous tombait des lèvres
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- Lampadaire, seuil de nuit — - Ta mutité, -----sera bientôt d’une stridence -----au macadam des pluies seulement s’écrasant - Avec sa foule----- Au silence des mots --------------------------------qui ne traverseront que la ----------------------------------- fenêtre --------------------------------ni la plaine des tessons, des ------------------------- gravillons - --------------— Si l’un au moins se tait — - Si je vois, ta lueur faible -----de mon confort de fauteuil -----ta lueur comme un bras ---------------------------- qui se crispe, ---------------------------- se rétracte pour ---------------------------- esquisser nos ombres ---------------------------- dans le bassin de ma nuque - -----Je suis encore devant la fenêtre ------ -
- Le confessionnel sauvage de ton âme Est tout d’abord un corridor Il en faudrait un autre pour t’y suivre - Combien en as-tu rêvé ? Tu parles Dans le creux de ton oreille De cette oreille qui refuse de t’entendre - Il fallait que tu tombes, te voici Et des croissants te poussent Tout le long de la poitrine - Et des miroirs ! des miroirs gratuits et opaques Et des miroirs désignant des chemins Qui exagèrent leur colère - Mais tu t’éveilles, malhabile et infime C’est ton oreille qui te crache Entre les œufs de l’infirmière
- ----------- - Le gémissement des villes ne me fit plus peur J’avais déjà trente ans de plus que mon visage ne pouvait le supporter Et j’avais supporté en moi — combien de cris de femmes D’enfants --- d’autres ruelles parcourues Me dirent : jonche notre sol Mais une pluie bénigne m’appelait ...d’une autre rive -----...vers un autre couloir - Ce qui n’est pas un collège insatiable Mais plutôt un monde, oui : un univers N’apprendra rien au schizophrène las On ne tergiverse jamais tout à fait Sur un cadavre dérobé de soi — on ne mange Que sa propre chair, enfin Mais on ne parle que de ville On a en soi la brique vide et le couteau en ruines On a aussi - pour soi - le tueur en série Le démon de la non-répétition Et tout son arsenal hybride, son écho menteur
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- Le puits qui creuse ------ ------------ qui l’entend ? - -----Si tu tournes la tête ------- tu penches, et de sorte tu mens - Toi ! qui te refuse à pêcher ---et tu as la plaine aussi bien ------et le jardin, tu crois - - --------------mais le puits est antique -----bien antérieur aux terres qui l’invoquent - Et il t’incurve vers son sein -
- Les questions fusent ---"Où irez-vous après cette station ? ------"Avez-vous déjà voyagé ici ? - Et un gamin se tord de rire Sur la place centrale Où applaudissent les démons Et leurs paroles étrangères
- Stimmung.
- L’idée sérielle. Un autre cycle, à la façon d’un prototype, est celui des sept jours de la semaine, énoncés en anglais - pourquoi ? - Je n’ai jamais compris que la semaine fût anglaise. Tout ceci ne veut certainement rien dire, ne fait qu’aggraver la discrépance (au centre de ce texte).
- - Enfant, tu sais que tout peut signifier que toutes choses sont rivales mais les mots comme les choses ne te semblent séparément pas appartenir. - Enfant, tu gis. Tu es le viol auquel tu t’es plié. C’est ta requête, l’enfer n’a rien exigé de toi. - Puis il te semble dérangeant de taire quelque vision d’apocalypse pourrait prendre corps un univers en sécrétions de strates qu’une à une, -----tu as fécondées -----ainsi : - ----Le seuil de la conscience -----à nu (mais pas le jardin, battu par les vents, menacé de -----repli). Le corridor, juxtaposé à la clarté extérieure, dévoré par la clarté extérieure. - ---L’univers intérieur : Lorsque tu graviras les escaliers personne ne pourra t’accompagner. - -Lorsque tu entreras dans ces immenses chambres tu en béniras la vétusté (oui, tout cela est vieux, -----rien ne te -----blessera : oui, tu te pendras seul). - --------------Pauvre perle, pâle, --------------pendue à sa vaste vétusté ----- -
- -----mais le --------mur -----ne provoque --------lui-même sa brave -----fissure - ------elle est due -----à l’absence d’immonde ---------air dansant, -----fragilisant.
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- Ni relaté ni confondu en son ambiguïté mendiante je serai ce louvoyant furtif romanesque pantin qui se suivit jusqu’en sa pendaison - Une existence était assez puis deux, mais c’était beaucoup trop et libre, et instinctif : manger ses dents devint mon jeu d’enfant perdrix - Au jour le jour et à la nuit j’ai entamé la famine suprême à mon extinction décisive il me fallut sa dispersion - (tu comprends mieux l’écho, dès lors)
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- Nous fissurions de graves ciels Mais eux aussi, s’enluminaient Alors nous n’avions guère le choix Avant que d’atteindre à n’importe quelle rive, il nous faudrait escalader bris après bris sa vulnérable ridation, - Et la revêtir d’épaisses jachères - Nos sols d’hiver : parvient-on à creuser, ou faut-il que l’on plonge Il n’y paraît qu’aire, air, ère
- - La nuque — déjà écorchée — à laquelle tu resteras soumis c’est chaque jour — un signal du soleil inapparent — autour de chaque instant que tu n’as pas vécu le froissement de ton éveil - Dans ton cloisonnement, tu invites les ombres du dehors, tu as choisi l’enlisement du temps ce que tu cherches à vivre en trompe-l’œil n’a pourtant pas la maladresse de tes plumes - Ce n’est que le fardeau que tu-ne-portes-pas - Le jeu auquel tu dois ta suspension c’est aussi ton gamin : le jour, sa division espère donc régner, ta chaleur pitoyable, sur sa mutité Vois : tu crieras pour lui --- Mais pour combien de jeûnes, de scrupules sans passion ?
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- On a peine à saisir... de gentils murs vacillent — d’une ombre endiguée par la clarté du songe — qui l’a maturée et s’indigne ou me baigne de ses contours torves la porte apparaît, disparaît une larme restreinte déjà cesse de cogner de couler se délasse s’étire et la porte se tord vers l’issue qui est seule d’un rire - une pièce quasi verrouillée de sorte que les murs se dressent comme un linceul sous le poids du mort qu’il couvre il dormait ici peu mal blotti contre chaque fissure en l’absence d’immonde air — dansant, — si fragilement tues, d’insanes solitudes ne s’y peindront plus.
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- --------------------------------L’ombre s’est indignée ------------------------------------ l’ombre est une onde -----------------------------------------et le torse -------------------------------------------- de ------------------------------------------ l’ombre -------------------------------------------------------------se----------------- ------------------------------------------------- bombe - -----Et j’ai peine ------ à le dire- : -------- de jolis murs ----------- vacillent ------------- -
- Car tout était ombre -----------------------------------------son contraire -----------------------------------------vint la remplacer - -----Et car -----tout était l’auteur -----des splendeurs végétales ------- d’un mur face à soi - Je baissai la tête Puis, je regardai ailleurs - -------------------------------- -
- On a connu de telles ruines, c’était déjà en octobre qui ne se confondait pas, encore mais à l’en croire, les demeures persiflaient. - (pour ceux qui ne résident pas ici -ce n’est rien à entendre, c’est un mal -comme une ville feint son abandon) - Et de poussière croyait-on, Octobre, était encore tout près. On referait le monde (ou le monde viendrait) comme une voix---------- qui ne s’élève pas s’ouvrant, afin de rendre compte à chaque pas de sa folie -----
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- Toi, tu es au-dehors, ma sœur Et l’ombre à son tour disparaît Mais s’il me faut attendre Postuler en moi-même le tertre Et s’il me semble malgré tout Ta main placide, signant à travers De furtifs rideaux erratiques Je saurai me rassurer, qu’enfin Nul n’est vraiment à plaindre Qui toujours à peine te discerne
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- Ta vindicte de nuit, ses labours sur ma nuque - Ses cuillères si aimantes de valses, sans nom pour me perdre à mes yeux - L’incarnat, c’est l’odeur, ses rivières vaillantes lanternes - Et tout cela est, bien - - mais je suis encore à genoux.
- Et tant pis si c’est l’heure de la jachère Il vous faut réciter de parfaits ans - Le jardin tout délicatement ----------- de------------- ses --------pierres -------- respirant------------ oser -----------------embrasser la rosée -------------------la répartir ------------------dans un jardin de----- nulle -----------------------------------création - Mais ce n’est pas la pluie qui tombe. C’est déjà la boue... et déjà sèche, circonscrite. - Dans ce jardin qui se bâtit (et se maudit, s’enfuit et pourtant -se trahit, -jardin qui veut préserver son chemin) - De vos mains lacérées vous n’avez rien à dire Labourez, sous cette tendre mutité, sa rumeur de ballet ---------------------------------- - - Revenez, giboulées ! Nous n’avons pas encore parlé de cet écueil qui vous transperce, qui vous ruine et moi je sue si froidement. - Risible conte du matin qui plie ma cuiller de fenêtre fendue sous la grêle qui me parle, qui me parle - Or sous le ciel qui concasse mes pieds un ogre de gelure me mange ! Ce que j’avais d’intestins je l’ai vendu au mauvais temps. - Perdras-tu ta froideur, amour quand je serai plus mort que toi, solide pluie, — j’agirai de mon treuil. - Tomber, tomber, c’est la rosée mais c’est la pluie, les giboulées c’est toujours notre triste temps : nos regards sont de neige pour pleurer. - -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- - - Un jour saint comme un autre Dans un essaim d’escargots Mon paysage épineux - Et dans la cuisson de la foi Un pylône s’élève, lentement Pour accueillir une corneille - Ici jamais ne fuient Ces demeures de pierre, perméables On y taille en secret un langage apparent - C’était l’espace mesuré Mais à présent la robe Rose violacée de son ulcère - Perds-tu tes guêtres, ton antan Ton terrifiant vassal qui joue d’argent Son magnifique lambeau de hasard - C’était l’espace prononcé Abandonné des lèvres lourdes Répandu dans un cornet de soie - La lune sans cratère Me reste à présent un destin Mais l’embarras s’en va, mon bras - C’était l’espace prosterné A genoux devant l’oie Qui disait voir mieux que son œil - Et la clameur du naissant et le grain J’ai vacillé dans l’opulence Avec ce bout de corne bien certain------------------
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- Sa voix était si faible elle n’avait pas encore vécu un tison braillant, décousu, la mange un pétale sans derme et déjà - croire - Sinon - (je me souviens) son théâtre ouvrit les fenêtres on entendit à peine mieux mais elle vivait, déjà - Alors sa petitesse qu’oublier est désespoir et cependant comme on bascule, bruit de gorge on ne pouvait surtout rien dire qu’elle chantait - Croire - était alors suspendre une benête en pendentif, sur soi trivial et pulmonaire comme on se doit. -
- Pour un moment Je n’assois pas mes perceptions C’est ce qui est au centre autour de moi Et ce qui me dérange, un écartèlement Ou un arbre infidèle en spectacle (on le plante au seuil de l’automne, on applaudit) Le ciel promet ? Une divine cruauté. - On voyait aussi bien que tout prenait ma forme Je les ai toutes connues C’est la fontaine à droite, à gauche qui s’écoule Un récipient où les rives S’accroissent d’un rêve antérieur (de ma multiple vie, ou du nombre de mes autres vies) -
- Quant à la forme, je la vois vaguement ronde, avec d’épars jaillissements. - Parce que la rondeur est le sein Et le sein la seule chose qu’on désire Comme un rire peut cacher le vœux unique Il y aura des rires, de plus en plus nombreux ---vers le milieu ------------------------------------------------------------------------------------ Des rires qui formeront des courbes Distinctes et indistinctes De ce cercle excentré ; d’autres qui le traverseront Et le déstabiliseront Des droites vives et rivales, des éclats - Car le poème n’a pas nulle autre forme que dans les ---éclats Confus de la réalité Différenciée par la diversité de ses engendrements - La plaie déportée vers l’oralité de la causalité —
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- Rivages fantastiques, voyageurs Et dire que moi aussi j’ai navigué Comme tant d’autres qui sont morts Et moi aussi et tout cela Aussi - Inespérés rivages, regardez Tout d’abord, dans votre absence de posture Mes idéaux défaits, c’est par vous que je geins - Mes lèvres saignent, mon corps est malade J’ai vendu le reste à la sauvette En voulant me noyer, c’est hypocrite Il me semble avoir frôlé vos écueils
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- Des rubans, des fauteuils, des serpents où je mords et un dé, d’une odeur de lavande j’y couds les lézards sur les murs et la jute à la mer. Au reflet de mes voiles — mais ce n’est qu’un avortement --- voiles tissées d’arachnée - j’achèterai parfois des chemins pour m’y voir élégant, débusqué, d’un hasard aux saignées belliqueuses. Avec ton lieu, ses recoins sombres, suprême vendeur, je fournirai en confortables cimes la durée de tes travaux, sédiments précieux plomb pour me sauvegarder. Je ne suis qu’un entremetteur tout juste destiné ---
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- Le talent de l’image que j’ai greffé sur le sol de mon — esprit chacun y est pour quelque chose Des personnes habillées ont dessiné son absence de forme D’autres — des regards de criminels Un tiers --- qui voulait rester seul a pu imaginer la grande ville. On se demande : qui a voulu être en vie ? Ce n’était pas la ville, ni l’œil criminel Comme si — un intérêt autre y était engagé Les uns — tendent à voir entre les flottements de lignes d’étonnantes glaciations D’autres se cachent ; d’autres aboutissent à un conflit mondial j’avais un défaut d’interprétation j’ai convié la ville autour de mon nom éphémère
- Confusément soleils, --le vestibule était harnaché à un dard ----distingué --------------dont l’accalmie future accablait ---------- le dur charme soucieux des matins -------- de ses plafonds - - Plâtre vrai, tremblements - ------- de lucarnes - - Mais je n’étais pas qu’un mur pour le savoir et ma voix m’engendrait avec un goût de brique émaciant sa demeure --- ---------------------------- --- Car tout uni que je sois né -----Dans l’inconscience où je me suis déjà trouvé ------ d’éluviales clartés, qui me narguent ------ sans âge, -----m’appellent, ne semblent savoir ------ que je suis ------ avec pour porte un pore, avec pour sanctuaire -----un affreux sentier calme qu’indique ma pilosité — - -----Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter -----Du moment, je ne crois plus en rien -----ni en dieu, mon absence -----de cœur---- Ta forêt permissive a tout conçu -----------------------de moi Ne demeure que sa charpente maigre. -
- Le temps cyclique avait menti On pourrait croire rien, bientôt --un moustique, spontané De la plaie de l’épaule qui a trop porté Le temps Pour avoir menti aussi bien A son impair, sur soi Son chuintement ne laisserait personne en paix : "Imaginons la création"
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- Tu ne sais ce qui appartient à la fumée ---à la buée, huée ---au souffle, au vent Tout était question de couleur - Je suis la toile désignée, ---non avérée - Or il m’appartient de te dire... ce qui existait Une promesse carrelée, propice à être l’ombre ---du transfert qui te surprit - Car je ne croyais pas - et tu ne verrais pas ---non... ---plus - Que tu étais partie de moi-même
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- ----------------------------- Un jour ---------------------------------------- passait ---------------------------------- ------ La poussière ---------------------------------------------------- épousait ----------------------- -----------------les débris --------- -----Ce qui ne peut vivre --------------------------------s’interrompt- ------- --------------------------------------------------péniblement
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- Un mot — sans écho --- une main traverse mon épaule, froidie sur la table exorcisant un ban pesant sur ses travaux. Irrelevant de constater ici l’absence de lumière et le pourquoi d’une caresse aimable. - Le vent se trouble ce soir, sans cloisons, -et tout a disparu autour on voit l’épaisse nuit autour du soir — et qu’on ne vivra plus au lendemain mais sans raison, et tout va disparaître offrant, un ultime spectacle une cigogne, absurde dans le ciel charriant une branche, un nid éparpillé mangeant — ses propres ailes pour le faire savoir et l’éclairer au décor qui se coud.
- - Vous, qui connaîtriez le nom de cette falaise ---pour le lui avoir abdiqué - Et qui n’avez jamais perdu de votre regard ---le vent - Vous, que je ne voyais dormir qu’à demi Sous un arbre, au soleil ---sans lumière - Et ce fade sourire d’heureux gamin qui court, avec tous ces yeux clos ---étouffants-------- pour seule aile... - Je me meurs, et vous ne faites rien Vous avez bu ma plaine, enterré ma prière Et gémi, basculant : vos genoux m’ont frôlé - ---Je réfute la cime à mon tour ---Existez devant moi, un moment ---Je vous plains, puis m’endors ------à mon tour ----------------------------------------------------------------------------------------------- |
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