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 Article publié le 12 décembre 2007.

oOo

« …et je m’en allais

La ville que j’ai rêvée

Contreplaquée aux fenêtre. »

(Rodney St Eloi)

 

Je me souviens très bien de l’accident. La preuve, j’y étais. Le crépuscule venait d’incendier l’horizon. Un ciel maculé de sang. Et comme une feuille morte à l’automne, la nuit tombait. Le tap-tap filait droit sur la route de Delmas (commune de Port-au-Prince). Au rond-point, on entame le virage. Par la fenêtre, j’aperçois furtivement ce dix-huit tonnes… Et ce klaxon insupportable qui vous vrille les tympans. Et puis cet impact, ce bruit métallique. Indicible. Indescriptible.

Je me le rappelle très bien. Ces genres de choses ne s’oublient pas. Echapper à un carnage aussi affreux. Ça ne peut s’oublier. Bras et jambes écartelés. Têtes roulant sur la chaussée tels des astres vagabonds cherchant un gîte pour la nuit. Ces membres épars. Pillés. Ces corps étoilés. Soleil sanguinolent. La lumière écorchée vive. Le sang multicolore. L’atmosphère zébrée de cris. La pierre saigne. La rue souffre d’hémorragie et la terre, encore une fois, abreuve sa soif cruelle dans la coupe maudite.

J’y étais. J’ai vu. J’ai vécu. Et je n’en reviens pas encore. L’unique survivant du drame. Le seul à avoir échappé à la récolte fatale de la grande faucheuse. La moisson du sang. Surpris d’être encore en vie. Est-ce un miracle ? L’inconscience du moment ?

Est-ce la caméra invisible ? Un mauvais tour de la mémoire. Une mauvaise blague d’un dieu farceur ? Un état second entre vivre et mourir ? Je ne sais pas. Ma mémoire nage à contre courant dans les eaux boueuses de mes repères. Je ne sais rien mais tout ce que je sais, c’est que je l’ai échappé belle…

***

Au matin de ce jour couleur de chair, j’avais dessiné mon itinéraire comme suit : me lever avec l’haleine de l’aube pour aller dire toujours au soleil, effectuer ma tournée habituelle comprise entre mes heures de cours à la fac et mes recherches au cybercafé, descendre en ville pour me rendre à l’Institut de langue et, tard dans la nuit aller passer quelques heures de délices en compagnie d’Elle, cette fille aux yeux océan et au regard lointain. Dès que je l’ai rencontrée, ce regard me plut tout de suite. Ce regard horizon, ce regard voyage. Evasif. Qui fait rêver d’été indien et de cimetière marin. Cette façon de vous regarder sans vous voir, je crois que c’est ce qui m’a abord la plus frappé chez Elle.

***

Serrés les uns contre les autres dans la fragilité du tap-tap, les langues se délient. Les conversations s’engagent, vont bon train. Les derniers potins s’échangent. On parle de tout et de rien. De la cherté de la vie. De la gratuité de la mort. Comme un fait exprès. De la route. Des chauffards. On se demande vraiment où ils ont appris à conduire. On parle aussi d’amour. Toujours. Carl vient de divorcer de son énième femme. Lambert en est à sa dixième maîtresse. Il les lui faut toutes, celui-là. Cette Judith est une vraie garce. Ce Jolibois est un beau salaud. La petite Ismène vient de tomber enceinte du fils du Pasteur Granbois mais celui-ci, au lieu de célébrer le mariage, a préféré envoyer son rejeton se cacher à l’étranger. Mais, vous savez, les parents de la fille viennent de l’Artibonite et ils jurent sur la tête d’Erzulie Fréda que ça ne se passera pas comme ça… Ah, les prêtres de nos jours, mon cher, on ne peut plus leur faire confiance. Ah vraiment, mon vieux, c’est la fin des temps… Bref, dans mon agenda quotidien, j’avais tout prévu sauf, bien sûr, l’imprévisible. Sauf ça. Sauf ce massacre d’où je me vois, à mon grand étonnement, le seul rescapé. Rassemblement des badauds. Arrêt sur image vive. On crie. On accuse. On peste. On suppute. On reproche. L’Etat. Les chauffards. Trop tard. On s’interpelle. S’interchoque. Se secoue la tête et, pour couronner le tout, on cuipe majestueusement. Le temps, pour un court instant, semble arrêter son cours, sa marche impitoyable. Entre-temps, je me faufile, je rase les murs de l’indicible, je me fraye insensiblement un passage dans la moiteur de la foule et l’indifférence de la nuit…

***

L’accident ayant eu lieu à mi chemin, je décide de faire le reste à pied. J’adore me promener dans cette ville. Surtout le soir, après avoir échappé aux dents de la mort. Traverser la ville de part en part. La découper en rondelles d’oignons. Mes pieds dans ses artères tels les doigts d’un aimant travaillant la vulve de sa maîtresse en quête du fameux point G. Le point galvaniseur. Le point geyser. J’adore cette putain de ville aux bordels si discrets. Cette ville fantôme. Miracle au quotidien. Cette ville qui pianote et pirouette sur les bords d’un précipice. Le jour, la ville piaffe, crie, râle, se débat et se noie dans ses borborygmes sonores. La nuit, elle danse le Patchanga, le Congo, le Ibo et le Yanvalou. Elle se masturbe avec ses tambours secrets et entonne une symphonie en ré mineur. Sa voix nous parvient comme une pluie de cafards. Calfeutrés dans ses sombres ruelles, elle esquisse un geste obscène dans un rire de dément. Elle ouvre grand ses cuisses et d’une nuée de blattes, de moustiques, de vers et de papillons de nuit s’en échappent. Elle attend le Soir, son amant, pour une orgie éclatante et sublime à faire frissonner la nuit. A allumer tout les poteaux électriques éteints. A foutre le feu dans ses corridors humides à odeur de coït. Ses rues en rut. Ses rues ruminant de plaisir. Les rues sont mobiles ici. Elles se déplacent. Dans ce pays la nuit, les rues se déplacent et les pistes changent de pas, de direction. Les rues sont folles. Des baleines échouent dans la connivence de leurs angles. Des créatures fantastiques s’y cachent et des histoires sordides s’y racontent. Les repères de cette ville sont bafoués par l’arrogance de ses ouragans. Le hasard rejoint ses recoins aux mille et un mystères. Ses angles se chavirent dans ses utopies désinvoltes, ses idéaux repus, ses guerres renvoyées à demain et ses coups d’Etat manqués. Elle en a entendu des choses, cette ville, de lourds secrets, des mystères inaudibles. Ecoutez, écoutez ses soupirs dans les profondeurs de sa nuit. La souffrance de ses artères austère. Ses avenues sans avenir. La ville pleure ses fenêtres.

***

Rapace nocturne s’abattant cruellement sur sa proie, ainsi s’abat la nuit sur la ville, la lumière emportée dans ses cinglantes serres. Et moi, fantôme de nègre manant, j’arpente ses rues giflées de temps à autre par des brisures d’astres errants. Cheminant dans les couloirs d’un temps de chien sans maître, je frôle des formes vomies par la nuit. Je croise des regards sans âme, peuplade des profondeurs de nos peurs. Il doit être minuit. Minuit. L’heure des braves. L’heure indigne, digne des mauvaises rencontres. Si vous entendez derrière vous une voix tonitruante vous demandez où vous allez, c’est celle de Baron Lacroix, maître de nécropoles et patron des trépassés…

Mais curieusement, je m’en fous : j’ai donné congé à la peur et au temps. Englué dans les aléas du temps qui passe, les heures me paraissent des minutes et les minutes des secondes. Cette sensation d’éternité. Je ne me suis jamais senti aussi bien…

***

« Cet après-midi, sur la route de Delmas, crache un haut-parleur d’une voix pouacre, s’est produit un terrible accident. Un camion de dix-huit tonnes a éventré de plein fouet un tap-tap au détour du rond-point. Bilan : 14 morts, aucun survivant, sauf le conducteur du camion qui s’est enfui pour ne pas subir les foudres de la foule en colère… »

***

Ai-je bien entendu ? Aucun survivant ?…Aucun… Survivant… Aucun… Aucun…

***

Est-ce un mauvais tour de la mémoire ? La mauvaise blague d’un dieu farceur ? La caméra invisible ? Un état second entre vivre et mourir ? Je ne sais pas. Je n’en sais rien. Ma mémoire nage dans les eaux boueuses de mes repères. Je tourbillonne, je spirale dans les affres de l’incertain. Je frappe dément aux portes de l’oubli. J’en appelle aux souvenirs des brumes. Je revendique les archives des ombres. Est-ce rêve impossible ? Je ne sais pas. Je ne sais rien. Mais tout ce que je sais, c’est que je l’ai échappé belle…

 

oOo

 

 « Ô Dieu ! Ô misère ! »

 

Un jour, un beau jour même, perché du haut du chêne majestueux, macaque regardait défiler sur la route poussiéreuse et rocailleuse longeant paresseusement la plaine jusqu’au marché du village une cohorte de paysannes encore toute baignées de la rosée du matin et accompagnées de leurs infatigables montures chargées de denrées fraîchement récoltées. Mais au milieu de tout ce bruit, ces chants, cette foule de voix, de causeries entre les commères, une seule semblait retenir l’attention de l’observateur. Il contemplait au loin cette paysanne aux paupières mi-closes qui avançait d’un pas cadencé, comme apporté par le souffle de l’aube tant elle se déplaçait avec grâce. Comme sous l’effet d’une charme…

Elle portait sur sa tête enrobée d’un madras rouge vif une grosse calebasse qui paraissait être la source de tout son enchantement. Ainsi poursuivait-elle calmement sa route, sa calebasse sur la tête, sans se douter de rien.

Macaque, lui, ne cessait de le suivre des yeux et surtout de l’esprit ; d’un esprit curieux cherchant désespérément à percer le mystère que contenait ce récipient qui l’intriguait tant. Or, c’était une calebasse de sirop miel qui aiguisait l’imagination du voyeur haut perché.

Et subitement, par malheur pour la fille et par bonheur pour macaque, le malheur des uns fait le bonheur des autres, le charme se rompit. Notre Pierrette à la calebasse de sirop se cassa le mauvais pied, butta sur un maudit cailloux, manque de s’étaler les quatre fers en l’air, réussit à éviter la chute mais la calebasse, du haut de son coussin, fit une chute vertigineuse, se brisa net et tout le sirop miel se renversa. Patatras ! Alors la paysanne s’écria éplorée, désolée : « Ô Dieu ! Ô misère ! reprochant tous ses saints et ses loas de leur manque de secours, les maudissant par tous les jurons, rêvant amèrement au bénéfice qu’elle aurait pu tirer de la vente de sa marchandise gâchée. Elle eut beau maudire ses dieux, ces derniers ne trouvèrent pas de pet assez retentissant pour lui signifier leur indifférence. Adieu vache, cochon, couvée, volaille, tout s’était envolée…

Macaque de son côté, après le départ de Pierrette résignée, quoique compatissant à ses malheurs, ne pouvait s’empêcher de descendre de son piédestal pour observer de plus près cet étrange liquide miroitant au soleil levant à peine et qui l’intriguait de plus en plus. Du haut de son arbre, il lui semblait entendre le mot « Dieu » ensuite le mot « misère », étranger celui-ci à son vocabulaire. Mais il pensait tout de même que Dieu étant mêlé à la chose, il ne pouvait s’agir que d’un cadeau du ciel. Mais pour avoir le cœur net, il lui fallait vérifier le bon fondement de sa définition du mot nouveau. C’est ainsi qu’il descendait de branches en branches et arriva auprès de la marrée aux reflets dorés que formait ce liquide bizarre. Il se décida d’abord à le renifler, puis voyant que la chose était agréable à la vue et à l’odorat, il en goûta. Lorsqu’il en eut goûté, ses yeux s’ouvrirent et il s’exclama exaltée : « ô douce misère ». Délicieuse misère ! Ah ! N’avais-je pas raison de penser que ce divin liquide ne pouvait être que bénédictions et délices ! Et c’est aussi vrai ce qu’on raconte, que Dieu donne avec largesse mais sans équité. C’est pourquoi, je m’en vais de ce pas lui réclamer ma part de misère, comme tout le monde ». Et après avoir léché le sol jusqu’à la sécheresse, Macaque d’arbre en arbre se dirigea vers la maison du Père.

A cette époque bénie, le ciel n’était pas s’éloigner de la terre qu’il l’est aujourd’hui, on pouvait même y accéder en grimpant à quelques cîmes comme l’Himalaya ou le Kilimandjaro par exemple mais c’était quand même accessible. Les choses ont bien changé… c’est ainsi que Macaque se fit alpiniste et alla escalader l’un des plus hauts sommets du monde. Bravant toutes les péripéties possibles, neige, vent polaire, falaises, côtes abruptes, Macaque réussit à se frayer un chemin vers les demeures célestes. Après des jours et des nuits passés à grimper sans relâche, le courageux babouin se trouva enfin devant la porte du Paradis d’où il pouvait voir fuser à travers les fentes les radieuses lumières et entendre les exaltants cantiques des archanges en l’honneur du Très-Haut. Pris un instant de panique à la vue du redoutable endroit, il se risqua enfin à frapper. Un ange vint l’ouvrir, croyant sans doute qu’il s’agissait de l’un des invités. Mais qu’elle ne fut pas sa surprise face à la démarche étrange de la créature la plus hideuse de toute la création ! La première idée qui lui passa par la tête fut de lui fermer la porte au nez, mais l’ange se ravisa réfléchissant qu’il ne lui appartenait pas de décider quel type de créature a le droit de venir demander les faveurs de son créateur et qu’après tout, depuis Job, ce satané Lucifer y a bien ses entrées et sorties donc pourquoi pas celui-ci ? Après mille réflexions, il se décide à laisser enter l’habituel visiteur, mais il prit la précaution de l’annoncer tout en faisant signe de baisser la musique : « Macaque demande audience ! » fit-il d’une voix tonitruante. A cette nouvelle dont l’écho répandit dans le Palais, tous les anges qui jouaient de la trompette s’arrêtèrent net, étonnés, ébahis, stupéfaits de l’étrangeté d’une telle démarche. Alors dans les rangs, ce ne fut que chuchotements. Mais qu’est-ce qu’il vient faire ici ? De qui se moque-t-on ? Qu’est-ce qu’il croit, qu’on entre ici comme dans un moulin ? Il ne manque pas de toupet ! La chose allait virer au tohu-bohu s’il ne s’est retentit cette voix magnifique, semblable à sept trompettes retentissantes. « Que le silence soit ! » Et le silence se fit. Dieu vit que le silence était bon. C’était la première fois, de mémoire de Dieu, qu’un animal entreprenait une telle démarche. Alors vaut mieux l’écouter. C’est ainsi qu’il décida de recevoir la hideuse mais courageuse créature. « Faites-le entrer », tonna la voix. Alors, sous les regards des anges interdits, Macaque franchit allègrement l’allée d’or pur pavée accédant à l’auguste trône.

Arrivée devant le Tout-puissant, Macaque s’inclina profondément, révérencieusement jusqu’à terre tout en s’agenouillant devant le Créateur. Mais, Dieu croyait peut-être qu’il était venu pour se faire refaire le portrait lui adressa comme suit :

« Parle, singe, et pour cause

Si dans ton portrait

Tu trouves à redire

N’aies crainte de le dire

Je mettrai remède à la chose

Es-tu satisfait ? »

« Moi, pourquoi non ? repartit le singe, n’ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres ? Mon portrait jusqu’ici ne m’a rien reproché. Enfin non, Sire, trève de bobard ce n’est pas pour cette raison-là que je suis venu… » et Macaque narra l’histoire de la paysanne, les mésaventures de celle-ci. Mésaventures qui lui ouvrirent les yeux et le mirent au parfum du secret de la misère. Et après avoir ainsi plaidé, Macaque conclut :

« Alors, ô très Excellent Seigneur

C’est pour cela que je viens en ta demeure

Par devant ton auguste grandeur

Solliciter ton cœur de père

Pour avoir moi aussi ma part de misère. »

Bien qu’écoutant le singe d’une patience d’ange et d’un cœur compatissant, Dieu ne pouvait s’empêcher de sourire un peu de la bêtise babouine mais n’en laissa rien paraître. Alors, dans un long soupir retentissant aux confins de l’univers et faisant jaillir sur terre une trombe sous-marine, Dieu répondit au demandeur :

« Soit, Macaque, j’exaucerai ta requête

Mais il faut avant tout que tu me promettes

D’ouvrir le sac que je t’apprête

A tel endroit désert

D’arbres non recouvert

Pour jouir de ta misère. »

« Que ta volonté soit faite ! » repartit le singe à qui un ange tendait un gros sac bien pesant au poids duquel Macaque pressentit qu’il devrait contenir toute la misère du monde. Et, après avoir exprimé mille reconnaissances, repartit d’un air joyeux, tout guilleret, satisfait de la bonne marche de sa démarche, repassant sous les yeux des anges qui assistaient à la fois surpris et amusé du caractère insolite de la scène. Macaque parti, la musique repartit.

Notre misérable, lui, après avoir fait le même trajet du retour qu’à aller, mais cette fois en moins de temps, tout comptant qu’il était sur la bonne fortune qu’il croyait l’attendre. Donc, suivant les divines instructions, Macaque alla ouvrir le sac dans une savane désolée, avec pas un seul arbre à quelques kilomètres à la ronde. Loin de toute convoitise humaine. Et c’est alors que bondit hors du sac… devinez quoi… une source de sirop miel ? Non mais un clébard, un de ces costauds chiens à gueule de loup dont l’aboiement fait frissonner les plus braves à mille lieues à la ronde. « Ô Dieu ! Ô misère !… Ciel ! C’est donc ça la misère ! » s’écrie macaque détalant à toute jambe sans demander son reste de misère, le cabot enrajé à ses trousses le poursuivant à la chaleur de son arrière-train comme un missile sol-air attiré par le réchauffement du moteur d’un avion chasseur. Macaque courut jusqu’à perdre haleine. Sa mauvaise haleine. Mais pas un arbre en vue. Le cabot aux trousses. Pour mieux éviter que celui-ci ne le rattrape, au lieu de fuir en ligne droite, le finaud se mit à zigzaguer pour semer son poursuivant. Peine perdue. Et c’est alors que tenaillée par le fatigue, Macaque se souvint du Créateur et leva les yeux vers le ciel pour lui adresser une prière de circonstance : « Merci, Seigneur. Je crois avoir compris la leçon. J’ai eu amplement ma part de misère. Dieu que tes voies sont impénétrables ! Mais, je t’en prie, aies pitié ! » Alors Dieu, dans sa grande miséricorde, lui fit pousser un arbre au milieu de la savane comme à Jonas. Arbre que Macaque se pressa de grimper sans même s’étonner de l’étrangeté du miracle.

 

 

oOo

 

Leitha

 

Astronaute de la planète cœur, j’ai voulu planter mon drapeau sur ton sol vierge et inexploré

O toi ma planète conquise, ma galaxie accessible, mon univers à moi

Mon étoile fraîchement cueillie d’une branche d’éternité

Que je me perde dans la cruauté de tes yeux

Leitha

Tu es la clef de mes nuits d’insomnie

La brûleuse de mes rêves perdus à ciel ouvert

O toi qui viens de loin

Fille d’Amérique

Tu as peuplé mes nuits de fantasmes païens

Tu as embrasé mes ciels de rêves anathèmes

Tu as pétri mes larmes de songes à corps perdu

J’irai caresser mes guitares secrètes sous ta fenêtre pour la jouissance de l’aurore

J’irai battre mes tambours maudits pour l’orgasme du matin

Femme aux résonances d’îles impudiques

Ton nom sonne fort au mitan de mes fièvres nocturnes

Il sonne le glas d’une saison de marbre et annonce la venue des champs parsemés d’étoiles et de papillons de la Saint-Jean

Devant ton corps de femme mes arbres se meuvent mes astres font désastre et ma déraison perd la raison

O Leitha

Partons vers des terres inconnues

Vers des cieux plus cléments

Et là nous entonnerons la symphonie du cantique des cantiques jusqu’à ce que nos voix parviennent aux oreilles de la ville endormie telles des carillons d’horizon heureux

Que les échos de nos cris soient les messagers d’un temps de fièvre et de pluie sans cesse renouvelé

Aime-moi comme tes pas perdus comme tes poupées cachées

Laisse mes doigts étrangler la lumière au fond de tes montagnes en flammes

Laisse-moi explorer ton volcan en éruption quitte à me consumer dans la chaleur de ton magma

Laisse-moi sucer ton miel

Pour la renaissance d’autres printemps

Laisse-moi lécher ton suc pour la métamorphose des sept couleurs de l’arc-en-ciel

Quand entendrons-nous gazouiller les oiseaux sous nos oreillers ?

Quand entendons-nous glousser les colombes au creux de notre chaleur ?

Tes formes délicieusement imparfaites sonnent la capitulation de mes alléluias

O Leitha

Ma lumière cherche désespérément son ombre dans l’arrogance de tes seins

O toi ma Georges Sand

Ma Marga marge à moi

Mes Yeux d’Elsa

Mon Anaïse

Mon Esmeralda

Ma Zaza Ramonet

J’ai envie de ramoner ta cheminée

J’ai envie que mon poème te surprenne comme la soudaineté d’un crépuscule

J’ai envie de gravir ton calvaire avec sur le dos le fardeau de tes jambes en croix

J’ai envie d’ensemencer ton champ pour l’éclosion des saisons enchantées et le jaillissement des sources au creux des rochers

 

oOo

 

 

(Sans titre)

 

Nue la phrase

Ivre le mot

Vive la flamme

Flamme encre couleur d’azur

Femme ancre douleur désir

Mes îlots font naufrage

A hauteur d’arc-en-ciel

Femme eau de pluie

Ton sourire

Me réinvente

 

oOo

 

Départ volontaire

 

Le jour se lève

Et la nuit part

D’un bel éclat de rire.

 

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