Pendant le coït, l’énergie masculine se concentre dans le conduit génital, avant de se déverser dans le réceptacle féminin durant un temps court, un instant mesuré en secondes et qui paraît, en quelque sorte, abolir le temps. Cette séquence est synonyme de concentration temporelle. D’hyper-concentration. Qui en appelle sans cesse à la réitération. Ou plutôt reprise.
Dans l’attente d’un sacre, la matière temporelle se dilue jusqu’à devenir ductile, comme dans " Le désert des tartares ". Si l’horizon porte un nom puisqu’il s’appelle le destin, il est extrêmement loin, sans qu’une distance mesurable soit possible. Le temps est une série d’hypothèses qui s’étirent.
Etre en résistance fait ressentir une sensation analogue : la longueur de chronos est si longue qu’elle devient concrète : compacte, dure, harassante.
L’étendue de l’union, quant à elle, peut créer une matière supplémentaire qui en un premier temps fait naturellement irruption dans l’écoulement des heures et des jours, avant de parfois s’y substituer. La cristallisation favorise la naissance de cette matière qui de la sorte devient plus importante que le temps commun. Une cristallisation qui prend d’autant plus d’ampleur avec la densité d’un affect constant et puissant, en perpétuelle phase de développement.
Et puis, le temps du respect ou de la vénération, à l’image des hommes qui consacrent leur vie à Dieu ou à la littérature sans rien attendre véritablement - sinon d’éprouver une sensation unique et durable qui est probablement leur raison d’être - impose sa présence, affirme son importance, dans une matière hautement subjective qui se confond avec l’espace et le temps, et dont la forme n’est autre qu’un rayon de lumière continu se dressant devant les protagonistes suscités...