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Article publié le 24 janvier 2021. oOo Roland Nadaus, Le Miroir amnésique, éditions Henry. Biogène*, sorti avec sa lampe, heurta la foule : « Que comptes-tu éclairer mieux que le soleil, homme de peu de foi ? — Un poète. Mais… » Or, Roland Nadaus, des poètes, il en trouve. Autant comme feuilles mortes que cachés derrière les arbres, ou cachés par eux. Tel est le destin et la manière, pour ne pas dire le style, de l’homme d’action facilement opposable, comme le pouce dans la main, au spécialiste auquel on ne fait appel qu’en cas d’urgence. Car c’est à l’extérieur de lui-même que Roland Nadaus trouve de quoi éclairer sa lanterne. Ces quelques pages, pensées puis « songées », relèvent à la fois de l’intimité et de l’image publique. Impossible de défaire ce nœud gordien ! Pourquoi ? Parce que le chemin n’est fait que de poésie. Une œuvre est une œuvre. Des dizaines de livres et autres paperolles en témoignent assez. Le tout tissé dans la matière même des ans. Est-ce que ce miroir qui oublie, ou s’oublie, retrouve ce temps perdu à jamais dans la possible exécution d’une postérité qui se nourrit d’abord de cujus ? Un des textes clés de ce livre (ou recueil selon les autres) s’intitule La patience et l’éphémère : sans doute un des plus beaux poèmes en prose écrit à même la gibbosité prometteuse de la Littérature. Moment où le texte se plie pour livrer le secret annoncé en première page : pour devenir homme, l’homme se nourrit d’hommes. Et ceux-ci, à en croire Roland Nadaus, sont particulièrement remarquables de savoir (à force de patience) et de traces laissées dans le cœur de celui qui les aime et les aimera sans doute toujours si la postérité le veut bien. C’est tout un monde, plus qu’une vie, qui entre dans ce petit texte presque larvaire, dans la perspective d’une métamorphose qui n’est autre que celle de son lecteur. Un véritable tour de force qui renvoie aussi à une bibliographie saisissante de possibilités d’explorations, peut-être même d’universalité. Qui sait ? Les voies du Seigneur… ou ses joies… ? Autre chose, somme toute, qu’un ramassis de témoignages et de potins comme on en trouve sur l’étal des stars en tout genre de notre temps. C’est soigneusement pensé. Et « songé » avec poésie. Toujours. Bien sûr, le polémiste habitué est quelquefois irritant à force de sirventès, mais la solution à ce texte-poème est ailleurs : dans sa foison de personnages « peigneurs de comètes ». Aussi vrais que Nature le désire. Patrick Cintas
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* Et non pas Allôgène… |
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