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New York Office 1962 - Edward Hopper
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 Article publié le 13 juin 2021.

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" Longtemps je me suis penché sur les tableaux de Edward Hopper. Et je m’y penche, à nouveau... ". S.P


Dans cette œuvre de maturité, le bleu et le jaune sont partout : le soleil, les néons, la robe, le cuivre épidermique, les façades...
Les deux couleurs, contrastées et complémentaires sont omniscientes, dans une dialectique polydirectionnelle qui pourrait tout aussi bien évoquer le disque et la mer, le feu et l’eau, la puissance calorifique et l’écume.
Les jeux d’angle sont nombreux, dans une architecture volontiers polysémique : la pierre, l’ombre, le squelette féminin.
Se détache assurément une pornographie de la transparence au travers de l’office et son accès oculaire direct, mettant paradoxalement en exergue l’effacement de ses propres formes et de son propre personnel, dont les surfaces et les visages s’apparentent à des aplats.
Cette même pornographie entre en conflit avec l’assurance de cette beauté, de cette dame dont le hiératisme, sinon la rigueur semble le miroir de la rectitude des formes urbaines. L’oeil ou la mémoire du peintre opère de manière stricte, nette, laquée.
Oui, l’implacable géométrie de l’oeuvre incarne tout à la fois la puissance de l’Amérique et la maîtrise du créateur. Et l’on assiste, ainsi, à la dialectique de l’austérité, entre celle de la ville et celle du féminin.
Cette scène irréelle qui efface les autres personnages met d’autant plus en avant cette jolie créature au classicisme intemporel, probablement secrétaire de son état, qui fait songer à l’archétype de l’actrice hitchcockienne, à un modèle féminin - sujet réel ou fantasmatique d’un sculpteur ou d’un écrivain - , à une passagère distinguée dans un train, ou bien encore à une égérie de marque de lingerie.
Le caractère générique des titres de Hopper se retrouve aussi, dans ce tableau, même si la ville est mentionnée. Et le paradoxe œuvre à merveille entre la rigueur de l’architecture et la beauté du féminin, proscrivant au bout du compte la centralité d’un élément : la lumière ? La ville ? La dame blonde ?...
N’y aurait-il pas tout Hopper dans ce tableau : contiguïté des solitudes, effacement de certains personnages au profit d’autres, jeux d’ombres et de lumières hautement subjectifs, minimalisme et dynamisme des couleurs, massivité de l’architecture américaine qui signifie triomphe de l’industrie et de l’administration ? Dans une des villes les plus riches, soit New-York ? Au sein d’une perspective, par ailleurs, faite d’ombres et de lumières qui mettent en valeur une subjectivité féminine au centre de tout ? Elle-même représentante d’un érotisme solaire ?

 

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