"La matérialité de la chose est une éternel roman dont les formes narratives, notamment fantasmatiques, évoquent la démesure jusqu’à la sublimation.
Et c’est par la littérature que l’on apprend à mieux saisir la chose..." S.P

"La sphère fantasmatique est une sphère hautement spirituelle". S.P

L’érotisme dynamise indubitablement la plume.
Je le vis depuis longtemps.

Surcroît d’énergie ? Continuité de l’acte sous une forme magnifiée en l’occurrence ?
Sans doute...
L’écriture serait alors désir pur. Et permanent.
Elle est beaucoup plus et davantage : la navigation de l’éros en toute liberté.
Oui, le désir exprime sa folie et son déchaînement à travers l’écriture, montrant tout à la fois sa contamination et sa révélation, agissant tel un miroir réfléchissant sur une réalité à venir. Le scénario érotique ou le fantasme conduit à mieux nous connaître dans l’acte organique.
C’est également et tout simplement un hommage à la chose, expérience profondément énigmatique et déstabilisatrice - et sûrement stimulante au regard de ces paramètres - , qui ne demande qu’à être renouvelée.
Chez le marquis de Sade, la puissance érotique est telle qu’elle conduit ses contemporains à réduire au cachot un cortex qui, de toutes les façons, ne cessera de verser dans la surenchère. Tout en étant capable d’être profondément amoureux. Ces deux pôles sadiens forment une synthèse que l’on peut qualifier de leçon. Oui, Sade est infiniment humain puisqu’il accueille ses perversions tout en prévenant les autres. Une leçon d’humanité, en somme.
Chez Alain Robbe-Grillet, le fantasme est central et constitue un monde parallèle qui s’invite au cœur de la réalité. Au cœur du quotidien. Ses romans sont des temples dédiés à la sensualité, qui parfois devient sado-érotique. Pour ne pas dire sado-barbare dans son dernier opus...
Il semble que la présence féminine et son énergie latente conduisent l’écrivain à répondre par le biais de la littérature. Mais la littérature peut-elle dompter Vénus ?
Dans mon œuvre en cours, l’érotisme est partiellement présent. Parfois, il l’est totalement comme dans " Etrange éros " ( 2009 ) ou "Polyséminal " ( 2020 ). Ces livres de nouvelles érotiques sont largement fantasmatiques, ce qui veut dire que la navigation ou spéculation érotique est assez marquée chez moi, l’écriture étant un moyen de mettre en ordre la multiplicité de fragments ou éclats initialement dispersés, le temps pour la narration d’oeuvrer et de créer une unité éclairante. Sitôt achevé, cependant, le scénario cède la place à un autre, inédit, car le monde est une source inépuisable de pré-textes. Mélange de vécu et de fantasme, l’abstraction érotique me permet à la fois de mieux me connaître et de redéfinir le concept d’érotisme. De signifier une nouvelle approche du désir, par le prisme de mon expérience et de ma perception.