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Le sens des réalités (nouvelle série)
Une rencontre littéraire

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 Article publié le 6 mars 2022.

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Alors qu’il s’attelait à l’écriture d’un récit dogmatique, le romancier se trouva embarrassé. Il restait figé devant sa machine à écrire (une machine sans marque) parvenu au tiers d’une page qui ne progressait plus, alors que peu avant il s’était représenté le moment agréable qu’il passerait à ciseler son style. Mais non, l’auteur restait impuissant à affronter l’épreuve qu’il pressentait. Il éprouva brusquement une vague d’écœurement. Le tableau inachevé qu’il avait sous les yeux lui donnait le sentiment d’être parvenu à un point de non-retour. Cette expérience remettait en question tous les préceptes qu’il s’était forgés. Il se noyait dans le marasme d’un projet qui n’avancerait plus jamais, c’était certain ! L’auteur restait muet et figé devant la machine à écrire dont les touches étaient de plus en plus difficiles à enfoncer. Elles étaient prises dans une huile de cuisine dont l’écrivain avait nourri le mécanisme au fil des jours. Les tiges métalliques baignaient désormais dans une huile poisseuse où s’agglutinaient de petites boules de poussière engluée. Or, les spéculations de l’écrivain s’immobilisaient de la même façon, le laissant incapable de composer la moindre pensée. Il voulut mettre fin au projet, considérant qu’il n’y avait plus d’œuvre. Elle s’était enfoncée dans le marasme de la réalité ambiante. Un marasme qui, certes, devait bien signifier quelque chose de la structure sociale ! Mais il fallait la voir, cette structure sociale, condamnée à des soubresauts perpétuels et à ce que l’écrivain très technique appelait "une agonie cyclique". Il s’arrêta mentalement sur cette notion qui le fit ricaner.

– Il ne faudrait pas que l’on interprète cette notion comme les crises économiques du genre de celles des années 1970, enfin !

Il voyait plutôt une analogie à ce processus dans le lent épuisement d’un cœur incapable de se régénérer, s’affaiblissant graduellement jusqu’à la cessation complète de son battement vital. Voyant l’organe dénué de vie, il eut une pensée pleine de cynisme pour les auteurs romantiques des temps révolus. On retrouvait la trace de leur influence dans les styles les plus contemporains sous des formes variées mais au final, cet esprit romantique à bon marché ne faisait que subir les mutations du monde. Ses représentants actuels ne sont que les vagues adeptes d’un spleen décoratif et impersonnel ! Ces misérables héritiers finiront écrasés par leurs pairs, résolument tournés vers la technologie et ses réponses sûres.

– Chimères !, s’exclama brusquement l’écrivain en levant les bras au-dessus de sa machine à écrire immobilisée, comme pour l’envoûter.

Il s’aperçut qu’une cigarette irrégulièrement roulée reposait, à peine consumée, dans le cendrier. Il s’en empara, l’alluma avec vigueur, en tira quelques bouffées et s’affaissa sur son siège. De nouveau, il était submergé par des pensées inquiètes qui se succédaient à vive allure. Une farandole d’images accompagnait cette nouvelle pluie d’angoisse. L’écrivain se sentait gagné par un épuisement trouble. Il épouvra le besoin le faire part à quelqu’un de son désarroi mais il dut rapidement abandonner cette perspective. À l’instant où il allait décrocher le combiné du téléphone, les deux courriers reçus le matin même lui revinrent en mémoire. Ces courriers, il en avait occulté l’existence quand il s’était installé devant la machine à écrire engluée. Il ne pouvait cependant les effacer entièrement de sa mémoire. Le premier était une missive adressée par un camarade de l’étranger qui maudissait, dans une langue approximative, l’impérialisme et ses laquais. L’autre courrier émanait de l’Office gouvernemental des télécommunications (OGT). Cette correspondance qui n’était que le produit d’un système d’édition automatique inquiéta vivement l’écrivain. On y menaçait de couper la ligne téléphonique sous peu à cause de factures impayées. Or, depuis qu’il s’était engagé dans ce bizarre projet de récit dogmatique auquel il était incapable de donner une quelconque forme, le téléphone était devenu au fil des jours l’ultime lien de l’auteur avec le monde extérieur. Il songea à ce que pourraient éprouver ceux qui tenteraient de le joindre. Il voyait bien les visages tordus, excédés de ce téléphone qui fait « bip » et ne cesse de faire « bip » comme s’il ne savait que faire « bip ». Pourtant, quel autre rôle peut donc avoir un téléphone que de faire « bip » ? Le désarroi de ses interlocuteurs éventuels irrita l’écrivain, qui les jugea lâches et même odieux. - Car il est réellement odieux, se convainquait-il, d’attendre d’un téléphone qu’il cesse de faire « bip ». Il les imaginait retranchés dans de petites caves sans lumière, avachis, persuadés que l’homme dont ils recherchaient le contact était mort ou qu’on l’avait enlevé pour le torturer et utiliser ses aveux forcés pour le compte d’une dictature lointaine et autarcique. Un flot d’images macabres lui traversa l’esprit. Il voulut sortir, fouilla dans sa poche pour s’assurer de la présence de son trousseau de clés. Mais le trousseau n’y était plus ! Or, il avait soigneusement refermé la porte derrière lui quand il était rentré. À présent il était enfermé dans son propre logement. Un piège se refermait sur lui. Cette dernière péripétie n’était peut-être qu’un prélude à son exécution, après tout ? Mais il ne pouvait accepter de disparaître sans savoir ce qui l’a tué. Pourtant, dans la circonstance malaisée où il se trouvait, il n’y avait aucun moyen de faire la lumière sur la mort certaine qui progressait vers lui. Il allait mourir là sans même pouvoir adresser un adieu à tout ce qu’il avait aimé. La machine à écrire, entièrement prise dans l’huile d’arachide, infestée par une légion de vers microscopiques qui finirait par implanter ses colonies dans le corps même de l’écrivain, n’inscrirait plus le moindre caractère sur aucune page. Et puis on viendrait le chercher pour faire disparaître son corps. Dès qu’on serait certain de son décès, on entrerait dans le studio et on ramasserait le cadavre pour le faire disparaître dans une fosse, loin de la ville... Mais non. Il s’était simplement trompé de poche. Les clés n’étaient pas dans celle de droite mais dans celle de gauche. Du bout des doigts, il les sentit et cette sensation le rassura quelque peu sans le tranquilliser complètement toutefois. Plus rien ne s’opposait à ce qu’il sortît. Il descendit les escaliers quatre à quatre, dévalant les étages. Une fois dehors, il s’immobilisa et demeura figé un long moment, habité par le souvenir frais mais incomplet de la course frénétique qu’il venait d’effectuer et dont il lui restait des images isolées et fragmentaires en tête. À bien y repenser, il avait rencontré le concierge et sa femme (dont on lui avait dit qu’elle était grippée et gardait le lit), une voisine et ses enfants, ainsi que deux inconnus qui pouvaient bien être des mercenaires ou les agents de services spéciaux. Cette succession de rencontres lui parut bizarre. Certainement, à cette heure, les gens ne sortent pas fortuitement au même moment pour voir un homme dévaler les escaliers. Il consulta sa montre. L’heure qui s’inscrivait sur le cadran le conforta dans son opinion. Il eut envie de fumer une cigarette mais il n’avait qu’un gros mélange de tabac en poche alors qu’une cigarette manufacturée lui aurait mieux convenu. Il lui fallait une de ces cigarettes blondes excessivement fortes et redoutablement toxiques dont on discutait la légalité, à l’instant même, au parlement, les fameuses N 666 qu’on trouvait de plus en plus difficilement. Cette raréfaction n’était pas seulement due à la réputation sulfureuse de la marque. Elle était également liée à une déplorable série d’attentats qui avait touché, ces dernières semaines, différents bistros de la région, parmi lesquels une forte proportion de bars-tabacs. Non loin de là, une de ces enseignes était jusqu’ici restée épargnée par ces forfaits. Peut-être y gardait-on en réserve un ou deux cartons de ces mauvaises cigarettes. L’écrivain courut à travers les rues de la ville. Il n’était pas impossible qu’il arrivât trop tard, après qu’une bombe eut anéanti le débit de boisson dont la longévité finissait par apparaître elle-même suspecte. Mais le tabac était ouvert. Quelques clients attendaient patiemment leur tour. L’écrivain prit position en bout de file et observa les transactions qui se succédaient rapidement. Les clients disaient à peine bonjour, lâchaient le nom de la marque et le nombre de paquets qu’ils désiraient acquérir et réglaient leur achat à la hâte avant de repartir sans dire au revoir. L’employé avait une allure bizarre. Ses tics nerveux agaçaient l’écrivain. En outre, une liasse de feuilles bleues pareilles à des formulaires administratifs restait inutilement posée sur le comptoir. Le contenu de la liasse était illisible mais leur position laissait suspecter une fonction administrative discrète que le propriétaire de l’enseigne était sans doute chargé d’assurer.

 

Ce serait bientôt au tour de l’écrivain de passer sa commande. Il était certain que ce comptoir était un lieu stratégique pour le pouvoir qui surveillait ainsi une part de sa population, en faisant remplir des formulaires bleus au patron qui ne faisait certainement pas dans la dentelle, fichant ses clients et réécrivant leurs histoire personnelle en s’aidant de son imagination, qu’il avait assez pauvre d’ailleurs. Si ce soupçon se confirmait, l’écrivain ne doutait pas qu’il serait catégorisé comme un élément de subversion potentiel, du seul fait qu’il demandait à fumer de ces excellentesN 666. Il pourrait protester : « J’en ai le droit, voyez-vous ? » Son sort serait bientôt scellé. Après la fermeture, sa fiche serait complétée. On signalerait des voyages fréquents, la probable ingestion de drogues à des moments, une tendance à « fuir la réalité » caractéristique des petits criminels. Et surtout la consommation des cigarettes les plus toxiques qu’on ait jamais produites. En face de l’employé, qui restait impassible à attendre que son client lui indique la marque désirée, l’écrivain opta pour une ruse :

– Vous vendez des briquets ? Le mien a explosé...

– Nous n’avons que des briquets verts, monsieur.

– Merci, c’est exactement ce qu’il me faut !

L’attention du vendeur était détournée. L’écrivain lâcha dans un souffle à peine prononcé le nom des cigarettes controversées et le vendeur attrapa sans se retourner un paquet qu’il déposa négligemment sur le comptoir. L’écrivain se sentait oppressé par la situation qui pouvait déraper à tout moment. Chaque geste de l’employé pouvait dévier pour basculer dans le drame. Au lieu de poser sur le comptoir un de ces briquets verts qui étaient exposés dans une vitrine, à hauteur d’yeux, il pouvait se saisir d’un revolver et abattre l’auteur jugé subversif non pour son style mais pour sa consommation de cigarettes. Il se borna à annoncer le prix du briquet et des clopes à l’écrivain qui tendit un billet de banque (il n’avait pas l’appoint).

– Il vous faut autre chose ?, demanda l’employé qui s’impatientait visiblement. Le client plongé dans ses spéculations restait figé devant le comptoir, tellement absorbé qu’il en a oublié la file d’attente qui ne cesse de grandir. Déjà, on ricanait derrière lui en pointant le nigaud qui ne semblait pas familier de ce genre de commerce, faisant perdre du temps à tout le monde. L’employé n’était qu’un des éléments du stratagème, se disait l’écrivain. Ce petit agent de bistro n’était sans doute pas la tête pensante de l’organisation. Il pouvait être le coordinateur de petites opérations. Il fallait également être vigilant vis-à-vis de cette clientèle disparate à laquelle il est si facile de se mêler pour établir des relevés et transmettre les informations recueillies en utilisant le téléphone public suspendu à côté de la porte des toilettes (pourquoi se gêner ?) L’écrivain grimaça et répondit avec assurance :

– Ce sera tout, je vous remercie beaucoup.

Il sortit le plus tranquillement du monde et, dès lors qu’il eut passé la porte, prit ses jambes à son cou en empruntant des ruelles sinueuses pour brouiller au maximum les pistes d’éventuels agresseurs. Sa vie se faisait chaque jour plus dangereuse et plus précaire, comme cette nouvelle expérience le démontrait. Il était certes parvenu à ses fins puisqu’il possédait le paquet de cigarettes tant convoité mais l’incident du tabac lui démontrait, si besoin était, que la méfiance était de mise, qu’il n’était en sécurité nulle part, qu’il ne pourrait plus jamais compter sur personne ! Son existence serait alors celle d’un véritable paria. Il songea à se suicider mais considéra que ce geste servirait les intérêts de ceux qui en voulaient probablement à sa vie. Il ne leur ferait pas le cadeau de laisser la presse locale décrire la découverte d’un cadavre remonté à la surface de l’eau dans le canal, au milieu de poissons crevés et flottant eux aussi sur une eau verte et mitigée, gueule béante. Il imaginait l’ambiance du bistro le matin, les agents se chahutant pour accéder au maigre entrefilet signalant « ce qui pourrait être un suicide » et riant de bon cœur. Il fallait se résigner à cette vie sans attache, sans identité. Quant au roman arrêté, qui serait peut-être saisi et détruit, il appartenait à une autre existence. L’homme de lettres n’était plus. Il ne restait qu’un fugitif.

 

Je devais rencontrer cet écrivain perdu dans les dédales de sa pensée à l’occasion d’une rencontre littéraire qui, autrement, n’aurait eu d’intérêt que par l’alcool qui y coulait à flot. Je restais près du bar, me servant du whisky que je buvais à grandes rasades. L’homme que je vis déambuler comme un fantôme dans cette soirée semblait avoir passé le désespoir. Ses yeux révélaient quelque chose d’atroce, ils étaient habités de tourbillons. Ému par ce destin d’évidence tragique, je l’abordai.

J’étais convaincu que, si cet individu n’avait peut-être plus l’entière maîtrise de lui-même, il pouvait avoir quelque utilité pour les actions de sédition dans lesquelles je m’impliquais de plus en plus fiévreux et convaincu.

– Eh bien camarade, lui fis-je, tu as l’air désemparé !

– Ta remarque, me répondit l’homme en laissant brûler dans ses yeux une lueur faible que j’associais mentalement au briquet vert qu’il tenait fermement dans sa main, me rappelle un film des années de mutation, je veux dire – de transition, ah ah ! Un film expérimental dont je ne me rappelle ni le titre ni le réalisateur et moins encore les acteurs ! C’est peut-être mieux ainsi. Tu ne serais pas très avancé par de telles informations. De toutes façons, je déteste l’information dans son principe. Oui, je crois que les premières images du film montraient un arbre, dans un paysage calme. Les dernières images présentaient un cadavre, suprême dans son anonymat. Au bout du compte il s’avérait que rien, de tout ce qui avait été montré tout au long des trois heures et demi que durait le film, rien ne pouvait se résoudre. Même le cadavre ne signifiait pas de conclusion, bien qu’il marquât le point final de cette production underground.

Il resta silencieux un moment. Il me sembla que les explications qu’il venait de me fournir d’un bloc l’avaient épuisé, qu’il tentait de reprendre des forces pour poursuivre son argumentation. Je ne voyais pas du tout où il voulait en venir.

– En sortant de la salle, je fus surpris à maints égards de retrouver ce qu’on appelle maintenant l’omniréalité. Enfin, c’est ce que je croyais, ah ah ! Elle m’apparut terrifiante. Je voyais bien que l’expérience du cinéma, même underground, était nocive et destructrice. Dans les semaines qui suivirent, je ne me remis qu’avec peine de la série de distorsions sensorielles à laquelle j’avais été exposé. Eh bien ! J’ai longtemps (et assez vainement) réfléchi au processus d’intronisation du spectateur à cette pseudo-réalité. J’ai bien sûr pris en considération le caractère séductif des techniques employées dans le traitement des images et leur imbrication. Mais l’aspect séductif n’était qu’une entrée, une porte enfin. Et une porte seule sans rien autour ne permet d’accéder à rien, vois-tu ? Je veux dire qu’il n’y a pas de rupture sensorielle avec l’univers où tu te trouvais précédemment plongé. Or, c’était bien l’espace où le spectateur se voit conduit au terme de tous ces transferts sensoriels, ce que je voulais connaître et décrire, autant que faire se peut. Je devais reconnaître mon échec. Ces films ont rapidement disparu du circuit pour céder la place à d’autres qui leur ressemblaient par certains traits mais qui visaient un tout autre contrôle de l’espace sensoriel du cinéma. Même les anciens films pouvaient être exhumés et trafiqués de telle sorte que le spectateur se retrouvait vite envahi d’angoisse à l’idée de voir le pays s’enliser dans l’anarchie molle. Le film dont je te parle, c’est un de ceux qui ont subi ce genre de traitements et, quand j’ai voulu le revoir, plusieurs années après la première expérience, j’ai senti mon esprit investi par une agence de sécurité au fonctionnement autonome, incontrôlable et répressif qui semblait avoir décidé d’y installer son quartier général. J’étais bien embarrassé, tu peux me croire ! Et je m’enfonçais dans le visionnage indéfiniment répété du film qui me détruisait ou, tout du moins, qui implantait en moi un poste d’observation privilégié, qui autoriserait les manipulations mentales les plus torves. J’ai essayé de retrouver le réalisateur du film. Je n’ai jamais réussi à me rappeler son nom. Cela dit, j’ai tout de même appris qu’il était mort.

– De mort naturelle ?

– Oh, d’une balle dans la nuque.

– Et tu n’as pas tenté de retrouver un de ses collaborateurs ? Un technicien, un photographe, que sais-je ? Un acteur ?

– Il avait réalisé son travail entièrement seul, à ce qu’on m’a dit. Les personnages n’étaient que des statues de cire.

– Ah oui. C’était vraiment du cinéma underground.

– Tu peux le dire ! Mais je voudrais répondre à ta remarque. Elle me plaît bien.

À nouveau, il se tût. Je m’aperçus alors que quelqu’un avait chapardé la bouteille de whisky tandis que j’écoutais cet homme détruit.

– Un instant !, m’exclamai-je. On nous a pris le whisky. Peut-être faut-il voir dans ce geste une nouvelle tentative de déstabilisation ?

 

Derrière moi, l’homme me détestait d’avoir délaissé sa compagnie pour assouvir ma soif d’alcool. Pourtant, le whisky n’était pas parti loin. On l’avait déposé sur une petite table de salon à côté de laquelle je remarquai une jeune femme élégante et pensive dont la robe rose avait attiré mon regard. Je pris la bouteille et remplis avidement mon verre de ce précieux liquide doré qui devait me conduire au ciel, ce soir. L’écrivain englué dans ses angoisses dont j’étais censé recueillir les désillusions les plus intimes, je l’oubliai au profit de la celle qui était à présent toute proche et qui venait de tirer une cigarette de son sac à main. Elle recherchait désespérément un briquet. J’étais émerveillé de l’opportunité qui m’était ainsi donnée de faire sa connaissance. Sans tarder, je lui proposai le mien. Elle eut un sourire doux et accueillant quand elle vit le bel objet long, lisse et d’un vert luminescent qu’elle glissa entre ses doigts. Je lui rendis son sourire en contemplant le visage aux traits fins et harmonieux que la flamme du briquet allait illuminer. Au moment où elle l’alluma, pourtant, le briquet explosa. La jeune femme défigurée s’effondra devant moi et l’écrivain me regarda avec mépris. Je compris mon erreur. Mais, au vrai, aurais-je pu imaginer que mon briquet n’était qu’un explosif au service de factions néantistes isolationnistes ?

 

 

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