Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
  
Le grand verger
Navigation
[E-mail]
 Article publié le 5 juin 2022.

oOo

Et le chagrin cogne dur comme le soleil sur la roche grise dans cette solitude cévenole.

Ainsi va le temps, mais une joie demeure, brillante comme ces paillettes argentées qui constellent ce schiste gris que tu aimes tant.

 

Quand tu t’approches trop près de l’énigme, prêt que tu es à en dévoiler le jeu et l’enjeu, alors tout devient lourd dans ton cœur, et ton esprit se détache de qui tu es sur le fond pour ne laisser planer qu’un regard incisif qui n’appartient qu’à toi.

 

Il te faut redescendre vers tes terres, jouer le jeu et faire taire la triste vérité qui ne te concerne pas.

Vérité entée sur toi qui ne te hante pas, ne t’accable pas, car elle ne représente qu’une infime part de ton histoire, celle qui devait échapper à ta mise initiale, ce moment où, encore enfant, tu ne savais pas nommer les être et les choses.

Tu n’avais alors que tes yeux pour voir et tes oreilles pour entendre les mots des autres.

Le fond que tu es, si léger, ni vapeur tout droit sortie de l’enfer ni poussière d’ange, mais tout entier histoire qui va, il ne se révèle qu’en de très rares occasions, quand tu es parfaitement détendu, quand tu n’es plus sur la défensive. Tu dois faire alors attention à ne pas blesser par tes paroles et tes rires qui passe dans tes parages.

L’enfance se passa dans le grand verger ouvert sur l’infini.

Une bêche à la main, tu parlais au ciel.

Tu soulevais la terre avec allégresse, à la recherche d’un trésor enfoui. Entre deux pelletées, essoufflé, tu portais ton regard vers le vide du ciel.

C’est toi qui parlais.

Tu parlais un langage incompréhensible, un charabia grisant qui affirmait ta présence au monde dans la solitude apaisée du grand verger. Ta vie, sans le savoir, se promettait déjà à une pauvreté qui ne t’a pas quitté.

Tu n’étais pas seul alors.

A présent maison et verger ont disparu, et tes proches avec eux. Le ciel seul demeure.

Et rien n’a changé : il n’a toujours rien à dire et sa vacuité te donne envie de rire.

 

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -