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 Article publié le 5 juin 2022.

oOo

  Pendant la bonne dizaine de minutes que je passai à attendre Powell ,le chef de la sécurité du Musée de Karduga-ville,je ne quittai pas des yeux les murs de la « salle d’attente ». De gigantesques cartes du système solaire d’Erima,de la planète Karduga elle-même et de la galaxie Noam s’étiraient sur tous les murs de plâtre tandis que le plafond triangulaire en vitre transparent révélait les premières étoiles scintillantes de la soirée qui tombait à l’extérieur. Je laissai échapper un éternuement qui me fit monter quelques larmes ; passer de la cinquantaine de degrés à l’ombre sur Karduga pour l’air conditionné de la salle d’attente réglé à son plus bas ,ne pardonnait pas. J’étais à n’en point douter sur le point d’attraper un vilain rhume pour mon premier jour de travail. La poisse ! Bien épaisse en plus ! Je me mouchai du mieux que je pus, en essayant d’éviter les caméras de surveillance ; inutile de donner aux autres gars de la sécurité le spectacle de mon nez coulant et de mon visage congestionné.

 La porte s’ouvrit et Powell, le chef de la sécurité, parut, les deux bras en avant pour m’inviter à me lever et le suivre. Il m’attrapa prestement la main :

Vous êtes donc le nouvel agent de sécurité ?

- Oui ,monsieur Powell, dis-je en avisant son badge accroché autour de son cou.

- Vous êtes M. Kruntz, c’est bien ça ?

- Edvard Kruntz. La compagnie InterstellarSecur m’ a envoyé sur Kardugga spécialement pour ce contrat au Musée.

- Ha ,vous n’êtes donc pas d’ici ?

- De Junon-32. A l’autre extrémité du système solaire.

- Je connais,fit Powell en souriant. Un bloc désert et glacial en permanence. Ici ça doit être l’enfer pour vous !

- Oh que oui,admis-je tout penaud. Je ne suis sur cette planète que depuis 3 jours et j’avoue craindre une déshydratation sévère au rythme où je transpire.

- Haha ha ! rit Powell. Et pourtant vous êtes dans la saison la plus fraîche de Kardugga. Attendez voir notre été.

- Je ne veux même pas y penser dans ce cas !

-Allons,vous vous y ferez comme tout le monde. Nous allons prendre l’ascenseur pour nous rendre à la salle de contrôle. »

 Nous nous engouffrâmes dans un ascenseur aux parois vitrées. Powell glissa légèrement une carte à puce sur une plaque rectangulaire au centre de laquelle scintillait un point bleu : aussitôt la porte de l’ascenseur se ferma et nous nous mîmes à descendre.

« On est au sous-sol,m’apprit Powell. Les salles les plus importantes sont aussi en bas. »

 

 Situé à une bonne dizaine de kilomètres en dehors de la ville, le musée avait été érigé au pied d’un python rocheux qui se dressait au cœur d’un vallon au sol rouge,semi-aride. Un chemin de fer qui courait à travers le vallon le reliait à la capitale de la planète .Fugacement ,j’aperçus à travers la vitre de l’ascenseur plusieurs faisceaux de lumières bleues éclairant des pièces abritant d’anciens véhicules et des aéronefs qui devaient dater du XXIe siècle .L’ascenseur stoppa et nous entrâmes dans une large salle chargée d’écrans que surveillaient nonchalamment quatre gardiens engoncés dans leur fauteuil.

 

« C’est le nouveau ,les gars, annonça Powell. M. Kruntz.

-Bonsoir messieurs, fis-je avec un sourire forcé qui cachait mal mon inconfort dans ce genre de première fois

- Kruntz,poursuivit Powell,rapidement en allant de la gauche vers la droite, vous avez Banizter,Ferrero,Utachiba et Lemonitz .

Banizterse leva et vint me serrer vigoureusement la main.

« C’est un boulot facile,mon ami. A cette heure-ci ,le musée est déjà fermé et vous n’aurez qu’à inspecter les différentes salles de temps à autre. Pure routine que ces quarts de nuit ! »

 Powell approuva de la tête et s’empressa d’annoncer :

« Très bien ,Kruntz . Une tempête électromagnétique est annoncée pour la soirée et le dernier train pour la ville part dans moins de quarante-cinq minutes . Je ne voudrais surtout pas le rater alors allez vous changer dans le vestiaire là-bas puis suivez-moi pour une rapide visite guidée des lieux. »

 Nous reprîmes l’ascenseur qui descendit . Quand la porte s’ouvrit, une odeur douceâtre me surprit assez agréablement.

« Qu’est ce que c’est ? demandai-je.

« Ici c’est la salle dédié à la civilisation disparue des Skretens’ruil, m’informa le chef de la sécurité. Vous avez sans doute étudié dans vos livres d’histoire à l’école les guerres humano-Skretens’ruil. Une race coriace que nous avons eu du mal à vaincre dans la galaxie.

-L’humanité les avait exterminés jusqu’au dernier si je me rappelle bien lors la sixième et dernière guerre.

- Oui,un truc dans ce genre. Mais ça doit remonter à plus d’un siècle et demi maintenant. Et à présent les vestiges de cette civilisation se retrouvent éparpillés un peu partout dans les museaux à travers la galaxie. Cette odeur est caractéristique de leur technologie et semble provenir de la matière organique qui les constituait ainsi que la plupart de leur outils et objets. Bref ,je ne suis pas spécialiste de ce truc pour en parler plus que ça ,c’est le boulot des guides quand on reçoit les visiteurs de jour. On y va. »

 Dans la salle étaient déposés sur divers socles de marbre de dimensions variées divers objets ayant appartenu aux Skretens’ruil et qui présentaient tous la même couleur rosée :des casques,des sortes de gros sabres recourbés et sans manche,des disques,des cônes,des sortes de sphères et bien d’autres bizarreries que je ne saurais définir.

« Et voici le clou du spectacle, fit Powell en désignant du menton une cage de verre rempli de vapeur d’hydrogène, où flottait une momie Skretens’ruil à la peau rose et luisante.

« Lui, c’est Arouksepc la momie ! Les scientifiques pensent qu’il devait s’agir d’un noble , d’un illustre guerrier ou d’un personnage politique de haute importance, au vu de tous les luxueux bijoux, des pierres précieuses qu’il portait sur lui en abondance et de son sarcophage en coque de diamantine vénusienne ,équipé d’un dispositif de sécurité qu’ils avaient eu du mal à désactiver. Je me souviens plus dans quelle circonstance cette momie a été découverte, mais quoi qu’il en soit, elle est ici depuis plus de 30 ans maintenant. Quand j’ai commencé ici,Arouksepc était l’une des principales attractions du musée et se trouvait en haut. Il y avait toujours foule pour venir le contempler, c’était une véritable vedette hein ! Depuis,ses jours de gloire ont passé et il se retrouve relégué au sous-sol tout comme sa civilisation…oublié ! »

Je perçus une légère pointe de nostalgie dans la voix de mon guide.

« Enfin,bref ! reprit-il, je me sens un peu vieux en y songeant. Bon, on va reprendre l’ascenseur pour explorer les autres étages .’’

 

* * * * *

  L’ascenseur descendait lentement. Je venais de terminer l’inspection de la salle des anciens vaisseaux de combats de la fin du vingt-deuxième siècle et à présent je me rendais à la salle des Skretens’ruil. Powell était parti depuis plus de deux heures et la tempête approchait au dehors. Son arrivée était même imminente m’avait informé Banizter par radio.Il m’apprit aussi que cette tempête électromagnétique occasionnait toujours une panne d’électricité dans le bâtiment et Il m’avait conseillé de bien vérifier les issues au cas où un intrus penserait à se faufiler à l’intérieur à la faveur de l’obscurité et de la désactivation du système de sécurité. Le temps que le circuit de secours se mette en place.

 Quand l’ascenseur s’ouvrit, l’agréable odeur Skretens’ruil m’accueillit et me fit ressentir une certaine euphorie. Je marchai en me prenant mon temps entre les objets exposés m’attardant sur des petits artefacts dont la forme inhabituelle et l’usage m’intriguaient. Dès que je m’approchais d’un socle, une vidéo explicative préenregistrée était lancée sur un petit écran incorporé sur le côté ; elle relatait l’origine de l’objet,son usage ,son lieu de découverte et sa prononciation dans la langue Skretens’ruil. Des mots bizarres résonnaient que j’essayais tant bien que mal de prononcer en riant un peu,histoire de m’amuser : U’csoqnprqr,M’ascq’twqduix Vu’qqczxielr ,Paqrczu-taeq’nwatn…Une tâche ardue tout de même !

 J’aperçus la momie d’Arouksepc assise dans sa cage de verre. Ses trois paires d’yeux verts globuleux disposées de chaque côté de sa tête plate et triangulaire surmonté d’une sorte de crête rose,semblaient me fixer avec intérêt. Je m’approchais de la cage et la vidéo démarra :

« Originairesde la planète Atuxar-W1, les Skretens’ruil étaient la race dominante de la galaxie avant l’arrivée des premiers colons humains. D’un niveau technologique à peu près équivalent à celui de l’humanité, cette race comptait parmi les plus intelligentes et les plus hostiles jamais rencontrées par l’homme dans sa conquête du cosmos. Mesurant plus de trois mètres de haut,avec leur peau écailleuse de la couleur rose caractéristique, les Skretens’ruil étaient d’excellents sauteurs, rapides à la course et capables d’imiter la forme d’autres êtres vivants, de les contrôler psychiquement et de modifier l’apparence de leurs victimes, ce qui les permit de déjouer plusieurs fois les plans des armées humaines aux cours des diverses guerres ayant opposé ces deux races . Sexuellement précoce et hermaphrodite,un seul individu peut une fois arrivé à maturité sexuelle ,pondre jusqu’à un million d’œufs après fécondation ! Les œufs éclosent en une semaine et donnent des Skretens’ruil complètement adultes au bout de seulement trois semaines ! Ce qui en fait une race extrêmement difficile à combattre et à réduire. Au terme de la sixième et dernière guerre humano-skretens’ruil, une bombe à boson alpha a été larguée sur leur planète natale, la pulvérisant intégralement . Les derniers survivants épars furent impitoyablement traqués dans toute la galaxie jusqu’à complète extinction de cette race… »

  La vidéo continuait de tourner quand un détail insolite me fit sursauter : l’un des longs bras écailleux et terminé de deux doigts griffus de la momie venait de remonter comme par enchantement sur sa poitrine décharnée ! Je crus rêver ! Impossible ! Mon cerveau devait sans doute me jouer des tours : le bras pendait le long du corps quelques secondes auparavant ! Nerveusement je fis le tour de la cage à la recherche de quelque anomalie, d’une explication plausible. Mais tout paraissait en ordre. Bizarre !

 Ma radio grésilla et dans l’écouteur la voix de Banizter monta :

« Kruntz,la tempête nous tombe dessus en ce moment. D’un instant à l’autre, l’électricité sera coupée. A cause de la tension magnétique,il arrive parfois que même le système auxiliaire mette du temps à pouvoir se lancer. Quand cela arrive, le système de sécurité devient dysfonctionnel : les portes, les caméras, les détecteurs de sons et de mouvement de même que les bordures électrifiées des socles et des cages de verre sont alors désactivés.

- Bien reçu Banizter ! Je vais prendre l’ascenseur. 

- Surtout pas. L’escalier serait plus judicieux ! Je ne souhaiterais pas de te retrouver coincer dans l’ascenseur !

- Tu as raison ! Je prends l’escalier dans ce cas ! On se voit en haut ! »

 Avant de quitter la pièce je jetai un dernier regard vers la momie et…nouvelle surprise :sa tête triangulaire avait tourné dans ma direction et ses six yeux verts semblaient m’observer ! Ah non ! Ça suffit maintenant ,Edvard ! Tu commences à délirer, me dis-je en secouant la tête. Mais la tête avait bel et bien tourné vers moi, aucun doute possible ! Je restai perplexe, incapable d’y trouver une explication rationnelle. Quelques pensées passèrent dans mon esprit mais je les chassai rapidement tant leurs extravagances me déconcertaient. Finalement je tournai les talons et me dirigeai vers la porte donnant sur les escaliers. J’avais à peine pris quelques marches quand la panne d’électricité survint. La poisse ! Mais aussitôt un bruit subtil, presque imperceptible me parvint ,en provenance de la salle des Skretens’ruil. Je rebroussai chemin à l’instant ; si quelqu’un voulait profiter d’une faille du système de sécurité du musée, c’était en effet le moment ! J’activai ma torche à faisceaux d’iridium qui éclaira aussitôt toute la salle comme en plein jour et l’ajustai prestement sur mon épaule tandis que je sortis mon revolver à positrons de son étui ; au cas où les intentions de l’intrus s’avéraient peu amicales, je saurais le tenir en respect ! D’un rapide coup d’œil, je balayai la salle : les portes étaient bien closes,sans trace d’effraction,les articles Skretens’ruil se trouvaient sur leur socle et la cage de Arouksepc ….était vide ! Je laissai échapper un juron de stupéfaction ! Par tous les diables,cette momie me faisait ma soirée ! La cage de verre avait été délicatement posée sur le tapis rouge qui couvrait le parquet comme si on avait voulu faire le moins de bruit possible pendant le cambriolage ! Avec anxiété j’inspectai les environs : aucune trace de la momie Skretens’ruil ! Je hurlai presque dans ma radio :

« Les gars,je suis à la salle des Skretens’ruil et la momie Arouksepc a disparu ! »

 Quelques secondes s’écoulèrent puis un grésillement et la voix d’Utachiba résonna en bégayant :

« Comment ? Tu en certain, Kruntz ?

- Je vous dis qu’elle n’y est plus ! La momie n’est pas dans sa cage de verre !

- Inspecte les alentours ! Le système de secours ne devrait pas tarder à monter. Banizter et Ferrero vont descendre tandis que Lemonitz va surveiller l’’entrée principale .

- Alors faite vite les gars,ils sont peut-être plusieurs ! »

 L’électricité revint au même moment à mon grand soulagement ! Je fis le tour des couloirs ,le pistolet à positron au poing,prêt à faire feu au moindre bruit suspect. La porte de l’ascenseur s’ouvrit sur Banizter et Ferrero armés de gros fusils à positrons, prêts à en découdre au cas où cela tournerait mal .

« Vous voilà les gars ! soufflai -je rassuré.

-Une chance que le circuit de secours a pu rapidement prendre le relais ! lâcha Ferrero. Parfois ça prend plus dune demi-heure pour partir ! Une sacrée veine ,ce soir !

- Donc,tu dis que la momie a disparu ! répéta Banizter pour se lancer. Utachiba ,surveille les caméras tandis que Lemonitz lance la procédure de verrouillage à distance de toutes les issues. Nous , on va fouiller l’étage. Ferrero va dans l’escalier. Si ils sont plusieurs,on a de quoi les occuper. Lemonitz prévient la centrale et le sheriff de Kardugga. Bien qu’avec cette tempête, je doute qu’il puisse intervenir mais prévient le quand même ! « 

 Banizter et moi allâmes inspecter les toilettes et les dépôts : rien d’anormal. Les différentes issues ne présentaient aucune trace d’effraction et les couloirs étaient vides.

« Je l’ai trouvée les gars ! hurla Ferrero. Dans l’escalier !. Elle était recroquevillée, comme si on l’avait abandonnée là !

- Bizarre ! pesta Banizter en me décochant un regard suspicieux ! Ramène-la ici ensuite on discutera avec le nouveau !

- Oui,jepense que Kruntz a des trucs à nous dire justement ! dit Ferrero.

Ferrero apparut avec la momie sur le bras. Aussi grande quelle avait paru dans sa cage de verre, elle était à présent toute frêle et ratatinée dans les bras de Ferrero qui l’inspecta et la replaça soigneusement dans sa cage. Ferrero me décocha par-dessus l’épaule un regard meurtrier. Frustré de réaliser que mes collègues commençaient à me soupçonner, je chargeai comme une bête anxieuse :

« Les gars ,n’allez pas me dire que vous croyez que c’est moi qui ai tout manigance ?!

- On verra ça au poste de sécurité Kruntz ! lâcha laconiquement Banizter.

 

* * * * *

Ce fut Utachiba qui parla le premier :

« Je ne sais pas comment ils s’y sont pris mais le coup était superbement planifié. Les caméras de surveillance étant dysfonctionnels au moment de la panne, elles n’ont rien filmées jusqu’au rétablissement de l’électricité. Lemonitz n’a trouvé aucune trace d’effraction dans l’immeuble. Les détecteurs de mouvement et les scanners opsi non plus n’ont rien détecté dans les autres salles…

-Cela veut dire quoi tout ça ? demandai-je ?

- Cela veut dire que les types qui ont tenté ce coup sont entrés et ont pu sortir par magie et échapper à tout notre matériel de détection ultramoderne ! maugréa Banizter, peu convaincu.

- Ou encore que c’est toi qui a tenté ce coup foireux à la faveur de la panne d’électricité ! trancha Ferrero. C’est la seule explication plausible.Kruntz,j’ignore à quel petit jeu tu joues mais…

-Arrêtez ! dis-je. Cela n’a aucun sens. Vous voulez insinuer que j’aurais tenté de dérober la momie d’une race extraterrestre éteinte depuis plus d’un siècle et demi ! Je vous signale que c’est ma première journée ici, que je ne connais même pas encore bien le musée et ses accès… »

  Le silence peu convaincu de mes collègues ne me rassura pas. Utachiba tapotait nerveusement le clavier de son ordinateur de contrôle tout en faisant mine de chercher quelque chose dans les écrans devant lui. L’ambiance était tendue et je sentais qu’ils n’attendaient qu’un geste brusque de ma part pour me tomber dessus. Finalement Lemonitz parla :

- Kruntz,nousallons tous rédiger un rapport d’incident et demain tu devras t’expliquer avec Powell. 

Tout ça est troublant,avoue quand même,Kruntz, remarqua Banizter.

-Très bien,très bien. Vous ne me faites pas confiance ! Pour une foutue momie tout de même ! Elle m’a salement pourri la soirée !

- Tu peux recommencer tes quarts mais on sera obligé…de t’avoir à l’œil pour le reste de la soirée, fit Lemonitz, d’une voix glaciale.

- Reste dans l’objectif de la caméra ! ajouta Utachiba.Ne le prend pas mal. Une fois qu’on aura tiré cette affaire au clair, tu…

-Ça va ! J’ai compris ! fulminai-je. Je vais reprendre ma ronde les gars. Merci ! 

  Les autres n’ajoutèrent rien en me voyant prédire l’ascenseur. En proie à un fort agacement, j’allai directement dans la salle des Skretens’ruil ; Arouksepc était bien à sa place cette fois. Ses yeux verts et vides regardaient droit devant eux. Les voleurs ont bien failli réussir leur coup,une chance que j’avais traîné un peu dans l’escalier.Mais comment diable avaient-ils pu s’introduire jusqu’à cette salle et s’enfuir sans se faire prendre ? Ce détail m’intriguait. Je vérifiai une dernière fois les conduits d’aération et les issues avant de regagner l’ascenseur : rien de suspect à signaler.

 

  Le lendemain matin fut une longue suite d’interrogatoire : je passai plus d’une heure à répondre au sheriff puis une nouvelle heure à raconter la même histoire à Powell et au directeur de la conservation des articles du musée. Quand j’eus terminé, j’étais mentalement à bout et c’est avec la tête lourde que je regagnai le vestiaire pour me changer et récupérer mes affaires. J’enfilais une chemise blanche et des jeans propres et allai au poste d’entrée remettre ma carte d’accès.Le train vers Kardugga-ville partait dans 30minutes,j’avais encore du temps devant moi. Je sortis dans la cour du musée : la chaleur au dehors était écrasante, abrutissante même mais déjà je ne la ressentais plus. En fait la chaleur ne m’incommodait tout simplement plus à présent. Quand je franchis la barrière d’enceinte du musée après un dernier salut à l’agent posté dans la guérite à l’entrée, je sus que tout cela n’avait plus d’importance maintenant. Car j’étais enfin liiiiibre !!!!

  Moi,Arouksepc, j’avais enfin réussi après 35ans en chronologie humaine à sortir de ce musée dont je désespérais tant de m’échapper. J’imagine déjà leur mines stupéfaits quand plus tard ils trouveront le cadavre bleui de l’agent Kruntz dans ma cage de verre ,recroquevillé sur lui-même ,la bouche et les yeux ouverts de surprise. Sauf que je me trouverai déjà loin d’ici Une chance que Kruntz ait rebroussé chemin pendant la brève panne d’électricité : j’ai pu le croiser, l’éliminer à temps le copier biologiquement et le soumettre à une métamorphose superficielle temporaire sans être détecté par le système de sécurité du musée . Un parfait timing et surtout une sacrée veine ! A présent j’étais libre et la première chose que je devais me trouver c’était un nid. Cette planète regorgeait de grottes et il me serait facile d’en trouver une bien profonde et suffisamment grande où je pourrais pondre en toute quiétude les millions d’œufs stockés dans mes six utérus en biostase depuis si longtemps .

 

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