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 Article publié le 24 juillet 2022.

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Je ne puis me soumettre à ce qui est, je ne puis me résoudre à servir un ordre établi, la question mortelle est pour moi de ne jamais rien placer au-dessus d’une possibilité sans limite ferme, à laquelle nous pourrions donner - Méchanceté ? Honnêteté ? - le nom péjoratif de caprice. La vie, le monde ne sont rien à mes yeux sinon le caprice.

Georges Bataille, OC VIII, 643

 

L’espérance qui fleurit dans les chemins de la vie ne contredisait plus la paix qui habite dans les tombes, les évolutions de mon intelligence me semblaient aussi infatigables que les cieux, et cependant toutes les inquiétudes étaient aplanies par un calme alcyonien.

Ch. Baudelaire, Paradis artificiels, Un Mangeur d’opium, 1860

 

The best love to have is the love of life.

Jimi Hendrix, Straight Ahead, 1970

 

La ligne d’horizon qui fuit à mesure qu’on croit s’en approcher, expérience commune à tous et à toutes, ne laisse d’interroger dans le vaste et néanmoins fort restreint domaine de l’activité littéraire.

Si la littérature agit à la manière d’un prisme filtrant-diffractant la lumière du monde, reste que le choix des couleurs et leur agencement ainsi que la pertinence de ces choix n’appartient qu’à elle que cela plaise ou non - et cela déplaît le plus souvent - à nos concitoyens férus d’action politique qu’ils mettent bien entendu au-dessus de tout. Il n’est que de voir les présidents de la république successifs décerner la grande croix de la légion d’horreur à des chefs d’état pourris jusqu’à la moelle.

Je ne reprendrai pas ici un débat déjà si vieux sur l’engagement de l’écrivain, sur ses rapports avec le tristement célèbre réalisme socialiste, sur les positions prises en leur temps par Camus, Char et Bataille pour ne citer que les plus grands. Des livres précieux existent sur le sujet ; on peut s’y reporter utilement.

La vie intellectuelle d’un pays n’est pas faite que de grands noms qui dominent les débats mais aussi, et surtout peut-être, de réactions parfois virulentes, parfois mitigées à l’endroit - et aussi, souvent à l’envers ! - de positions tranchées (Sartre, le nouveau pape des Lettres françaises ayant pris la place vacante laissée par Breton) ou très nuancées telles celles d’un Blanchot et d’un Bataille reléguées un temps dans les marges par Sartre et consorts ou celles, violement combattues par Sartre, d’un Camus.

L’antimarxisme constitue la ligne de crête, et non la ligne de partage, de fracture ou de front d’un vaste débat d’idées qui, au lendemain de la guerre, pouvait paraître à la fois vain et néanmoins essentiel.

Une fois passée l’exubérance surréaliste, dans l’après-guerre, une ligne de fracture assez nette s’est dessinée entre trois conceptions rivales voire antagonistes de la littérature et des enjeux qui étaient les siens au lendemain de la guerre, c’est-à-dire après Auschwitz et Hiroshima.

Vues de loin - dans le lointain rassurant de l’après-coup - on serait tenté d’y voir une dialectique à l’œuvre mettant en jeu de forces purement rivales, c’est-à-dire à la fois concurrentes et complémentaires dont l’antagonisme, à la fin, s’apaisa. Il n’en est rien. L’époque qui vit ses débats prospérer et même s’exacerber n’est plus, un point c’est tout.

La revue Les temps modernes dirigée par Sartre d’une part, et Critique d’autre part, fondée par Georges Bataille, beaucoup plus ouverte à des voix discordantes, figurent les deux pôles majeurs de la vie intellectuelle française de la deuxième moitié du vingtième siècle.

Reste la position singulière de Maurice Blanchot qui collabora magistralement à la NNRF ainsi qu’à Critique.

Mais qu’en est-il du troisième rival dans ce combat d’idées ? Je le qualifierais volontiers de platement bourgeois, en un mot insignifiant.

Sartre a pu écrire un jour, je cite : « Le communisme est l’horizon indépassable de notre temps  », la question étant alors de savoir si, pour nous en 2022, les temps ont changé au point qu’un horizon autre que le communisme s’ouvre à nous.

Par communisme, entendons stricto sensu, le communisme historique dont l’histoire mouvementée, de Marx à Gorbatchev en passant par Lénine, Trotski, Boris Souvarine et Staline puis une kyrielle de secrétaires généraux du parti communiste de l’Union Soviétique, aura occupé une grande part du vingtième siècle, encore qu’il semble nécessaire de prendre aussi en compte les soubresauts de la bête agonisante après la chute de l’Union Soviétique ainsi que ses avatars (?) ou conséquences jusqu’à nos jours, Chine et Corée du Nord, Poutine inclus.

Ce terme de chute a quelque chose d’à la fois jubilatoire et indécent ; l’on imagine les membres des diverses chancelleries occidentales, au premier rang desquelles les diplomates en poste alors dans l’administration américaine ainsi que les as du renseignement se frotter les mains à la vue du spectacle, anticipant des bénéfices « moraux », économiques et politiques considérables. Vue de l’autre côté du « rideau de fer », il en fut autrement, misère noire pour les uns, enrichissement mafieux pour quelques autres, et au bout du compte des régimes autoritaires corrompus à tous les étages du sous-sol au grenier censés apporter une stabilité tant désirée.

Il ne restait plus qu’à « refonder » des nations à coup de révisions de l’histoire pour panser les plaies de l’humiliante défaite… Le bloc soviétique démembré, restaient la Fédération de Russie peau de chagrin et les états satellites traumatisés en voie de « libération ».

Hormis le « Nouveau Monde » colonisés par les Britanniques, les Espagnols et les Portugais, et un peu - si peu…- par les Français et les Néerlandais, je ne vois pas d’autres colonisations qui aient pleinement réussi.

La conquête musulmane qui donna le grand Khalifat aura su imposer une religion révélée, certes, mais qui ne tarda pas à engendrer en son sein des schismes et des lignes de rupture, en même temps que s’agrégeaient des groupes humains qui donnèrent plus tard les « nations arabes » que nous connaissons si mal.

Chacune des nations européennes ayant été « dépossédées » de leurs colonies par les colons eux-mêmes, restaient sur la scène internationale « la Grande Russie » et la Chine toutes deux grandes dévoreuses de peuples à diverses époques de leur histoire.

Nous sommes arrivés à une époque où un battement de cils en Chine a des effets jusqu’en Amérique du Nord, ce qui ne laisse pas d’inquiéter notre confort de pensée. Tous les phénomènes, des plus intimes aux plus impersonnels, semblent durablement liés désormais, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux et même culturels. L’interconnexion par le Web n’y est pas pour rien, tant il innerve autant les infrastructures nationales que les superstructures qui furent si peu et si mal pensées par le marxisme.

Nous serions arrivés dans une époque où la Chine revancharde s’affirmerait face aux USA soi-disant en plein déclin, animée qu’elle est par un appétit de matières premières, un amour immodéré pour les hautes technologies - en existe-t-il de basses ? - et la certitude d’être le modèle politique et économique de l’avenir. Les Chinois peuvent prendre leurs désirs pour des réalités, autant qu’ils le veulent, c’est sans compter sur la pugnacité des nations démocratiques qui n’entendent pas s’en laisser conter par ce salmigondis de bureaucratie, de parti unique et de capitalisme débridé qu’elle nous propose. Les vieilles lunes du type Ein Volk, ein Reich, ein Führer ont certes la vie dure, mais enfin nous verrons bien si, comme semblent le penser les dirigeants chinois, la sécurité prime sur la liberté ou si, bien au contraire, une sécurité moindre et une plus grande liberté ne finiront pas par l’emporter dans l’histoire humaine tragique à tous égards. La question restera ouverte tant qu’il y aura des hommes et des femmes sur terre, c’est en tous cas ma conviction profonde. 

La question du fascisme fut rendue subsidiaire après la disparition de l’Allemagne nazie, de l’Italie fasciste et du Japon impérialiste (qui resta impérial dans une certaine mesure…), encore qu’il nous restât ces deux épines dans le pied que furent les dictatures de Salazar au Portugal et de Franco en Espagne. L’étouffoir soviétique fit le reste, gelant des conflits ancestraux, subjuguant les esprits crédules, terrorisant ses opposants de tous bords, flattant ses collaborateurs avides de pouvoir, renvoyant aux calendes grecques la souveraineté de beaucoup de peuples européens et sibériens…

Jamais mortes, ces idéologies brunes n’étaient pas en sommeil, elles couraient discrètement dans les milieux restés « fidèles » à leur ancrage ; elles s’affichent maintenant sur les réseaux qu’on dit bien à tort sociaux. La libre expression des opinions a bon dos, et le grand truc qui consiste à se dire hébergeur d’un site et non éditeur et qui permet d’affirmer que l’on n’est pas responsable du contenu éditorial mis en ligne par ces faiseurs d’opinion d’un genre nouveau que sont les « influenceurs » et autres propagandistes, voilà qui conforte les salauds de tous poils dans leurs répugnantes manigances. Les « réseaux sociaux » auront fourni une caisse de résonance inespérée pour toutes ces factions de fanatiques obsédés par la pureté raciale. 

Guerre économique, guerre du renseignement, guerre informationnelle, guerre cybernétique, guerre conventionnelle, guerre d’attrition, guerre de tranchées : les guerres pullulent en ce monde au lieu de se raréfier en 2022 !

On sait ce que tout ce fatras factuel et idéologique a donné jusqu’à nos jours…

La fin de l’histoire n’est pas pour demain ni après-demain ; les convulsions et les crispations identitaires, le prurit nationaliste dans toutes ses nuances, de l’odieux « suprématisme blanc » à l’ignoble entreprise de Daesh en passant par toutes les nuances de gris, si ce n’est de brun, d’au moins les seuls pays européens, tout cela résonne comme des périls mortels à plus ou moins longue échéance pour nous qui vivons en France. Par nous, j’entends les hommes et les femmes de bonne volonté, croyants ou non croyants, qui ne veulent à aucun prix vivre sous le joug d’une caste d’oligarques cleptocrates, d’une ethnie dominante, d’une religion révélée ou non. On se farcit déjà le libéralisme à la sauce française, cette exception mondiale qu’est le modèle français de l’état providence shooté au « bouclier social et tarifaire » censé atténuer les chocs économiques tout en ménageant ceux qui tirent profit de cette organisation capitalistique, sans qu’il faille encore en rajouter ! Hélas, on n’a pas le choix : on doit s’accommoder de ce qui est en place pour espérer un jour « renverser la vapeur » et rendre ainsi à tous et à toutes sa dignité d’homme et de femme, quelle que soit sa profession, la couleur de sa peau, et j’en passe.

Dès que nous tentons de penser l’histoire, nous sommes dans un grand embarras, l’histoire étant surtout lourde d’incertitudes quant à l’avenir, notre avenir, le passé, lui, étant le plus souvent enfoui dans les mémoires collectives, méconnu voire tout à fait « hors champ de vision » de nos contemporains.

L’histoire et ses convulsions inquiètent même les plus quiets lorsqu’elles prennent la forme d’une menace nucléaire, d’une crise économique, d’une inflation galopante, d’un attentat terroriste, d’un conflit armé, etc…

Le portefeuille, la sécurité alimentaire, la sécurité des biens et des personnes, tout cela paraît gravement menacé par les temps qui courent, mais tant que ça va pour moi, en somme, tout va bien, jusqu’à la prochaine catastrophe qui pointe le bout de son nez…

Pour qui sonne le glas ? 

Sommes-nous entrés dans une nouvelle période historique, peut-être même une nouvelle époque ? C’est au sein de cette question cruciale que se pose la question non moins cruciale du communisme.

Idéologie sectaire et totalitaire, le communisme en tant que fait historique meurtrier à tous égards a de quoi répugner, mais la question sociale demeure, et avec elle la question de la paix entre les nations. La question de l’état est la plus grave, la plus lourde qui soit et qui, cependant, n’est jamais ouvertement et vertement posée.

Prendre un bain d’histoire, c’est n’en jamais sortir, l’histoire n’étant qu’une succession de digressions de digressions autour d’une question centrale qui n’est jamais posée, celle-là même, et précisément, que pose la littérature, avec toute la profondeur, la hargne et la fougue dont elle est capable depuis deux millénaires en Grèce puis dans la Rome antique et enfin dans l’Europe entière jusqu’à gagner le monde entier.

Prendre un bain d’histoires, c’est oser regarder le monde en face tel qu’il est pour nous au moment où nous écrivons ; les points de vue sont innombrables : la littérature, en cela, ressemble plus à un vivier grouillant de poissons qu’à une piscine proprette. Il est loin le temps où Charlemagne soignait ses rhumatismes dans les eaux soufrées d’Aix-la-Chapelle au milieu de poissons frétillants ! Le rêve impérial d’obédience chrétienne est mort. La littérature, quant à elle, a traversé toutes les époques historiques, est passée par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel politique.

La pluralité des histoires écrites mais aussi contées est tout à fait sidérante. Pas un peuple qui ne se raconte des histoires. Ce qui pose la question de savoir si la littérature est à même de proposer une vision mythique du monde à travers une mythologie régénérée incluant les apports d’un nombre considérable de cultures du monde entier. Ce fut un temps l’espoir d’un Breton dans l’immédiat après-guerre, on le sait, ce dernier allant jusqu’à accepter l’apport intellectuel majeur de Georges Bataille tant honni avant-guerre par le pape du surréalisme.

Le temps des mythes semble n’exister plus que dans les livres de mythologie et les discours placides ou enflammés de politiciens nationalistes. Pour l’heure, c’est l’impasse.

Je n’interrogerai pas plus avant les rapports qu’entretiennent les historiens avec la littérature, me contentant de remarquer que l’œuvre littéraire ayant une valeur documentaire a gagné en considération depuis une trentaine d’années, mais les œuvres écrites ne sont pas tout de l’humanité, l’ethnologie ayant sur ce point un rôle crucial à jouer dans l’évolution des mentalités européennes. Le roman historique fait flores car il répond sans doute au besoin pressant de se renseigner tout en se divertissant.

La compréhension du fait humain, disons-le fermement, de la condition humaine, n’est pas l’apanage des sciences humaines ni non plus de la littérature : elle appartient à tous les hommes et toutes les femmes qui peuplent notre planète. L’astrophysique et la physique des particules nous délassent en nous éloignant fort à propos des problèmes strictement humains, mais ces sciences sont, jusqu’à preuve du contraire, des manifestations de l’esprit humain qui rêve depuis les Grecs au moins de consonner en vérité avec la vérité de l’être. Cette recherche d’une adéquation parfaite entre l’être et le connaître qui connaît son apogée fugace avec Hegel si mal lu, si méconnu dans une France restée largement kantienne, constitue le mythe moderne des sciences dites exactes, à cette nuance près qu’à une connaissance acquisitive, cumulative s’est substitué un effort infini de connaissance, comme si les territoires mouvants des sciences renouvelaient sans cesse leur objet au travers de théories de plus en plus fines et complexes, nullement fermées sur elles-mêmes, mais ouvertes à l’aléa au sein même d’une recherche expérimentale tendant à valider les hypothèses théoriques.

Une philosophie du langage inscrite dans une philosophie plus large n’en est pas moins tributaire du langage dont elle tend à définir la place et le rôle dans le cours de l’histoire humaine.

La littérature comme document à valeur historique ? La littérature comme objet d’étude ?

Ni l’une ni l’autre approche ne me satisfont parce qu’elles servent des fins étrangères à la littérature, et, tout bien pesé, même si elles ont toutes leur validité et leur utilité, elles manquent précisément à cause de leur caractère d’utilité - je dirais même de salubrité publique - au désir profondément ancré de narrer des histoires, fussent-elles dénuées de personnages, fussent-elles exemptées de toute geste héroïque propre aux temps anciens qui d’ailleurs informent encore notre sensibilité, fussent-elle délirantes, horrifiantes ou quoi que ce soit d’autre qui hérisse le poil d’effroi.

Lust am Fabulieren versus Fabula rasa ?

Un récit ? Non pas de récit, plus jamais.

C’est dans un récit, à mon sens le plus grand de la littérature française avec Madame Edwarda de Bataille et Le jour où Beaumont fit connaissance avec sa douleur de Le Clézio, que résonne cette phrase si lourde de sens à la toute fin de La folie du jour de Maurice Blanchot.

Lourde de sens, c’est-à-dire inclinant à la légèreté la plus grande. 

Si le peu que je sais de la physique quantique a un sens pour moi, alors ce serait celui d’avoir fait une place d’honneur dans notre horizon intellectuel à la contradiction, congédiant ainsi le sacro-saint principe de non-contradiction magistralement énoncé en son temps par Aristote. Les expériences de pensée inventées par Einstein, poursuivies par d’autres éminents scientifiques apportent à cet égard la preuve que penser contre soi - c’est-à-dire contre tout le savoir que nous avons acquis et qui nous constitue en tant que savants ou sachants - et que penser contre toutes les évidences comme le fit en tout premier lieu Zénon d’Elée porte ses fruits au-delà de toutes nos espérances.

A cette nuance près que la littérature se veut étrangère à toute utilité prescrite de l’extérieur. Etant l’autorité, elle doit l’expier, comme le montre et l’illustre L’expérience intérieure de Georges Bataille dont la pensée consonne sur ce point décisif avec celle de Maurice Blanchot.

Nous en sommes là. Au seuil de l’impossible. Partant, nous pouvons tout nous permettre en littérature.

L’espèce d’ailleurs qu’elle n’incarne nullement mais qu’elle donne cependant à vivre intensément, dans une espèce de fièvre calme et raisonnée au milieu même de l’évocation-invocation de ce qu’il peut y avoir de plus déraisonnable dans l’existence humaine, voilà ce que j’appellerais volontiers une totalité glissante, indéfiniment déroulée, comme une pelote de laine dont nous suivons angoissés, nerveux ou joyeux le fil rouge depuis au moins deux millénaires, tantôt Ariane à Naxos lâchement abandonnée, tantôt Thésée, tantôt le Minotaure ou Ariane encore déambulant dans le labyrinthe figurant notre condition humaine inextricable dont la littérature seule peut nous reposer, tout en nous permettant de la regarder en face souverainement.

Qui, de Dédale construisant ce jardin de l’errance - Irrgarten, en allemand - ou d’Icare extirpant son père du dédale, sauvant ainsi paradoxalement la mémoire de son nom en le privant de vivre dans sa création, a raison ?

Toute vision icarienne de la littérature, fiévreusement, honteusement idéaliste, détourne de la condition humaine regardée en face ; cette littérature a de nos jours encore des adeptes, elle nous dégoûte.

Le littérateur que nous aimons est celui ou celle qui sait habiter le labyrinthe en en proposant l’expérience comme du dedans. Jamais au-dessus. Le surplomb appelle un déclin inexorable, or c’est la chute que nous désirons, fût-ce dans les profondeurs de l’enfer sur terre. Ni rémission ni rédemption à notre horizon mais une communication d’instant fiévreux en instant calme et inversement, dans la douceur, dans le doute aussi d’aimer la vie avant tout. 

A la fin, c’est la seule certitude qui vaille, nous mourrons ; dans l’attente de ce jour qui n’en sera plus un pour nous nous évanouissant à la conscience de vivre et de mourir, il nous est loisible de lire et d’écrire, de chanter et de danser en pensée aussi aux sons et aux rythmes, aux rythmes surtout, des musiques qui nous parlent comme en avant de nous, comme toujours en avance sur notre propre temps de vivre et de penser. Il n’est que d’écouter des années durant Pierre Boulez, Miles Davis ou bien encore Jimi Hendrix.

Toute grande musique est parlante, criante de vérité en-deçà du dicible dans les parages duquel nous poètes errons sans fin jusqu’au seuil de l’indicible.

 

Jean-Michel Guyot

18 juillet 2022

 

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