L’histoire d’Œdipe et de Jocaste, c’est l’histoire de la transgression.
La réciprocité du désir entre ces deux grands personnages demeure secrète. Car elle porte en elle la double et impardonnable faute de la culpabilité suprême et du fantasme dévoyé.
L’inceste, ainsi, est le centre de toutes les forces archaïques qu’il est pour le moins périlleux de libérer. Au risque de devenir esclave d’un éros régressif, obstacle insurmontable sinon problématique pour accéder aux rives de la liberté.
Et de la conquête.
A l’instar de son revers, le don-juanisme, qui tâche de ne pas se lasser de lui-même en évitant toute attache, et donc toute aliénation. Oui, Don Juan n’est pas seulement amateur de femmes, mais aussi conquérant sans limite qui aime à se regarder dans le miroir de ses trophées. Sa légèreté, son insouciance accompagnent le temps qui creuse son métabolisme, comme si l’éternité lui était destinée. La multiplication des conquêtes conduit à leur effacement. Il faut repartir. Tout recommencer.
Tandis que le bonheur conjugal, lui, se moque de la transgression.
Ou plutôt, il lui est indifférent.
S’épaississant de jour en jour, il ne fait que s’étendre, se substituant, sans doute, à ce que l’on appelle le monde. La fusion prospère sur une extrême naïveté ou une grande conscience, donnant toutes ses lettres de noblesse à l’épanouissement mutuel, à l’ataraxie gémellaire.
En un mot... au miracle.