« L’évolution de la littérature dépend en grande partie des déflagrations subversives de la conscience elle-même ». S.P

Le Nouveau roman, et notamment l’œuvre d’Alain Robbe-Grillet, ont régénéré la littérature, ancré la discipline dans la continuité de la rupture.

L’auteur, au lieu d’affirmer une assurance narrative synonyme de connaissance du monde et de soi-même, part à l’aventure. Il y reviendra riche de questionnements et de réponses probablement inédits. Qui ne demanderont qu’une nouvelle odyssée narrative.

Loin de l’inconscient freudien, c’est au contraire le mécanisme conscient qui opère incessamment, traversé par le doute.

La conscience, ainsi, devient le réceptacle d’éléments spéculatifs et cognitifs qui finissent toujours par surgir, servant ensuite à l’élaboration d’échafaudages fictionnels.

La littérature abstraite est la haute affirmation de la conscience.

Et la conscience narrative est l’entité littéraire la plus importante, ce à partir de quoi tout s’élabore, notamment la structure du flux narratif. Aussi, il est tout à fait inutile de s’attarder sur le concept de " personnage " au sens classique du terme puisqu’il n’existe pas.

Si la détermination de la narration peut étonner, c’est que le mouvement de l’ordre ou de la structure y est puissant.

Du " Dernier homme " à " Magnus ", le gain d’abstraction est considérable, corrélatif à l’ouverture de la conscience narrative volontiers aventurière, agrégeant des fragments de plus en plus éloignés pour constituer une unité accrue.

J’ai tout à fait conscience, par exemple, que Magnus représente tout à la fois ma propre personne et un personnage de fiction qui est mon propre double.

Ce " je " comme omniscient se dispense de toute identification sociale, étranger à la Cité en quelque sorte... alors qu’elle lui est familière, depuis si longtemps. Et ce " je " évolue constamment, en opposition à la statique de la Cité...