on peut chanter une chanson de Téléphone sans avoir de dents

la péniche respire par tous ses volets de bois

ils sont balèzes les médecins pour écouter les angoisses des gens

le ciné-club Travelling fête ses dix ans et déplie ses images

on a toujours besoin d’une voiture pour trimballer une caméra et la perche pour le son (le contre-champ à travers ses yeux admiratifs et descriptifs, tournés vers le haut du monde)

le cinéaste n’interroge pas c’est elle et elle seule qui interroge tel un objet révélateur/incitatif

une femme hors son au vêtement orangé danse devant un parapet quai de Seine

la caméra fixe n’a pas peur des regards-caméra ni des paroles paraphrasant c’est moi que vous filmez (ne pas minimiser la présence du grand regard qu’est la caméra vivante l’œil inquisiteur/bienveillant du grand regard-cinéma)

on cite des noms d’acteurs populaires mais y a des acteurs qui comprennent pas qu’ils sont acteurs donc tout est cinéma la vie le film

une femme écrit comme l’on boit un café en cherchant l’orthographe du mot aquarium dans un dictionnaire

une liste d’empereurs n’est jamais exhaustive elle juxtapose fiction et réel elle désappartient à l’énonciateur

commenter un dessin c’est articuler des mots et des visages déplacer le cou à droite et discourir encore

Tintin de face dans la bibliothèque et la guitare électrique (beaucoup de création parce que la vie)

comment faire chaque jour pour agir les gestes du vivre être bien avec des images sauvages et le reste (happant les mots des autres on déplace le silence)

peut-on comparer les amoureux de Doisneau à une image de reporters de guerre, Eros et Thanatos dans la fugacité-improvisation – la tâche du cinéaste, mais ne pas sous-estimer le montage

guérir de la folie comme ne pas mourir de la mort

Montreuil c’est San Francisco c’est un rêve très hippie c’est retourner le discours politique et le système des valeurs pour en faire poésie

deux frères peuvent être la réincarnation de Van Gogh et son frère Théo ou bien de Travis et Walt dans Paris Texas (cinéma et peinture se valent comme fiction et réalité)

vous avez eu un métier ? La poésie. Mais c’est pas un métier

peut-être n’a-t-on pas voulu faire un visage (juste une image de cinéma)

les mots et les personnes font parfois penser à des choses les blousons à des pigeons la purée à la mort et le surréalisme plane inconscient de lui-même

un gros plan sur un visage, un plan américain muet ou un plan sur un oiseau volant sur la Seine à fleur de fleuve

voir son fils une fois par mois est-ce être projeté dans un autre monde ou bien sourire à bon escient

remercier son père artiste-peintre est-ce tuer le père ou court-circuiter la mère

Eva Gardner et Humphrey Bogart c’est une autre histoire une histoire de cinéma

pour faire de la confiture on commence par faire les poubelles du marché (à la toute fin un plan sur les pots de confiture lumineux et ambrés)

l’un dicte un texte à l’autre c’est pas autobiographique non enfin

faire les comptes ça se répète les calculettes et les piécettes l’une yeux exorbités rouge à lèvres parfaitement rouge l’économie capitaliste répète son dernier round

on peut filmer les platanes exacts d’automne tels que vus par Van Gogh mieux ceux vus par Van Gogh (la certitude est une façon de contrer les doutes et la mort)

8 et ½ L’ami américain Au travers des oliviers La rose pourpre du Caire

la danse saura-t-elle prendre en compte les corps en sus de la parole interprétative/expéditive/heuristique

la fonction poétique de l’homme et du langage c’est juste une théorie de Jakobson ou une signature de cinéma (le documentaire comme la fonction poétique de l’image)